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Henry War
15 avril 2021

Lucidité de mes observations notamment covidiennes

Ce qui me laisse le plus fier dans cette somme d’articles sur le Covid, là où j’estime seul avoir excellé parmi tout ce que j’ai pu lire, là où ma parole tient une position d’intégrité à part, c’est de n’avoir jamais présumé hors de la mesure commune, de n’avoir point fantasmé un contemporain plus original ou plus abject qu’il n’est dans la réalité la plus banale et objective, de m’en être toujours tenu à la plus systématique vraisemblance, et, ainsi, d’être parvenu sans extrapolation aventureuse ni volonté partisane à tout expliquer. Ces remarques successives, il est vrai, ont progressivement trouvé leur place dans l’analyse plus vaste, initiée auparavant, de la mentalité spécifique à notre époque, et c’est sans insistance qu’elles sont venues s’assembler logiquement et en cohérence, de façon si fluide que ces études s’interpénètrent et se complètent, au point que tout ce que relate l’histoire du Covid constitue un éclaircissement exemplifié sur les modes d’existence du citoyen actuel que j’avais précédemment expliqués. Mais je n’ai pas extrapolé sur nos crises des fantaisies extraordinaires, je n’ai jamais fait du monde moderne un film à sensations, je n’ai point introduit le rocambolesque et l’énormité comme ingrédients de mes raisons : je n’ai pas eu à me figurer ni parmi le peuple ni parmi les gouvernements un autre homme que celui que je rencontre et que je connais ; je n’ai, en un mot, jamais tâché de faire entrer le rond d’intentions personnelles dans le carré de la réalité véritable. Ni machiavélisme d’État ni innocence des faibles, je n’ai nulle part trouvé nécessité ou opportunisme à rendre quiconque exceptionnel dans un sens ou dans un autre. Tout ce qui nous arrive ne dépend pas d’influences souterraines qui, par on ne sait quel miracle inédit d’anticipation, parviendraient à déjouer toutes les incertitudes et vicissitudes de la vie, et, bien que n’importe quel phénomène humain consiste à quelque niveau en un jeu d’influences (et l’on sait combien, faute de réfléchir, le contemporain est devenu influençable ne serait-ce qu’à la morale où il trempe et s’imbibe), je n’ai pas voulu inscrire de particularités, de singularités, de personnalités, dans la honte qui nous accable et sur lesquelles il suffirait tout ou partie de rejeter la faute. Le citoyen chez nous est le gouvernement, il l’est du moins « en devenir » s’il avait la possibilité d’accéder à des places orgueilleuses (et ne l’entend-on pas sans cesse parler de politique comme s’il avait gagné en effet ces places ? C’est bien la voix qu’il emprunte, celle du « parvenu », pour énoncer quelle tyrannie il réaliserait s’il était lui-même au pouvoir), et le politicien n’est qu’une transformation du citoyen que celui-ci contient en puissance dans ce qu’il est, avec ou sans volonté de carrière. Il est par trop facile d’admettre qu’une société change par l’intervention soudaine d’une force aussi surprenante qu’insoupçonnée et qui n’entre pas d’ordinaire dans sa composition : tout ce qui est altéré alors n’est plus du ressort de la société mais uniquement de ce qui, extérieurement, exerce sur elle une pression parasite : cela ne se rencontre (presque) jamais dans l’histoire des hommes, et l’on constate du moins, pour ce qui concerne notre époque, que la société consent, ce qui la rendrait propice à ses forces supposées qui ne feraient alors à juste titre que l’anticiper. Les peuples ne sont pas joués : je crois l’avoir assez démontré, mais ils jouent eux-mêmes, ils participent de plein gré à cette mascarade confortant leurs paresses, ils sont acteurs plus qu’on ne le pense et pas seulement spectateurs forcés. Je ne pense pas qu’on puisse réfuter le fond de mes démonstrations d’une autre manière qu’en les niant tout entières, et d’ailleurs nul ne l’a jamais tenté. Ma critique s’inscrit dans le cadre d’une observation et non d’une thèse, en quoi elle est moins partiale et plus véridique qu’aucune autre : je n’y ai nul intérêt, sinon de lier ces observations et de les rapporter à un état d’esprit général, celui de notre époque à laquelle je ne me sens nul devoir principiel ni de blâme ni d’éloge. Si je le pouvais, je me contenterais non de décrier le contemporain mais de noter ses dernières insuffisances ou ses ultimes imperfections, de façon à pouvoir l’améliorer encore et à l’admirer davantage pour mon propre plaisir. Je ne suis pas de ceux qui se complaisent