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Henry War
10 novembre 2021

Principe psychopathologique de l'obstination au covidisme, ou Une condition du jugement contemporain

Les vaccinés ont intérêt à croire et à nier : un irrémédiable les y enjoint. On peut leur montrer toutes les études indiquant les contradictions de Pfizer, on peut rafraîchir leur mémoire des déclarations de M. Véran assurant que rien de ce qui est devenu obligatoire ne serait imposé, c’est trop tard, il n’est plus l’heure pour interroger leur conscience et leur sens critique.

Ils ont déjà tranché.

Le renouvellement d’une réflexion ne serait qu’un souci à ajouter à leur position déjà insoluble et fatale. Ils refusent la possibilité d’une erreur. Ils préfèrent ignorer qu’ils se soient trompés. Ils ne veulent plus seulement interroger le sujet. La question est derrière parce qu’ils sont inoculés. Trop tard. Donc il vaut mieux que j’aie eu raison, se disent-ils. Ergo, j’ai raison. J’ai raison pour tout ce qui est devenu insoluble et fatal. Une spécieuse variation d’Épictète les occupe, en somme, superficielle et antiphilosophique, à savoir non pas : « Ne considérer que ce qui dépend de moi », mais : « Considérer que tout ce qui ne dépend plus de moi est très bien, vraiment très bien comme ça. »

Certes, il est impossible d’extraire de leur corps un produit qu’ils seraient venus à réprouver. Or, puisque le réprouver serait inconséquent, il ne reste qu’à l’approuver : c’est la seule attitude qui s’impose pour bien vivre. On valide ce dont on ne peut rien : automatisme ou systématique de la pensée primale. Le jugement critique ne sert que pour déterminer l’avenir, pas le présent, encore moins le passé ; juger ne se conjugue plus qu’au futur. Le présent étant le fruit d’un jugement passé, il est une conséquence advenue, il se présente comme une destinée, puisqu’on n’y peut rien. Alors, autant accréditer la destinée, c’est moins douloureux que de se plaindre. Ô stupidité du Contemporain qui fait du jugement aussi une utilité, un utilitarisme ! En somme, inutile de juger ce qui est fait et qui poursuit son effet sur moi, inutile notamment de le juger autrement que bien. Tout ce qui se présente à moi comme une conséquence réalisée est perçu automatiquement, sans recours au jugement, comme favorable.

L’évitable comme condition du jugement contemporain.

On mesure la perfectibilité d’une Nation et son attachement à la vérité à la façon dont, pour des erreurs manifestes, du moins pour des incohérences flagrantes, le citoyen est capable de se rétracter : ici, point. Car ce n’est pas le calomnier que d’admettre que jusqu’alors le vaccin s’est présenté à lui essentiellement comme une recommandation plutôt que comme une preuve formelle, et aussi que, s’il y a souscrit avec intelligence, c’est qu’il a estimé plutôt la fiabilité des gens qui l’ont prescrit que la technique, trop sophistiquée et absconse pour son entendement, qui la constitue ; or, c’est objectivement qu’on constate que ceux qui ont réalisé cette incitation sont des menteurs ou n’ont cessé de se tromper et de se dédire de leurs déclarations antérieures ; alors, sur quel fondement rationnel le Contemporain peut-il continuer à penser qu’il avait raison de suivre leurs conseils ? Serait-il raisonnable de se fier à qui se désavoue continuellement ? 

Un individu perfectible, lui, reconnaît ses erreurs passées, il les identifie et les corrige s’il peut, il se targue au moins de les avoir reconnues s’il ne peut les changer. Le Contemporain, lui, se contente perpétuellement de les entériner. L’obstination à persister sans argument, cette sorte de « conatus » vil et sans effort, est le symptôme d’une société qui hésite à réfléchir, qui omet de réfléchir, parce qu’elle sent bien que la réflexion pourrait la culpabiliser ou l’humilier. Réfléchir, c’est songer aussi à ce qu’il y a d’erroné ou d’insuffisant en nous.

J’évite d’évoquer auprès de ma femme, vaccinée, les révélations nombreuses relatives aux défaillances du vaccin : cela l’importune en lui causant un pressentiment de regret. Non pas qu’elle fût vaccinée de bon gré, mais « cela est fait », y revenir lui est une douleur et une gêne, et, quand j’échappe un peu malgré moi une remarque, elle la balaie d’un revers de conscience dérangée, elle ne veut pas en entendre parler, ça la déprime d’avance. C’est bien pour cette raison que les vaccinés iront à la troisième dose, qu’ils y sont d’emblée favorables sans y avoir de nouveau pensé, qu’ils iront à la quatrième et ainsi de suite, autant de doses qu’on voudra : ils ont une fois décidé, ne sont pas en mesure, intellectuellement et moralement, de reconnaître leurs torts ou même de reconsidérer leur position. C’est qu’en vérité, ils ne l’ont jamais été, n’ayant pas cette culture. Il faut qu’ils persistent parce qu’ils l’ont déjà fait. Ne leur demandez pas pourquoi ils y retourneront, ne leur demandez pas de regarder aux arguments opposés : c’est fini, c’est inutile, ils font pour l’unique raison que leurs habitudes sont prises, une seule pensée définitive pour chaque chose, et la pensée est déjà faite, vous les agacez de leur rapporter des soupçons et des doutes qui ne pourraient plus avoir sur eux que l’effet désagréable d’un regret. Ils s’aiment eux-mêmes, tels fermes et stylés qu’ils sont. Ils peuvent tout à fait se dire par exemple détracteurs de la peine de mort, mais si vous les interrogez pourquoi, et même avec ouverture, ils vous répondent presque toujours des platitudes qui seraient inaptes à persuader un adolescent : au fond, ils sont contre la peine capitale parce qu’ils ont grandi comme ça, dans un pays qui n’en voulait plus, et c’est bien de poursuivre des mœurs installées, on appelle ça « le progrès ». Ils perpétuent toujours, sans trop savoir, les rites d’une ancienne et première décision. Cessez de leur poser des questions : on dirait que vous cherchez à les piéger. Vous leur êtes pénible, en tous cas, et c’est au point qu’ils pensent sincèrement que vous ne voulez que leur faire de la peine.

