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Henry War
24 août 2021

Ce que nous avons conservé de 39-45

Les meilleurs historiens le savent, tous les terribles événements qu’affronte une nation moderne tirent l’essentiel de leur origine d’un état antérieur qui n’a pas été entendu et réglé. Ce n’est pas une fatalité cyclique, il n’y a rien de psychanalytique ou de morphogénique à revivre une part substantielle des crimes qui nous ont précédés. S’il fallait résumer la généalogie de nos guerres mondiales, on verrait que 1914 naquit de la rancune de la défaite de 1870 que la France n’avait pas acceptée, que 1939 fut le fruit de la rancœur allemande du traité de 1918 mêlée à une décomplexion toute européenne de l’antisémitisme, et en remontant à l’inverse, on verrait que 1870 avait été aussi le fruit de frustrations et d’irréflexions consécutives à des erreurs de jugement, et ainsi de suite, de sorte non seulement que la remédiation de la cause toute première aurait altéré cette vaine suite de sang et d’imbéciles horreurs, mais qu’on peut encore prédire d’où naîtra le prochain grand heurt national à l’analyse du dernier problème historique et de ce qui justement, en sa teneur essentielle, n’a pas été bien compris et assimilé, n’a pas été soldé.

Ce problème, je le dis tout net, c’est le mensonge. Le mensonge de l’irresponsabilité. De Gaulle a entretenu ce mensonge, contre tous les Constant réclamant que le citoyen fut sans cesse comptable de ses choix. Il avait alors, De Gaulle, trop besoin du faux pour bâtir le vrai, un vrai positif, un vrai enthousiasmant, un vrai guerrier, un vrai entraînant : une allure de vrai triomphant, pompier, reconnaissable, typique ; un vrai factice de la victoire au lieu du vrai du maître d’école qui morigène. Il ignorait que le faux antérieur prépare toujours le mal sur des décennies. Ce faux a ainsi lentement mijoté et grossi en France ; il est devenu indissociable du Contemporain : c’est le mal gaullien, dissimulé dans une sorte d’euphorie ou de soulagement et qu’un grand Recul, seul, eût permis de décelé. On eût déjoué, alors, qu’à intérioriser ce faux le Contemporain lui-même deviendrait un faux, préparé et maturé. Son irresponsabilité a crû parce qu’elle n’a jamais été mise en cause, il n’y a pas eu le procès des irresponsables, non, cette considérable et nécessaire entreprise n’a jamais existé. En France, on a beaucoup écouté Arendt pour qui, en gros, le nazi est d’une nature anormale et monstrueuse ; pour excuser tout le monde, il fallut que l’incarnation du mal fût un brutal ou un « clown ». En France, on n’a jamais reconnu de tyrans même domestiques parce qu’en gros nul ne faisait ostensiblement de gestes hyperboliques à la tribune ni ne tenait de propos très manifestement virulents comme des Hitler ou Mussolini. À cause de ça, on a pris l’habitude de ne pas se tenir sur ses gardes, de ne pas s’observer : l’ennemi est une exception. « L’enfer, c’est les autres. » : Sartre lui-même en avait bon besoin, de cette parole, prise en un certain sens. On n’a donc pas songé à se regarder bien en face et à répartir justement les culpabilités et les verdicts. En fait, on n’a presque jugé personne : il ne fallait pas, c’eût été diviser. Eh bien ! oui, les procès divisent ! Mais on eût tranché d’une façon décisive, pour les temps postérieurs ; on eût fait œuvre juste et visionnaire. Des années de procédure, sans doute, oui. Une purification des mœurs, certes, l’effet d’un choc immense, durable, un traumatisme pour des siècles instaurant une vigilance de chacun, de soi, de sa parole, de ses actes et de ses lois. Une redignification profonde de toute la société et la reconsidération centrale du particulier ; une redirection, le début d’une grandeur, après l’étalage d’un gigantesque examen de conscience. Mais De Gaulle n’a pas osé. Il a permis d’installer, sur l’absence de procès de l’intérieur, une mentalité de superficie. Il a fabriqué et distribué des médailles de l’intérieur. Il n’a pas semé semblablement le pilori de l’intérieur. À l’intérieur, il n’y avait que des héros, et l’enfer, c’était les autres, c’était l’extérieur. Cette idée a perduré. Mentalité selon laquelle on ne condamne que l’étranger, selon laquelle l’irresponsable d’ici n’a rien à perdre. Mentalité qui a permis de continuer de considérer qu’il n’avait rien fait de mal, le citoyen national. Mentalité qui exonère le civil, mentalité de son amnistie perpétuelle, des excuses, de l’absence même d’avoir à former des excuses, de son excuse d’office. Le citoyen, quand