30 juin 2020

Les nouveaux populaires

Au nom de quoi s’arrogent-ils le qualificatif de « populaire », ces Ruffin, ces Onfray, ces acteurs amicaux et tous les autres pseudo-humbles qu’on consulte beaucoup mais à qui nul ordinaire ne parle jamais ? D’aucun feint de rendre des interviews naturelles avec des simples qu’il a d’abord soigneusement sélectionnés ; d’aucun a tenu des conférences dans une université dite « populaire » parce que gratuite où, au même titre que n’importe quel fat d’enseignant-chercheur, il avait toute latitude d’élire ou... [Lire la suite]
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27 juin 2020

Huit femmes, Robert Thomas, 1958

Après avoir lu ma critique, j’en connais qui me dira encore : « Mais pourquoi t’entêtes-tu à lire ce genre de livres ? Tu choisis décidément mal et tu perds ton temps ! » Je répondrai comme souvent que c’est parce qu’on me l’a conseillé. Quelqu’un qui semblait enthousiaste, en tous cas. J’ignorais sa légitimité en matière de littérature. Il faut bien, avant de ne plus écouter quelqu’un sur une question d’art, lui faire l’honneur d’au moins une tentative. Enfin, je crois. Mais peut-être pas, après tout. Je... [Lire la suite]
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24 juin 2020

La pitié est un égoïsme

Ah ! combien il est d’hommes célèbres qui ont eu tort et qu’on a célébrés justement pour cela ! Chez eux, la vérité unanimement admise de leurs assertions n’a dépendu que de la passion avec laquelle ils les ont assénées, cette force seule ou mêlée de formes élégantes et valorisantes a suffi à persuader de larges foules, et on a tenu l’idée juste et universelle à l’unique prétexte qu’elle fut exprimée en un style accessible et flatteur, décisif ! Sans parler de la générosité qu’on a alors prêtée à l’auteur lui-même... [Lire la suite]
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21 juin 2020

Pour eux, tout est passion

Mais comment donc à la fin vous le faire comprendre ? Pour eux, toute représentation est passion, et ils sont incapables d’entreprendre une idée sans y rapporter un sentiment ; or, du seul agrément de ce sentiment dépend la vérité qu’ils y trouvent – je ne puis pourtant pas mieux vous le dire et plus concisément ! Une pensée pure leur est une chambre vide : sans décoration, ils ne savent appréhender une surface, un espace, des dimensions, il leur faut des meubles pour y associer des plaisirs, comme des divans... [Lire la suite]
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18 juin 2020

Boire à quatre pattes les eaux du Léthé

On ne force pas à boire l’âne qui n’a pas soif, paraît-il, et j’accepte aisément de le croire ; au même titre, on n’apprend pas l’exercice de la raison à un homme qui cultive le bonheur comme principal objectif existentiel, qui n’aspire qu’à l’autojustification pour se sentir bon, et qui ne se sent nul intérêt à se désaltérer de la Vérité, source douloureuse et forgeant toujours quelque espèce de malheur. De l’être laborieux curieux de peines inédites ou de l’imbécile qui rumine toujours les mêmes herbages, c’est le dernier qui,... [Lire la suite]
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15 juin 2020

Quatre pièces romaines, William Shakespeare

Titus Andronicus est une de ces atrocités immorales qui illustrent parfaitement ce que Nietzsche entend, s’agissant de la tragédie, par l’expression « plaisir de la destruction » : tout y est rédigé dans l’unique dessein de soulever la sensibilité du spectateur, de provoquer l’horreur la plus insoutenable et le plus grand choc, au moyen d’injustices exacerbées jusqu’au comble de l’ignominie. Toute sa structure, en somme, n’est qu’un prétexte à accumuler et à exposer des scènes monstrueuses, quitte à multiplier les... [Lire la suite]
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12 juin 2020

Conquête

Il n’y a rien de si nettement supérieur que la conquête, en l’homme : tout renoncement à cette visée magnifique et régalienne est un en-deçà de ce qu’il vaut, un pauvre pis-aller, une résignation indigne et souvent bardée de prétextes ; l’esprit de conquête est son summum, son parangon et son apogée, en un mot : son paroxysme. Et par esprit de conquête, j’entends un mouvement d’emprise sur autrui et pas seulement une amélioration subjective de soi-même, la menée d’une entreprise systématique de supplantation de quelqu’un,... [Lire la suite]
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09 juin 2020

Ecrire est devenir

Je n’entends plus ce que « changer », « évoluer » ou même « devenir « peut signifier sans la pratique de l’écriture. J’essaie de l’imaginer, mais je ne parviens décidément à rien de probant : vous seriez donc là à réfléchir seul, à vous « creuser les méninges » dans une espèce de vide loin de tout support, et avant que d’avoir conçu la moindre nouveauté par vous-même il vous faudrait vous y cantonner faute de savoir en retenir plusieurs à la fois et par paresse de la fixer quelque... [Lire la suite]
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06 juin 2020

Origine du mal d'amour

Tous nos tourments en amour procèdent uniquement de notre désir de posséder. Nous ne concevons l’amour que comme contrat, et nous ne pouvons pas nous empêcher de retenir, de sorte que nous devenons des geôliers obstinés, n’y attachant l’idée toute fabriquée de fidélité que parce que nous ne pensons pas mériter conditionnellement l’affection d’autrui ; autrement dit, il faut que l’amour soit acquis définitivement et non pas en regard de notre valeur que nous savons si relative, si volatile, si fragile, de cette valeur toujours... [Lire la suite]
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03 juin 2020

Le Grand Dieu Pan, Arthur Machen, 1894

Il fait plusieurs années déjà que j’ai lu Le Grand Dieu Pan. C’était dans le temps, je crois, que je découvris les nouvelles d’Ambrose Bierce, ses Contes noirs. Je n’escomptais pas relire cette assez longue nouvelle, mais quand j’ai vu que M. Asensio se documentait pour faire paraître une monographie critique sur l’œuvre d’Arthur Machen, et que j’ai lu la comparaison lapidaire, pour ne pas dire expédiée ou injuste, qu’il dressa en quelques mots entre Machen et Howard Lovecraft (qui ne s’était pas défendu de l’avoir pris pour... [Lire la suite]
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