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Henry War
10 octobre 2020

La Terre demeure, George Stewart, 1949

La terre demeure Dans ce roman post-apocalyptique, un étudiant plutôt solitaire, Isherwood, en randonnée et isolé depuis des semaines, découvre après avoir été mordu par un serpent qu’une épidémie virulente a décimé presque toute la population des États-Unis et probablement de la Terre entière – il suppose qu’il doit sa survie au poison qui aurait lutté en lui avec le virus, et il présume, pour expliquer ce cataclysme, que l’humanité avait connu un stade de développement excessif où la nature, comme pour n’importe quelle espèce, provoque une extinction massive.

Il se réveille pesamment. Marche. Se nourrit. Se déplace. Il se demande ce qui va arriver dans l’Histoire. Il atermoie beaucoup, sans courage particulier, mu par une espèce de bon sens commun traversé, quoiqu’en sourdine, d’émotions ordinaires, rarement vives. Il ne sait pas ce qu’il doit faire et il n’a, par ailleurs, guère envie le plus souvent de faire quelque chose, n’ayant besoin de rien – le principal, eau et électricité comprises, restant accessible pour des années dans les magasins abandonnés – et n’étant par ailleurs pas d’un naturel fort décisif ni sociable. Il est juste plus ou moins curieux ou apathique, selon les moments ; il rêvasse généralement, sans s’avouer sa condition négative, son absence de vertu, son manque d’effort. Il n’est pas si mécontent de son état imposé de solitude, tout compte fait. Il n’est guidé que par la volonté plutôt passive, objectiviste, de savoir ce que l’Amérique va devenir après la catastrophe, alors il se promène pour voir, près ou loin. Le monde lui est assez extérieur, en somme ; il n’y prête guère d’affects – tôt dans le récit, il détermine que sa propre mort le désintéresse. Il ne croit pas en Dieu mais garde une poignée de superstitions dont il n’ose pas se débarrasser – un marteau notamment qu’il conserve comme un symbole sans savoir pourquoi. Ish est environ une inertie. Il rencontre peu de gens – on ignore au juste ce qu’il leur dit et on s’en fiche assez puisqu’il n’a pas de projet déterminé en allant les trouver – : tous ces gens, quand ils ne sont pas mentalement dévastés par l’effondrement de leur univers, vivent toujours, perturbés, dans une sorte de bulle d’inconscience peu plausible et s’accommodant de vivre sans perspective de ce qu’ils ramassent dans les boutiques, mais ils ne conviennent pas trop à Ish qui voudrait toujours une compagnie exemplaire, même si, exemplaire, il ne l’est pas fort lui-même – c’est juste que comme c’est lui qui va à leur rencontre, comme il est en substance le protagoniste de l’histoire et que l’auteur ne l’entoure que de seconds rôles falots et sans caractère, il semble au lecteur qu’il a raison de ne pas les inviter à former une communauté ni à les inviter chez lui. Ish ne voit rien non plus qu’il soit apparemment nécessaire de décrire avec force détails, il n’a jamais de grands sujets d’étonnement, il ne considère que des avis mitigés, il n’a pas de pensées bouleversantes : c’est un homme qui manque d’implication, mais qui se figure important (parce qu’après tout, c’est sa vie que l’on suit). Il s’occupe, mais on ne sait à quoi, le plus souvent : il vaque, d’observations en observations très espacées, toujours assez meubles et insignifiantes, une sorte de philosophie bouddhique de la fatalité, mais sans Dieu ni conviction. C’est à peine un homme, il n’a pas de virilité : c’est un être qui ne sait pas, et qui fait peu pour provoquer un savoir. Enfin, tout ce que j’écris là, bien entendu, ne donne jamais l’impression d’avoir été vigoureusement décidé par Stewart qui paraît plutôt apprécier un protagoniste réservé et mutique qui lui ressemble.

On rencontre toutes les caractéristiques bonnes et mauvaise de la contemplation et de la pâleur dans ce roman écrit par un auteur que n’anime manifestement pas le goût du pittoresque ni le sens de l’intrigue.