il croit se protéger, ne fait jamais de mal, c’est un point qu’il juge un acquis, une défausse de tout jugement sévère, un paradigme mental. Le « pour mon bien » qui absout le « pour ton grand dol mais tant pis » ! On ne voit pas un citoyen poursuivi pour avoir mal agi par veulerie et par argutie : il paraît chez nous que c’est la définition même de la « bonne foi » que de ne pas « s’être bien rendu compte », et que ça légitime ses mesquineries les plus ignobles : ce qui est petit n’est pas poursuivable, le minable n’est pas un sujet de droit. Voilà où nous en sommes. Le citoyen est toujours à l’abri de son défaut de prise d’initiative. Il a suivi, il est donc pardonné, rien ne lui arrivera de mal ; il n’est pas comptable de son manque de volonté ou d’intelligence. De Gaulle a manqué l’occasion de l’édifier là-dessus une fois pour toutes, de lui imprimer une force, une profondeur, un motif, une philosophie. Le citoyen était pourtant au pied du tableau, prêt à subir les coups de règle de leur professeur, de ce professeur dont il reconnaissait l’autorité, préparé à de vertes admonestations ; il gardait tout frais à sa mémoire l’ignominie de sa faute, sa turpitude et sa veulerie qui avaient permis ce qui venait d’arriver. Mais non, De Gaulle n’a pas voulu faire le professeur sévère, il a préféré le rôle du héros magnanime. Alors ça reviendra. Le mal sera de retour, plus tard. C’est notre contentieux jamais soldé de la guerre précédente : l’un des fondements de la querelle n’a toujours pas été vidé, il en reste un puits tabou, comme autrefois l’Alsace et la Lorraine, comme les Juifs et comme le diktat de Versailles. Il faut qu’il reparaisse. On n’a pas encore tout compris de la guerre d’avant, alors on en rejouera une sur les mêmes impensés. On n’a pas voulu admettre que le Français a conservé en lui le vice comme ferment, le même. Il ne l’a pas expulsé, car ce n’est pas du tout son vice qu’on lui apprend dans les cours d’histoire et qu’on lui répète à chaque documentaire sur le sujet. Quelque chose lui échappe encore qui va resurgir, comme toutes les mauvaises fois et les amertumes d’antan. On n’a pas su trouver la clé de ce conflit-là non plus, on ne l’a pas encore verrouillé, alors la porte fatalement finira par nous en rejaillir à la face ; le vent s’y engouffre peu à peu, et, tôt ou tard : le courant d’air ! Et je crois qu’en effet nous sommes en plein « vent coulis ». Nous ne sommes pas rendus sages et donc pas assagis, par conséquent nous ne sommes pas pacifiés. Le fléau s’abattra de nouveau : la nuée est encore tapie dans nos récoltes. Elle s’élèvera jusqu’à ce qu’on l’ait identifiée et évacuée. On a éteint des braises, si l’on préfère ; il en restait. On les a recouvertes ; elles ont couvé. Ou encore, on a reconstruit sur un sol mal asséché. Comme on voudra. On n’a pas proprement lavé les mauvais germes de l’ancien hôte : le corps redevient périodiquement malade. Ce n’est pas un cycle du destin. C’est notre faute. Nous n’avons pas voulu interpréter le passé, tout le passé, le passé dans sa totalité importune. Il en restait à traiter, la partie la plus pénible et douloureuse. Alors nous sommes demeurés là-bas, en arrière. Même si le temps, illusoire, est passé sur nous, nous sommes trop les mêmes pour ne pas renouveler le passé. Nous nous sommes trompés de cause. Nous n’avons pas suffisamment jugé. Il y a trop de préjugé et de légèreté des années 30 dans nos esprits pour ne pas être peu ou prou les mêmes personnes. La guerre aura donc lieu. Ce sera environ la même guerre, du moins y trouvera-t-on les mêmes causes. Et cette cause sera que le Français n’a pas changé, qu’on n’a pas infléchi ses mœurs et par conséquent qu’on lui a conservé sa destinée de bêtise et d’horreur.

Bernanos écrivait en 1947 : « Personne ne songe aujourd’hui à inquiéter ce policier ou ce gendarme [de Vichy]. Lorsque ce brave serviteur de l’État rencontre le Général de Gaulle, il le salue, et le général lui rend certainement son salut avec bienveillance. »

J’ajoute qu’il n’était peut-être pas pertinent d’aller tamponner après coup tant d’états de service douteux dans les FFI au prétexte de réconciliation, parce que ce procédé n’a pas permis de corriger une crasse française majoritaire qui s’est alors perpétuée et qui nous éclabousse si salement aujourd’hui.

Les Français sont les héritiers de la résistance comme légende largement mensongère et de la collaboration majoritaire, c’est-à-dire de l’obéissance passive, comme impunité réelle. De cela, on ne les a jamais détrompés.

