31 mai 2019
Mise au point
Je voudrais faire le point, réfléchir un moment. Comme en quelque promenade obligée, on atteint parfois des degrés où l’on veut s’arrêter, regarder, examiner, comparer. Suis-je bien sûr de culminer, ou ai-je emprunté des sentiers d’illusion ? J’ai peut-être suivi trop longtemps un guide spécieux dont j’aurais dû me déprendre : quelquefois, on se croit mené par un phare qui se révèle un brillant incendie vous attirant aux écueils, ou bien on se croit en altitude pour la seule raison qu’on respire différemment. Je me sens si... [Lire la suite]
29 mai 2019
Las Vegas Parano, Hunter S. Thompson, 1971

25 mai 2019
Élections européennes
Je ne tiens pas de tribune politique : dans un régime purement républicain comme le nôtre, la politique est une escroquerie ; il y faudrait plutôt une démocratie, mais on ignore tout à fait ce que c’est, alors on continue par exemple de reléguer les petits candidats en deuxième partie de soirée et on ne s’offusque pas qu’ils n’aient même pas les moyens, pour plus de la moitié d'entre eux, d’imprimer leurs professions de foi. L’opposant existe, la minorité existe, l’outsider existe : cela suffit pour la forme et les... [Lire la suite]
24 mai 2019
Le Mur
Vient l'instant de certaines réflexions tragiques, terribles, désespérées. Je veux exprimer comme, en toute relation, il est impossible de partager vraiment quoi que ce soit, impossible de connaître quelqu’un, impossible d’accéder véritablement à ce qu’on pourrait désigner l’« essence », même partielle, d’un individu.
Cet article fut écrit après une réflexion glaçante et dans un moment, je crois, de lucidité effroyable. J’avais voulu procéder, en une sorte d’expérimentation, à la mesure de ce que je retenais effectivement... [Lire la suite]
20 mai 2019
Le Dernier des Mohicans, James Fenimore Cooper, 1826

18 mai 2019
Héros
Plus j’entends parler d’héroïsme, moins je crois savoir ce que c’est qu’un héros : il se mêle à cette notion dans les conversations courantes tant d’idées infondées, tant de préjugés et de clichés bizarres que je préfère ne plus m’entretenir là-dessus qu’avec moi-même plutôt que de devoir endurer la réprobation des foules comme il arrive si souvent quand il s’agit de discuter avec des raisons rassises au lieu de passions convenues et majoritaires.
Par exemple, je n’arrive pas du tout à me figurer qu’un héros est un homme qui... [Lire la suite]
16 mai 2019
The City of Love
Il faut quelquefois « chanter un désenchantement », et relater l’impossibilité, pour un être impeccablement intègre, de s’insérer parmi n’importe quel milieu d’hommes. C’est que, pour se faire admettre d’une foule, il faut toujours généralement consentir aux conventions majoritaires et à ses hypocrisies morales, et, à ce jeu de mondanités et de compromis, on sacrifie nécessairement une partie de son être – et c’est bien souvent la meilleure, celle qui ose et crée vraiment, celle qui ne se résout pas à l’inepte imitation... [Lire la suite]
14 mai 2019
Avec aura
« Avec aura » est une allusion assez explicite à un type de migraine dont je suis victime depuis mon jeune âge. Le peu que j’en sais – ou crois savoir – se résume à ceci : on qualifie ces céphalées de « classiques » par opposition aux « communes » ; on ignore au juste ce qui les provoque – on suppose des facteurs très variés : température, luminosité, sommeil, alimentation… – ; leur atteinte se manifeste en premier lieu par des sortes de flashs persistants et clignotants qui demeurent... [Lire la suite]
11 mai 2019
La maison de la rue d'Angell
C’est un personnage fascinant que ce Lovecraft dont la vie autant que l’écriture furent assez extraordinaires. Il est plus connu aujourd’hui pour ses nouvelles monstrueuses centrées sur le « Dieu Cthulhu », mais il en a écrit beaucoup d’autres. Chez cet auteur – mais j’aurais bien de la peine, en une simple brochure, à évoquer tous les détails de son œuvre –, le fantastique trouve tout son sens initial et profond de « mélange troublant de réalité concrète et de mystères inquiétants » dans l’idée récurrente que l’espèce... [Lire la suite]
09 mai 2019
Triste auteur
Aux rares heures où j’ai eu la vanité de me sentir auteur, j’y ai pensé sombrement mais lucidement, comme une fatalité, comme une malédiction, comme un destin : un auteur, s’il y songe raisonnablement, n’aura jamais le loisir et la paix de se savoir longtemps aimé et admiré pour son œuvre, en particulier s’il s’agit d'un écrivain de pensées et non d’un de ces fabricants d’histoires qui ne font que varier d’opportunisme des mécanismes et des rouages pour la satisfaction de lecteurs complaisants. En quoi ferai-je exception, pour... [Lire la suite]