à médire, et je ne crois pas avoir goûté une fois le plaisir de conspuer, même à raison : mais je vois les hommes, et je rapporte ce que je vois que j’assemble en un tout logique, et même psychologique, ou sociologique. On jugera étrange peut-être qu’un écrivain de fiction soit, quand il parle de l’homme d’aujourd’hui, le dernier justement à ne pas recourir à la fiction : les autres imaginent quelque chose, adjoignent à cette description générale quantité de matériaux controuvés, du moins vont-ils chercher dans des sources ésotériques ce qu’ils n’ont jamais constaté par eux-mêmes, et ainsi ils conjecturent sur des obscurités qu’ils ajoutent à la vie normale et connue pour faire du monde ordinaire un recel de monstruosités manipulatrices. Or, les forces les plus massives et influentes d’une société figurent évidemment dans le corps social lui-même qui ne se résout toujours longtemps qu’à ce qu’il veut, et l’on doit constater qu’il n’a pas fait démonstration de résistance dans la situation qui nous occupe depuis plus d’un an ; c’est donc bien que cette situation est en accord avec la mentalité de la société dans son ensemble. Le temps des empereurs omnipotents, de ces puissances rusées assez ambitieuses pour vouloir gouverner le monde dans un dessein très précis, ne me paraît pas d’une supérieure vraisemblance, si l’on excepte, bien sûr, les volontés d’affaire et les enjeux d’argent qui ne vont jamais jusqu’à vouloir réaliser des destinées universelles ; il n’y a pas, il faut le dire une fois encore quelle que soit la nouvelle version de son incarnation dans l’imaginaire collectif, de « Juif secret et parasite ». Ce qu’il y a en revanche, c’est que la fabrication d’un grand bouc-émissaire, à ce que j’ai constaté, traduit toujours l’intention première de déculpabiliser une part de la société qu’on veut considérer plutôt victime que complice de son avilissement : aussi bien un communiste qu’un capitaliste par exemple retire systématiquement le groupe auquel il tient de ceux qu’il considère vicieux, c’est ce qui lui permet d’oblitérer opportunément la conscience que le contemporain est exactement la réunion des deux, un communiste et un capitaliste. À ce titre, on m’a parfois reproché de « taper sur le contemporain » et d’en faire une cible privilégiée comme s’il s’agissait de mon unique coupable, mais ne voit-on pas combien c’est là un reproche absurde, un reproche contradictoire avec l’idée même de faute unique et circonscrite, puisque ce contemporain que je blâme, je ne le réduis à aucun sous-ensemble et que je date sa naissance pour le moins à cent ou à cent cinquante ans ; autrement dit, ce que je blâme, ce n’est point un groupe, mais c’est toute une société – voilà qui me semble plus sain et se départit de la croyance bizarre qu’une vaste république se laisse mener par une minorité. Or, ce sens extraordinaire de la distance, nécessaire à mener de pareilles objectivisations, je ne l’ai rencontré nulle part, et il se mêle toujours aux théories sur notre contemporanéité des conjectures valorisantes qui sont manifestement des espoirs personnels plutôt que des faits détachés. Voilà où je crois avoir réussi plus qu’aucun autre, du moins plus qu’aucun de tous ceux que j’ai lus : les progrès de mes idées sont sans doute plus faibles qu’ailleurs, mais ils sont fondés sur des certitudes qui n’émanent que de mon observation impartiale, et c’est ce qui explique à la fois leur caractère de lenteur et d’exactitude ; je ne me sers jamais d’un auteur, d’un livre ou d’une citation que je n’ai pas déjà longuement réfléchi, intériorisé et approuvé, le peu de réflexions que je nourris au moins sont individuelles et solides, le contraire d’une bâtardise : c’est mon triomphe d’avoir été capable, au long de mes études, de ne jamais inclure de données extérieures comme présupposés, comme proverbes. J’ai expliqué le Covid, tous ses ressorts intérieurs, sans jamais qu’un lecteur fût forcé de se plonger dans des références, de regarder ailleurs qu’en lui-même. Quand on m’a lu sur ce sujet, non seulement on a compris ma méthode de science et de philosophie, mais on a renouvelé avec l’exercice de la raison qui se départit de ces influences dont on s’est si longtemps laissé étourdir, on a entendu l’irréfragable en soi, et c’est soi-même dès lors qui renouvelle à sa propre conscience des vérités d’un matériau plus infrangible et plus inaltérable que ce qu’on appelle communément la connaissance ou la conviction.

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