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Henry War
6 avril 2021

OK Covid

On dira que mon observation est orientée, qu’elle est réfutable parce qu’elle manque de précision, et d’ailleurs qu’au « nombre près » tel que le détermine tel analyste de je ne sais quel domaine elle est injuste : ce seront contre cette observation des arguments de mauvaise foi, des arguments qui prétendront contredire ce que nul n’a défini avec mon exactitude, des arguments dont la volonté opiniâtre marque justement la partialité – je suis, moi, un analyste des mentalités contemporaines, amoral et dépassionné, et j’ai déjà rigoureusement circonvenu ceux dont je parle. Quand on ne peut démentir une idée ferme et vérace, on la transpose en chiffres qu’on prétend interprétables et qu’on charge d’établir une approximation : on dit, c’est quelqu’un qui dit, quelqu’un qui tient ses informations et l’honneur d’être écouté de diplômes et de statuts au lieu d’une science c’est-à-dire de quelque chose d’intempestif : « Ce n’est pas l’année pile. Le pourcentage de la population n’est pas à ce point optimal. On ne peut pas dire que la faute incombe à telle catégorie parce que la classe incriminée dépasse telle tranche fixée par Untel en tel an. » Et cætera. Leur obstination à nier ce qui leur est insensible ou désagréable trahit quelque chose de leur absence de scientificité. Qui a parlé d’année pile ? Qui de pourcentage ? Qui de tranche ? Je n’ai parlé que d’une catégorie morale, extrêmement circonscrite, et voilà ce que j’ai dit :

L’obsession du Covid à quoi se résume presque tout le Covid correspond à l’installation des boomers dans la retraite. Ce sont eux qui ont fait de ce virus bénin ce qu’il est devenu par grossissement exagéré. Pour l’essentiel, cette exacerbation est née de leur mentalité spécifique : qu’on voie comme c’est eux en majorité qui se précipitent sur cette fadaise, qui s’en affolent, qui s’en régalent, qui en font toute leur occupation ! Après eux, après leur masse et leur fardeau au sein des sociétés quand les boomers ne seront plus, le Covid, en restant pareil, paraîtra avoir disparu : on dira qu’on l’a vaincu, uniquement parce que ceux qu’il obsédait sont morts.

Et voilà comment je l’ai expliqué :

Ils s’ennuient. Ils ont passé toute leur vie à s’agiter pour oublier leur ennui ; toute leur histoire collective autant que personnelle est une suite d’événements fabriqués, tirés d’un ennui immense ; chacun peut le constater, en réfléchissant, en retrouvant dans sa mémoire des exemples : sans jamais avoir connu de problèmes, toujours ils en ont créé. C’était jusqu’alors de pseudo-troubles de gens actifs : des questions d’investissements financiers, pour l’essentiel. Puis ils sont entrés dans la retraite il y a peu, avec des projets qu’ils ont accomplis en quelques années, qui les ont ennuyés à leur tour, dont ils se sont lassés ou qu’ils ont très tôt achevés parce que c’étaient des projets illusoires ou faciles, des excuses à « préparer » leur retraite, des excuses à prétendre qu’ils ne seraient pas malheureux de n’y rien faire, des excuses pour donner l’illusion qu’ils y seraient encore actifs. Mais ça ne leur a pas du tout communiqué l’impression d’une histoire personnelle. Tous leurs bobos, leurs misères physiques, leurs enthousiasmes dérisoires, commençaient à faire rire au lieu d’inspirer la grandeur qu’ils auraient voulue, et ils s’en sont aperçus : ces Tamalous ne suscitaient décidément aucun héroïsme, et un voyage à Malte ne provoquait nulle admiration. Alors, qu’ont-ils fait, eux qui commençaient enfin à ne se sentir personne ? Ils ont sauté sur la première opportunité venue. Et ça y est : ils se font peur de nouveau : comme ils aiment décidément à se faire peur, à se créer des problèmes ! Mais cette fois, la société est solidaire, leur accorde de l’importance : ils sont quelqu’un, ils sont redevenus des êtres de tragédie, des êtres affectés par la mort, des êtres de théâtre ! Ils recouvrent un semblant de dignité dans la fiction de leur péril ! Ils peuvent ainsi parler du Covid des heures, se rattacher à la société par ce biais, se croire une faculté politique, se figurer une puissance de décision, virtuellement, une « responsabilité » et une « sagesse ». Ils adorent dire et penser : l’heure est grave. Sans cela, ils disparaissaient.

