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Henry War
20 avril 2021

Orgueil de l'Homme-Dieu

Pour l’Homme-Dieu, la normalité est défaillance, et la défaillance la honte suprême : rien de supérieur ne consent à la mesure commune. Il est si aisé, de nos jours, de s’extraire de la masse d’insignifiance et de faiblesse de la majorité qu’on ne devrait jamais se faire un péché de l’orgueil qui est le moindre degré auquel on peut atteindre avec objectivité relativement à la médiocrité générale. Mais quelqu’un qui, au surplus, naîtrait avec des dispositions nobles, un regard de droiture et un esprit efficace, quelqu’un qui, avec ce capital altier, ne déchoirait pas de son intégrité initiale, comment ne lui viendrait-il pas le goût du haut mépris qui est une façon de meurtre par la pensée ? En cet être inexorable, inexorable parce que propre de toute morale préétablie et de tout préjugé notamment débonnaire, grandirait la détestation des témoignages de petitesse, et il ne tolèrerait point, par-dessus tout, qu’il restât un homme sur terre capable de le prendre en défaut : ce vermisseau-là, si sordide et anodin, le courroucerait formidablement, parmi tant de turpitudes, de poser sur lui une infime mésestime ; il faudrait à notre Roi n’avoir de faille qu’à son propre jugement sûr et ne pouvoir être violemment jaloux que de lui-même, que nul ne pût jamais constater qu’il se déçoit ou comme il jouit, ni aucun autre de ses abandons. Si une société conférait à l’Homme-Dieu la juste autorité de sa puissance, il aurait le droit, au sein du palais luxueux que son mérite audacieux et austère lui aurait décerné, autant d’égorger celui qui l’aurait surpris en un exceptionnel défaut de génie, que de décapiter celle dont les yeux extatiques auraient vu l’essoufflement de son corps dur au deuxième ou au troisième orgasme. Fier il est de sa force, indomptable aussi car il possède tous les attributs de la grandeur que nul ne peut surpasser que dans une autre forme ou sur de certains sujets minutieux, et impitoyable encore puisqu’il ne comprend pas l’amour comme élan vers le misérable. Il est l’élite, il est le toit du monde, le firmament des hommes, au point qu’il a conscience, à juste titre, que son aloi ne rencontrera jamais d’équivalent : sa pureté, comme l’acier impeccablement forgé de son essence, est d’une absoluité qui confine aux maîtres sus, aux transcendances irréfragables, aux entités insubstantielles ; la qualité invisible de sa certitude de géant établit sur tous son hégémonie. Jamais oncques ne fut au monde avec autant de présence : il est le parangon de l’assomption de la vitalité.

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