juin 2019

Il faut bien peu d’esprit philosophique pour être député ou sénateur : c’est la conclusion à laquelle je suis encore parvenu hier en entendant – ça ne s’écoute guère, je veux dire qu’on n’a pas nécessité à être attentif pour comprendre ça – les intervenants d’une commission tous unanimes à interdire les messages de haine et de discrimination sur Internet. Beaucoup de principes automatiques et chrétiens leur tiennent lieu de réflexion ; or, c’est, je crois, à quelque autre chose qu’on les engage a priori quand on les élit... [Lire la suite]

Je tiens les messages actuels de prévention contre la canicule un symptôme caractéristique de la faiblesse morale de notre société mièvre. J’ignore combien il coûte de les fabriquer et diffuser, mais on les trouve sur tous les supports, et puisqu’ils sont censés arranger quelque Ministère, on est fondés à croire que, s’ils sont offerts par les chaînes de télévision et de radio, ils donnent alors lieu à des contreparties dont on ne connaît pas la teneur mais qui, par-devers nous, ressembleront fort tôt ou tard à quelque essence plus ou... [Lire la suite]

Toutes nos « bontés » sont des affectations caractérisées (ces guillemets servent une nouvelle fois à désigner le bien admis conventionnellement, le bien « social », par opposition à quelque essence du bien qu’il reste malheureusement à définir et à trouver) : je ne crois pas cette proposition exagérée ; autant la démontrer ici par l’expérience. Chaque fois que nous nous penchons sur la « bonté » (ou sur la « méchanceté ») où se situe notre rapport avec quelqu’un, c’est-à-dire sur la... [Lire la suite]

Ah ! suis tout excité ! bien content ! (mais qui donc se soucie de mes joies ? Ah ! que ces tout derniers, s’ils existent, soient loués !) : La Fortune des Norsmith, mon roman capital, mon ouvrage essentiel qui n’a trouvé preneur chez aucun de ces imbéciles d’éditeurs, va enfin devenir un livre ; autrement dit, je m’auto-publie une nouvelle fois, trop heureux de ne dépendre de personne ni pour m’assurer que si si, c’est bien le nombre de livres que vous avez vendus ce mois-ci et que oui oui,... [Lire la suite]

Des Henry Miller aussi bien que des Charles Bukowski me plongent, je l’avoue, dans une certaine perplexité, et même assez profondément. Leur style de vie si libre, mêlé de sexualité débridée ainsi que de toutes sortes de stimulants notamment narcotiques, suscitent en moi une évidente fascination. C’est un mode d’existence qui, loin de notre morale, assume le rêve et la folie, et permet les conditions spirituelles à ce que j’apprécie le plus en art : le goût des audaces, le mépris des échecs, le sens de l’indépendance, la... [Lire la suite]

Ils n’ont encore pas tout compris, ceux qui suggèrent que la crise de l’éducation que nous avons commencé à traverser est un phénomène de pure conjoncture lié à des facteurs secondaires, par exemple sociaux, politiques ou légaux. Il faudra bien finir par convenir que notre société en général considère tout bonnement l’éducation normale et obligatoire, notamment sous sa forme traditionnelle, comme un arbitraire et une perte de temps. Dorénavant, chacun dès son jeune âge s’estime capable d’apprendre par lui-même sans besoin de... [Lire la suite]

Pour une question sans obscurité à laquelle il ne s’agit que de répondre par oui ou par non, on doit comprendre que toute autre réponse que oui ou non est un faux-fuyant. Je n’entends pourtant pas que oui ou non ne soit pas par ailleurs, alternativement et selon la question posée, une lâcheté également, car il existe quantité de oui et de non automatiques où il ne s’agit que de produire une convention de réponse dans l’intention non de réaliser une véritable réflexion, mais d’être assez bien reçu. Ainsi, si l’on vous demande s’il faut... [Lire la suite]

La forme de regret appelée Nostalgie est de tous les sentiments celui qui, selon moi, procède le plus d’une inconséquence profondément imbécile de la pensée humaine. « Douleur liée au retour » : c’est ainsi que l’étymologie définit la nostalgie. Vous êtes ici, mais vous souhaiteriez vous trouver autre part, en un lieu ou une époque différente, et vous pâtissez : en vérité je crois bien, mon vieux, que vous manquez singulièrement d’occupation et de suite dans les idées ! Parce qu’il suffit de se dire :... [Lire la suite]

Je tiens Michel Onfray en une certaine estime : c’est un penseur lucide et concret, sans cliché ni mièvrerie, qu’on écoute du moins avec intérêt, et qui parvient à produire des propos anticonformistes sans laisser chez son auditoire le goût d’une provocation pour l’épate – chose extrêmement difficile à notre époque où les représentants de quelque bonne société policée s’arrangent pour que l’iconoclaste soit associé à une sorte d’esprit radical et asocial, dangereux. Onfray est un de ceux qui réussissent à ne pas tomber dans le... [Lire la suite]

Dans un article précédent (« Mise au point »), j’ai placé beaucoup d’espoir en l’homme contemporain en indiquant, selon moi, comme enfin il me paraissait progresser largement dans un sens audacieux et débarrassé de nombreux carcans et préjugés moraux. À présent et ici, pour ne pas être taxé d’enthousiaste béat, il me faut nuancer quelque peu cette assertion et cet élan positif, et montrer – mais je l’ai déjà fait bien souvent – les erreurs liées à persistance de certains codes éthiques et attribuables conjointement à un... [Lire la suite]