On peut affirmer sans exagérer que c’est un récit sans événement, un récit sans action, un récit où la narration est rédigée à gros traits, presque toujours décevante – les rencontres en particulier, qui devraient être logiquement des moments d’intensité, sont floues, mal ébauchées, garnies de sentiments peu crédibles ou convenus, et comme bâclées du désir omniprésent de ne s’attarder sur presque rien, de rendre une synthèse plutôt qu’un déroulement –, sans grands détails pittoresques, sans inattendu émoustillant, où rien ne survient, où l’attention du lecteur n’est relevée par rien, où l’auteur ne profite pas de son postulat terrible pour se livrer à quelque entreprise proprement littéraire, par exemple stylistique, philosophique ou prophétique : c’est assez plat partout parce que le protagoniste, probablement semblable à son créateur, n’est qu’un homme de constat, de réflexion théorique, un observateur dépassionné ne voulant vivre que par curiosité, sans génie ambitieux, consensuel et timoré, représentatif à l’exclusion de l’initiative qui lui fait anormalement défaut, et dont toute intervention efficace susceptible de modifier le cours des événements est manifestement jugé indésirable par l’écrivain qui estime préférable, dans sa thèse même, qu’ils ne soient jamais infléchis par l’homme : il n’est prompt ni à innover, ni à construire, ni à commander, ni à créer ; il n’est ni poète, ni un être d’action, ni un inventeur ; il visite et végète longtemps, sans beaucoup d’émotions, transporté par l’irrépressible plaisir de se torturer d’idées frustrantes comme une impuissance qui rumine ; il réfléchit vaguement et sans virilité, nourrit en loin un désir toujours inaccompli de pionnier ou du moins un souvenir de la grandeur d’un État, mais c’est fort lointain et idéal, il n’œuvre pas en ce sens ou bien de façon dérisoire. Les inconvénients de ce choix narratologique se situent d’abord dans le fait qu’un livre qui raconte sans force beauté ni souci d’exactitude des déplacements infructueux et des patiences meublées de cogitations imprécises, même sur fond de déclin et de ruines d’une civilisation, n’étant ni très original ni fort difficile à produire, a de quoi incommoder un lecteur désireux d’ingéniosités foncières ou formelles ; ensuite, en matière de vraisemblance, en ce parti pris que, parmi les divers survivants qu’on découvre ou qui vont naître, pas un ne s’efforcera de refonder une nation, pas un n’aura l’imagination de tenter une aventure véritable, pas un ne se posera seulement la question d’une « organisation » de façon que le passé ne soit pas sacrifié – des tribus primitives finiront par éclore et se côtoyer avec des lances ou bien des arcs, et c’est tout : tout est à recommencer du temps de l’âge de pierre sans même la mémoire plus que mystique de la société de la génération précédente. Des hommes jeunes marchent par tribus sur des ponts qui s’effritent sous la rouille, fuyant quelque incendie et chassant le lion, sans s’interroger sur l’origine de cet édifice de métal qu’ils foulent. Moi, je n’y crois pas.