Et comment penseraient-ils que vous avez de bonnes raisons, eux qui n’en ont guère et qui se figurent, automatiquement, que l’humanité est à leur image ? Ils n’ont d’ailleurs pas tort : les contradicteurs sensés sont bel et bien des exceptions.

Il faut de la force pour changer, il faut de la force pour se résoudre à ne pas accepter ce qui est, y compris soi-même. « Ce qui ne tue pas rend fort », écrivait Nietzsche ; oui, mais c’est à condition que la volonté ne soit pas déjà morte, à condition qu’il existe encore en l’homme une puissance d’opposition et de changement. Si « ce qui ne tue pas » n’exerce aucune influence sur la pensée, si « ce qui ne tue pas » sert uniquement comme critère de validations de toutes les actions ultérieures, alors il n’y a nulle force à attendre d’un « ce qui ne tue pas ». « Ce qui ne tue pas » devient une cause sans plus, « ce qui ne tue pas » dissout sa vertu dans l’inéluctable déshumanisé des conséquences nécessaires.

On devine qu’une telle société, la nôtre, ne change que lentement, parce que sa volonté générale, qui ne s’exprime, notamment en démocratie, qu’à travers les volontés individuelles, est une inertie de coutumes et d’usages. Si le Contemporain refuse de simplement recevoir des arguments au prétexte que « ses résolutions sont prises », comme elles sont souvent prises sur des bases absurdes qu’il faudrait périodiquement réétayer ou réformer, alors il reproduit des fautes et se cache qu’il s’agit de fautes, parce qu’il lui est par trop désagréable de s’être trompé. Le vaccin – comme tout autre sujet de cet ordre – lui devient une prévention, c’est-à-dire qu’il se présente à lui sous l’aspect d’un préjugé, il s’impose au psychisme comme valeur positive ou négative avant d’être questionné : l’esprit s’est senti affermi d’avoir admis une thèse, c’est pourquoi il préfèrerait ne plus jamais la questionner.

Ainsi, il est aussi vain de proposer à des vaccinés les documents indiquant des soupçons sur les vaccins ou les gouvernements qui les imposent que de lui marteler les suspicions pesant sur le réalisateur d’une série télévisée qu’il adore et qu’il serait, à cause de cela, tenté de ne plus regarder : cette série lui procure de la stabilité et du réconfort, il a pris l’habitude de s’installer devant son écran tel jour de la semaine et à telle heure, c’est son petit rendez-vous de routine et d’oubli, pourquoi prendrait-il la peine et le risque de s’informer que le réalisateur a peut-être violé des filles ? vous l’embêtez à la fin, vous brisez sa tranquillité, vous heurtez sa conscience. Nul soulagement issu de la vérité (car il n’a aucun intérêt pour la vérité, il s’en moque, la vérité lui est seulement un outil, il n’a pas la plus petite disposition ou sympathie pour la philosophie) ne compenserait le trouble qui en résulterait contre son confort et sa quiétude, contre son image-de soi. Il veut être heureux et s’estimer, il veut être en paix par-dessus tout autre critère d’amour de soi, voilà pourquoi il ne tient pas à se remettre en cause ni à approfondir son jugement pour s’apercevoir, peut-être, qu’il n’a pas eu tout à fait toujours raison, et voilà pourquoi il refusera d’entendre ce que vous lui suggérez – l’oubliera même comme un surprenant amnésique –, à savoir de se renseigner rien qu’un peu sur les circonstances d’un vaccin ou d’autre chose dont l’idée le dérange ou le contrarie. Même, d’une façon générale, le tout dernier désir d’un vacciné, c’est d’entendre parler du vaccin en bien comme en mal : en effet, comme il a une fois admis que ce qu’il a introduit en lui est une bonne chose, le lui confirmer est inutile et ne saurait en potentiel lui apporter du pratique, tandis que toute information distincte qu’il en peut recevoir n’est que susceptible de l’inquiéter c’est-à-dire, selon une définition extensive induite par une société du confort et du divertissement, que lui nuire. Ainsi, toute nouveauté sur le vaccin, il a plutôt, par calcul comme par instinct, intérêt à la fuir.

En résumé, plus qu’une morale contemporaine, plus qu’une maxime séculière, plus qu’un adage universel, une structure mentale, un processus logique, une véritable psychologie de notre époque : 

« Je l’ai fait, c’est donc bien, alors je ne veux plus en entendre parler. »

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