Le voici, le lourd patrimoine de M. De Gaulle. Une croix là-dessus : la laideur française, séculaire, qu’on entretient. L’antisémitisme, à cause de la commotion et d’une certaine pudeur, s’est un peu arrêté : ils avaient assez trinqué, ces autres. Mais aussitôt : le racisme. Preuve que tout était resté de cette monstrueuse inanité populaire. On n’avait tiré aucune leçon. On n’avait condamné personne, personne de français, ou bien Pétain et Brasillach, à la rigueur. Oui mais comprenez, il paraît qu’ils avaient cessé d’être français, c’est bien dire qu’ils n’étaient plus des gens ! Ils avaient cessé d’être français, ils étaient devenus étrangers, eux-aussi. Et c’était ainsi pratique pour toutes les consciences françaises mal lavées.

Il aurait plutôt fallu imprimer dans les mémoires posthumes le souvenir de punitions qu’on eût attachées à des fautes morales et incompressibles. On eût ainsi fabriqué le devoir de répondre de tous ses actes, d’être de toutes les positions ; le devoir de prendre position comme individu dans toutes les luttes. En jugeant alors les antisémites passifs du quotidien, on n’aurait pas permis les antisémites d’aujourd’hui. En sanctionnant durement les obéissants sycophantes après-guerre, on eût créé un précédent pour donner de la crainte aux dénonciateurs d’à présent. En instituant la responsabilité individuelle au cœur du citoyen comme une réalité juridique universelle ainsi qu’une véritable conscience du droit humain et sacré, c’est durablement qu’on ne lui eût pas offert d’être maintenant si léger sur les maux qu’il permet et qu’il ordonne.

Le problème que rencontre la France avec l’actuelle légalisation de la discrimination vient de ce qu’elle a entretenu chez le citoyen le sentiment d’une irresponsabilité pénale de ses ignominies ordinaires, en sorte que la résurgence de pareilles lois d’exclusion ne constitue pas une régression dans notre histoire nationale, c’est seulement la réjection d’un élément qui n’a pas été digéré, d’un problème qui n’a jamais été résolu, qui a été abandonné par commodité ponctuelle, à l’heure où l’on croyait qu’il fallait fédérer un peuple autour d’une reconstruction et d’une destinée commune. Mais il eût fallu fédérer autour d’une valeur redressée. Trop tard, on n’a pas eu cette force. Alors, on a mal reconstruit, avec trop de hâte et d’opportunisme, sur des fondements friables, et la destinée du peuple s’en est trouvée irrémédiablement corrompue. Il faudra revenir aux motifs de défaite, et donc il faudra rejouer la défaite morale : pas d’autre leçon possible. Lorsqu’on a permis à l’ancien membre de la gestapo de serrer la main au général, on a effacé des mœurs le principe de la responsabilité ; quand on a seulement sélectionné et gardé dans le « devoir de mémoire » l’action des résistants, on a gommé du souvenir général l’influence terrible des Français impunis, de ces Français innombrables aux avis sordides. On a omis et éjecté de la mémoire commune ce qui était alors infiniment plus néfaste à la France que l’Allemand, en faisant oublier le dû de la pénalité individuelle, le sens de l’identité négative, le sens de l’influence délétère, de la toxicité des âmes serviles. La mémoire n’a considéré que les choses de l’extérieur, jamais soi-même : soi-même fut exclu des mémoires. La seconde guerre mondiale, c’est par excellence l’événement dont l’individu n’a tiré aucune leçon, dont il ne voit que des figurines et des figures très manichéennes et « réglées », qui le fascinent. Un passionné de la seconde guerre est quelqu’un qui fantasme des hommes dont il ne se sent pas inclus, qu’il regarde en personnages de fiction, qu’il essaie d’expliquer en-dehors de toute inclusion, de toute identification tangible. Le livre de la seconde guerre mondiale est une fiction vraisemblable et plutôt symbolique, un long roman de plage, utile qu’aux émotions. La mémoire de cette guerre est désincarnée et elle est virtuelle : un amateur de cette période est presque toujours un être dépourvu d’imagination analytique, et c’est pourquoi il se désintéresse des Marc Bloch qui le gênent et l’ennuient, il ne veut que la violence et le feu, avec les troubles des autres, dilemmes où il ne s’envisage pas. Le français ne se figure pas à la place des acteurs de ce conflit, il ne les assume pas, il ne se projette pas véritablement en eux contrairement à ce qu’il prétend : non, il fait bien semblant ; il se laisse tromper à ce semblant ; il en est venu à estimer que c’est un semblant de bon aloi. Il lit au fond n’importe quelle histoire, n’importe quel récit imaginaire, avec le même semblant que l’histoire de France.