Ce roman n’est qu’une relation de la lente reprise par la nature de ses droits élémentaires – des passages rédigés en italique et intercalés par une voix de surplomb qui, étonnamment, traduit enfin quelque poésie en prose proche de Steinbeck, sur un mode transcendant et biblique, renseignent sur l’évolution, rapide ou graduelle, des divers éléments de l’ancien monde, privés ou libérés des domination et discipline humaines ; et l’homme, effacé et comme démoralisé, oublieux de sa gloire, plongé dans une variété inavouée de déréliction et de fatalité crue, regarde sans acte son environnement altéré, réorganisé, régulé par les lois de la vie, lui-même, l’homme, étant redevenu relativement végétatif et naïf en ce jardin d’Eden : plantes foisonnantes, animaux rendus à la sauvagerie, désagrégation des structures artificielles, et empreinte progressive sur la mentalité des hommes. Car que pensent-ils justement, ces hommes ? La plupart ne pensent rien : certains perpétuent absurdement les vieux usages obsolètes, nombre périclitent non moins absurdement sous le choc – un certain manque de psychologie réaliste dans ces rôles bizarres qui sont censés souffrir d’un traumatisme : des variétés d’oubli imprègnent les gens pourtant globalement contents de s’être réduits, dans le confort où ils se retrouvent de pouvoir facilement disposer de tout, à un ennui des plus bêtes – : c’est le roman d’une régression décidée par Dieu-Stewart plutôt qu’induite par la cohérence de la situation, récit d’une déchéance et d’un abandon de toute volonté au point de négliger le sentiment de sa puissance, et où le narrateur, au statut illégitime et incompréhensible de chef, ne vaut guère mieux qu’un exécutant, où les exécutants se sont abaissés au niveau d’imbéciles satisfaits, où les imbéciles meurent en une nuit d’excès de boisson ou deviennent à jamais de lourds handicapés mentaux. Une hiérarchie, certes, dans la variété des êtres, mais reculée, d’autorité, d’un échelon pour tous.

On ignore bien sûr si ce schéma d’ensemble est volontaire, mais je doute que le roman ait été élaboré suivant un plan précis : il y a apparemment de l’abandon – un abandon similaire à celui du personnage principal, ce qui me donne lieu de croire à une identification – jusque dans l’intrigue où les faits me semblent survenir sans avoir été beaucoup prémédités : l’auteur improvise sur ce qu’il serait logique qu’il arrivât, il mène ainsi une expérimentation romanesque comparable au principe du naturalisme, et lorsque la circonstance plausible, c’est-à-dire la plus prévisible en l’occurrence, se réalise, personne, pas même le lecteur, n’est tellement surpris ni ému… et les personnages non plus d’ailleurs, sombrés dans une obscurité mentale d’hallucinés d’arrière-monde. On sait bien pourtant que je ne suis pas un amateur d’actions effrénées et de retournements racoleurs – la quantité des actions ni leur imprévisibilité ne fera jamais la qualité d’un récit –, mais je ne vois pas ici beaucoup de quoi satisfaire un amateur de littérature : les figures sont rares, les personnages sans profondeur et plutôt des types que des psychologies ; il ne s’agit pas d’un récit « de survie » instructif indiquant par exemple des astuces pour se sortir d’embarras en cas de crise, ni vraiment d’un roman de science-fiction augurant avec précision des évolutions à l’origine d’une possible extinction de l’humanité ; et on ne s’interroge jamais vraiment sur le degré de faisabilité d’une telle déchéance, on ne s’identifie pas, on ne visualise qu’en gros parce qu’aucun indice laissé par l’auteur ne permet de se sentir encouragé à une représentation minutieuse de la vraisemblance. Le tout est assemblé sans souci d’enchaînement, sans qu’on apprenne même quelque chose de sûr ou de documenté sur ce qu’il adviendrait probablement du monde ou des hommes après une extinction… C’est au point que, sans mentir, j’ai parfois reçu l’impression, en l’espèce de Stewart, d’un jeune adulte appliqué et tenace qui, par défi, allait méthodiquement au bout de son entreprise d’écriture mais sans force passion ni conviction, manquant évidemment de maints ressorts, y compris ceux plus que complaisants, plus que divertissants, permettant d’alimenter utilement une scène – c’est même rarement que Stewart réussit à rédiger une scène complète et sans défaut patent, il n’est pas apte ou désireux à rendre rigoureusement compte d’une représentation mentale ou à s’en figurer de fines ; tous les moments d’importance sont à peine plus détaillés que des résumés.

