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Henry War
17 août 2021

Ce qui nous distingue d'une dictature

Voyons ! examinons un peu ce qui différencie la démocratie française actuelle d’une dictature semblable à celles du siècle passé – nous en serons une fois pour toutes édifiés, ainsi nous n’y reviendrons plus. Ce n’est pas, de toute évidence, le fait d’une élection, puisque même des dictateurs furent élus. Ce n’est pas, je pense, la concentration des pouvoirs en peu de mains, ou l’on verrait quelquefois notre majorité parlementaire se désunir. Ce n’est pas le culte d’un chef, ou l’on ne trouverait pas notre président si fier de ses pavanes, depuis sa première drôle de marche jusqu’à l’estrade du Louvre. Ce n’est pas la répression des adversaires politiques, puisque notre bonne république n’en connaît pour ainsi dire pas. Ce n’est pas que les institutions garantes des libertés fondamentales soient conquises par le pouvoir, puisque nos Conseils d’État et constitutionnel sont semblablement gagnés. Ce n’est pas le prétexte d’une « guerre » à mener, pour justifier les sacrifices incessants de la nation, n’est-ce pas ? Ce n’est pas la propagande et la censure, ou les communications gouvernementales seraient plus nuancées, les grands médias leur seraient parfois contraires, et les réseaux sociaux ne comporteraient pas aujourd’hui tant d’avertissements et d’exclusions. Ce n’est pas l’interdiction de manifester, ou l’on ne verrait pas chez nous la plupart des manifestations refusées d’autorité par les préfets et n’avoir lieu qu’en-dehors de toute autorisation officielle, sous surveillance étroite de la police en surnombre excusée d’infliger des blessures létales. Ce n’est pas l’incohérence des décisions politiques défendant un régime d’absurdités et de mensonges, ou l’on n’a pas assez regardé la gestion chez nous de la crise sanitaire. Ce n’est pas la désignation d’un responsable unique pour tous les malheurs du pays, avec discrimination d’une catégorie précise de gens : chez nous, on ne sait que trop ce que c’est. Alors, quelle différence, au juste ?

Je n’en vois qu’une : les camps. Les camps, et la guerre. Tant qu’il n’y aura pas cela, en France, jamais les gens ne feront de différence, jamais on n’osera aventurer l’accusation d’une dictature sans faire pousser de grands holàs. Ça, oui, et aussi bien sûr le fait qu’une dictature, dans l’esprit du Français, ou bien ne se situe que dans un pays dont le climat est fort distinct du sien, ou bien est un régime qui se manifeste partout, dans le paysage comme à la télévision, en noir et blanc. Et puis, j’oubliais que, naturellement, la dictature – « ça se sent ».

 

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