Parce qu’un procès est une jurisprudence, un tribunal est une mémoire aussi. On a puni les Allemands. On n’a pas puni tous les coupables, on n’a pas puni la majorité d’entre eux sur notre sol, ainsi on n’a pas arrêté l’essentiel de ce qui avait favorisé la seconde guerre mondiale. À cause de cela, on ne se rappelle pas que le mal français, c’est la dénonciation irresponsable, c’est la rumeur et la calomnie. Il eût fallu cette vraie purge amère et bénéfique, ce salut public-là. Faute de le rappeler, on a perpétué ce mal qui s’est gonflé de décennie en décennie. Sait-on qu’un rectorat français reçoit aujourd’hui des dizaines de lettres anonymes par mois ? par mois ! Et il ne s’agit que d’éducation ! S’imagine-t-on combien on reçoit hebdomadairement de telles atrocités au Pôle Emploi ou au centre des Impôts de sa circonscription ? Et vous diriez que le Français ne permettrait plus ce qu’il a autrefois permis ? Allons !

Si ce vice de l’impunité morale avait été dûment corrigé, si l’on avait redressé ce grand tort qu’il y a à estimer que l’individu, dès lors qu’il agit comme son administration lui demande, n’a rien à craindre dans sa personne, si l’on avait, une à une, récupéré les lettres administratives de cette époque et dépêché des juges d’instruction pour identifier leurs auteurs et un Parquet pour les poursuivre, on ne rencontrerait pas aujourd’hui un président de la République française pour prétendre que le civisme, c’est l’obéissance : ce propos lui ferait honte, il en sentirait le poids historique et social, un blâme patent retomberait sur ses épaules, et il serait désavoué par le peuple. Mais cette leçon n’est pas entrée dans nos mœurs, et l’on prétendra que, bizarrement, « l’histoire se répète », on s’en étonnera parce qu’on n’aura pas encore compris le processus qui détermine la réitération d’un phénomène historique. Mais ce sont les mêmes égoïsmes, les mêmes tolérances aux atteintes progressives du Droit, la même facilité à céder aux pressions et à la crainte, qui ont donné naissance au pass sanitaire et à ses extensions – pour le dire autrement et tout uniment, l’irresponsabilité individuelle, c’est le pantalon garance du Contemporain, qu’il revêt une fois de plus : on a maintenu cet usage faute de l’avoir mémorablement dénoncé et châtié. La guerre se prépare qui opposera les irresponsables soumis, adeptes inconditionnels du prétexte et du consentement, aux individus révoltés qui se considèrent avant toute décision et qui exigent de s’estimer. Nos Français continuent de se priser défigurés parce qu’ils refusent de voir leur avilissement. Nous y sommes. La grosse chair à canon est déjà là, avancée en rangs dociles ; suivent les dénonciateurs, avec les lois de circonstance, tous les décrets d’exception, toute la morbidité « heureusement temporaire ». C’est précisément ce qui ne lui avait pas été remarqué, sur quoi il eût fallu le sermonner et le vigoureusement corriger une bonne fois pour toutes, à savoir : l’esprit de collaboration, la mentalité du fonctionnaire bourgeois qu’est devenu n’importe quel Français et toutes ses saloperies qu’on lui passe continuellement depuis toujours, l’insouci de l’engagement et du légitime qui le caractérise, avec le besoin de médisance et de tranquillité qui a priorité sur toute réprimande et sur tout châtiment. De Gaulle n’a pas amélioré le veau français : c’est foncièrement la même viande – on ne peut pourtant pas feindre qu’il ne l’ait pas reconnu, lui à qui on doit ce mot, ce trait-là ! Et donc les mêmes causes réaliseront des conséquences similaires, dont la seule différence consistera en la technologie qui est tout ce que peut apporter le temps à des mentalités figées. On ne verra qu’ensuite, après ce Terrible qui vient quand on s’en sera rendu compte, si notre société est enfin en mesure de se fustiger et de sévir, fût-ce contre un grand nombre, fût-ce contre la majorité justement pour ambitionner une vaste réforme des intérêts du peuple, jusqu’à bannir ce si national « esprit commun » qui couvre toute inconséquence française depuis des siècles, de façon à en instaurer l’unanime mépris, ou bien si, au contraire, la République est destinée à demeurer encore chez nous le régime où l’on flatte les plus bas instincts de la facilité et du confort populaires, où l’on pardonne toujours à des foules pour ce qu’elles sont supposées représentatives des petitesses humaines, et jamais à des individus pour ce qu’ils sont si uniques que leur condamnation ne retombe sur personne d’autre, par viles démagogie et complaisance, par entraînement et goût des réélections maudites et des pleutres concordes – notre histoire pour l’heure, toute notre sinistre actualité enfermée dans l’atténuation dégoûtante des égoïsmes les plus lamentables.

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