Ce n’est pourtant mal écrit – c’est, comme je l’ai fait comprendre, soigneux et scolaire – ; j’ai même goûté un certain intérêt dans l’explicitation des effets de la vieillesse sur Ish – seulement Ish n’est-il pas vieux dès le départ, enferré dans cette image éculée et délavée de la sagesse ? auquel cas c’est une facilité que de paraître le dépeindre à la fin tel qu’il a toujours été depuis le début. Je veux dire : dès le commencement il ne fait rien, n’a pas de volonté ferme, ses pensées sont précises au passé, vagues au présent, et pleines de perplexité et d’incertitude au futur ; c’est même un personnage souvent incohérent, notamment dans ses résolutions qu’il n’exécute jamais comme il les a décidées – : cette vieillesse résignée, battue d’avance, où je devine un écho incarné de la déchéance de l’ancienne civilisation – un parallèle en somme, et même une allégorie – est un portrait que je n’avais pas lu ailleurs, bien que l’idée évidemment ne soit tout de même pas novatrice. Tout dépasse et surmène Ish, au fond, tout le contraint à des décisions qu’il paraît supposer exécutées dès lors qu’il en a caressé la pensée : ces décisions le fuient comme responsabilités trop lourdes et trop conséquentes pour lui qui refuse l’autorité et la puissance, et il faut des années à ce perpétuel témoin pour former un projet que cependant il ne réalisera jamais – mais c’est peut-être parce que l’auteur lui-même, à ce point du récit, ignore encore ce qu’il va se produire et préfère se réserver une multiplicité de possibilités sous la forme de réflexions diverses au cas où son personnage déciderait soudain de se ressaisir et d’appliquer enfin une des résolutions qu’il a envisagées : cette « mise en réserve » de potentiels d’actions où l’on soupçonne de nouveau l’auteur de n’avoir pas assez programmé une intrigue, explique la présence dans l’histoire de la bibliothèque universitaire, dont la mention plus que symbolique est récurrente, et que Stewart se réserve, contre toute vraisemblance, de conserver intacte jusqu’à la fin, mais qui ne servira jamais à rien : elle est là, pratique et en attente, dans l’hypothèse où un personnage désirerait, on ne sait jamais, acquérir une connaissance ou une compétence utile au reste de l’intrigue, il n’aurait alors qu’à ouvrir un livre… Oui, c’est assez lâche, de la sorte, et, en tant que naturalisme, c’est même manqué, non pas faute de thèse initiale et déformante qui constitue toujours le lieu par lequel une théorie est viciée, mais faute de la moindre idée de direction, de la plus petite suggestion d’influence et d’initiative et, en réalité, faute de l’introduction d’un homme dans ce contexte : il me paraît évident que Stewart avait ambitionné de plonger son personnage dans un décor chargé, par résistance ou par abandon, de le conditionner, et que cette vision était à la fois son projet fondateur et son guide tout au long de l’écriture, seulement il a oublié de prêter une humanité à cet être pâle et « exemplaire » qui n’a rien d’un individu, qui n’ose jamais, qui n’interfère pas avec ce décor, qui, comme acteur de l’histoire, vaut autant que l’auteur lui-même derrière son stylo, et voilà pourquoi l’expérience ne conduit à rien : dès lors, on peut penser qu’il eût été littérairement plus audacieux de présenter uniquement ce décor, voire en y incluant les survivants humains mais à l’exclusion d’un personnage en particulier, dans une forme plus inédite et plus franche, dépersonnalisée et artiste – sans nécessité pourtant d’une touche « conceptuelle » ou « expérimentale ». Stewart a oublié que, dans une simulation comme celle-ci, c’est bien un être humain qu’on doit introduire dans un lieu, et il faut admettre qu’à peu près aucun de ces personnages, dont les secondaires sont à peine des ombres stupides, n’a de caractère humain : c’est ce qui fait qu’on ne distingue que l’évolution d’un monde, et nullement de personnes qui, au départ, étant étouffées par une intention d’auteur attentif surtout à la scrupuleuse permanence de ce monde, sont empêchées d’exister ; La Terre demeure est un roman d’humains si piètres qu’on leur a retiré la substance et jusqu’à la vie – des humains, en somme, sans un individu. Reste bien la Terre, en effet, mais c’est, dans cette thèse que l’auteur a livrée, tout ce qu’il eût fallu principiellement conserver, tout ce qui était nécessaire à démontrer que la nature peut aisément se passer de l’humanité, tout ce qui eût clarifié et sublimé dans l’art la mentalité originale d’un homme qui a préféré s’en tenir – et c’est un malheur perpétuel en art – à ce qu’il savait déjà faire ou, à peu de nuances près, à ce qui avait déjà été fait.