Non, l’heure n’est pas grave. Ce n’est rien, tout ça. Vous êtes toujours les mêmes enfants qui avez besoin de stimulants d’artifice. La préoccupation de vos vacances étant passée, il a fallu une poignée d’années, et vous voilà majoritaires à nouveau, vous voilà influents, vous voilà prêts encore à tout inonder de vos existences fausses : or, que seriez-vous, qu’avez-vous jamais été, sans préoccupation ni péripétie futile ? Mais regardez autour de vous : vous êtes les seuls à vous soucier de cette réputation de contagion, de cette rumeur de maladie. La terreur de la grippe ne faisait plus si sérieux, s’en faire vacciner manquait d’épique : vous voilà mieux, à présent. Vos filles et vos fils, une fois de plus (ils s’y sont faits, depuis le temps), se moquent de vous, de vos tremblotes, de vos jérémiades ; ils vous entendent radoter avec fébrilité et « faire des plans ». Ils vous regardent encore avec la même pitié : Mais oui papa, mais oui maman, ne t’en fais pas. Mais oui tu as raison (car ce n’est pas si tard qu’on va vous apprendre que vous pouvez avoir tort). Mais oui c’est une vraie crise. Mais oui tu seras bien courageux de mettre ton masque, et tu peux être fier – c’est ce qu’ils n’ont pas compris en nous reprochant de ne pas le porter, ils nous ont dit que c’était un geste facile, que nous n’avions donc rien vécu pour nous en plaindre, mais pour nous c’était inutile, pour nous ce n’était rien justement, pour nous c’était trop ou pas assez en proportion de notre norme d’efforts, mais pour eux c’était un acte, un acte à la mesure de tout ce à quoi ils sont habitués, un symbole et un simulacre comme tous les actes qu’ils ont portés dans leur vie, ils ne savent que cela en matière de politique. Ils ont ainsi leur drame, il leur fallait un drame pour se sentir exister puisque faute de travail ils n’en avaient plus, ils n’appartenaient plus à rien de dramatique, de factice, de fabriqué – et tout leur mode d’existence au monde s’en était allé.

Les dates, croyez-le, correspondent exactement : ils n’ont eu que le temps de s’ennuyer à la retraite, de s’y sentir inutiles, puis ils ont sauté sur l’occasion, ils ont trouvé ce prétexte-là de « tracas » et de « gloire » ; quant à leurs parents qui sont les vrais vieillards d’aujourd’hui, ils se lamentent de cette poussière qu’ils considèrent avec relativité, ne se sentant plus de ce monde : ce sont eux les véritables sages. Le Covid est une crise des mentalités, il n’est pas une crise sanitaire, et le temps est proche où l’on démontrera qu’il n’a guère tué davantage qu’une méchante grippe. Nous pouvons comprendre cela, eux ne le peuvent point, et c’est ce qui prouve combien ils nous sont inférieurs : comment comprendraient-ils qu’ils ont fabriqué de toute pièce un fléau auquel ils croient si fermement ? Comment entendraient-ils sans honte ni déshonneur que ce virus n’est pas tant réel que psychologique ? On sait d’ailleurs comment ils répliqueront : ils diront que nous « clivons », que ce n’est pas le moment de « diviser », qu’il faut qu’en cette épreuve la société reste « unie et solidaire » : c’est leur éternel procédé « moral », après avoir bâti des guerres qui ne nous concernent pas, après avoir forgé des épreuves fictives, de prétendre qu’à cause d’elles il n’est pas encore temps de déterminer des responsabilités ou de désigner des coupables. Ils sont névrosés ; or, toute la société les a suivis patiemment, pathétiquement, dans leur névrose : le Covid pour l’essentiel n’est qu’une rétractation, qu’une contraction, qu’un repli de la pensée pour ajourner le juste sentiment d’une inanité et d’une vanité : ainsi, ils ne feront pas leur examen de conscience ; ainsi, ils ne profiteront pas de la paix de leur mise à l’écart ; ainsi, ils n’affronteront pas la culpabilité de leur stupidité, ils en seront encore dispensés par « l’urgence de la situation » ; ils sont enfin redevenus les banals héros de pacotille qu’ils se sont toujours crus, et ils ont, pour les défendre, les boomers après eux qui restent encore au travail, ceux qui inondent les médias de leurs recommandations alarmistes et confinatoires – voyez leur âge ! –, tous les autres boomers qui, à quelques années de la retraite, ont eux aussi besoin, après tant de décennies d’ennui, après avoir accédé à tous les prestiges – Comités et Conseils – où ils sont trop écoutés, de se figurer une importance dans des « actes » qui ne sont sempiternellement que des mots et des symboles. Voici le fruit de la tolérance, le fruit de la complaisance, le fruit qui nous revient d’avoir écouté ceux qu’il aurait mieux valu mépriser ou redresser : nous en tirerons tôt ou tard la leçon, il n’y faudra que le recul d’un historien, d’ici vingt ou trente ans. La bonne nouvelle, si l’on peut dire, c’est qu’au rythme où les boomers vont périr et se retrouver en minorité (mais la pandémie n’y sera pour rien), c’est que le Covid ne saurait se perpétuer beaucoup plus d’une dizaine d’ans.

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