 

À suivre : La belle France, Darien.

 

***

 

« Une clôture est une réalité et c’est en même temps un symbole. Entre les troupeaux et les récoltes, la clôture s’élevait comme un fait ; mais entre le seigle et l’avoine, ce n’était qu’un symbole, car, du seigle et de l’avoine, aucune ne dévorerait l’autre. À cause des clôtures, la terre était morcelée en tronçons et en lopins. Le pâturage, brusquement arrêté par la clôture, faisait place au champ labouré ; de l’autre côté du champ, le long de la clôture, courait la grand-route et, après la grand-route, venait le verger, puis une autre clôture qui protégeait les pelouses et la maison, et encore une autre autour de la basse-cour. Une fois toutes les clôtures abattues – réelles ou symboliques – il n’y a plus ni tronçons ni lopins de terre, ni changements brusques, mais d’imprécises ondulations où les couleurs s’estompent, où fleurs et plantes se confondent comme au commencement des siècles. » (page 88)

 

« À son réveil, Ish remarqua que les lampes n’éclairaient presque plus. Dans les ampoules, les filaments étaient d’un rouge orangé. Il pouvait les fixer sans avoir mal aux yeux. Bien qu’il n’eût tourné aucun commutateur, la pièce était plongée dans la pénombre.

« Les lumières s’éteignent ! Les lumières s’éteignent ! » Que de fois au cours des siècles, ces mots avaient été prononcés, d’un ton indifférent ou avec un accent de panique, au sens propre ou au sens figuré. Quel rôle avait joué la lumière dans l’histoire de l’homme ! La lumière du monde ! La lumière de la vie ! La lumière de la connaissance !

Un grand frisson le secoua, mais il lutta contre sa peur. Après tout, se dit-il, l’électricité a survécu longtemps à l’homme grâce à son système automatique. Sa pensée le ramena au jour où il était descendu de la montagne, sans soupçonner ce qui s’était passé. Il était passé devant la centrale électrique et avait conclu que tout était normal parce que l’eau se déversait par-dessus les biefs et que les générateurs ronronnaient régulièrement. Et de nouveau il fut fier de son pays. Aucun système, peut-être, n’avait tenu aussi longtemps. Qui sait si ces lampes électriques n’étaient pas les dernières à s’éteindre et, après elles, de longtemps le monde serait privé de lumière.

Il n’avait plus envie de dormir ; il fallait qu’il reste éveillé ; il espérait que le dernier acte du drame serait bref et ne traînerait pas en longueur. La clarté pâlit encore. « C’est la fin », se dit-il ; mais la lumière s’attardait, les filaments étaient maintenant d’un rouge cerise.

Et de nouveau ils s’assombrirent. L’œuvre de destruction s’accélérait, comme un traineau qui dévale une colline, lentement d’abord, puis emporté par son élan. Un instant – mais peut-être était-ce un effet de son imagination – leur éclat redoubla, puis tout fut fini.

Princesse s’agita dans son sommeil et aboya vaguement du fond de son rêve. Était-ce un glas de mort ?

Il sortit. « Ce n’est peut-être qu’une panne de secteur », songeait-il sans conviction. Ses yeux cherchèrent à percer les ténèbres, épaissies encore par la fumée derrière laquelle la lune avait l’air d’une grosse orange. Aucun réverbère n’éclairait plus ni les rues ni le pont. C’était donc la fin. « Que la lumière ne soit plus, et la lumière s’éteignit ! »

« Pas de mélodrame ! » pensa-t-il. À tâtons, il rentra et fourragea dans le tiroir où sa mère rangeait les bougies. Il en trouva une qu’il introduisit dans un chandelier. La flamme était petite, mais droite et claire. Il s’assit dans son fauteuil, terrassé par l’émotion. » (pages 117-119)

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