Le stupide mépris des Français

On sait que je ne rechigne pas au mépris, mais c’est à condition qu’il soit dirigé, avec raison, dans l’intention de corriger. La façon dont les Français sont venus à souhaiter : « Mort aux anti-vax ! », comme ils disent ou pensent, constitue, depuis qu’en foule comparable ils ont voulu la même chose aux Juifs, un témoignage d’imbécillité obtuse de nature à confondre leur réelle intellectuelle nature. On ne croyait pas qu’en moins de deux ans un gouvernement, par ses mesures de plus en plus décomplexées de moralisante discrimination, eût pu introduire dans la mentalité d’un peuple un tel clivage, une telle animosité, en faire ressortir toute la substance primitive et vile. Je lis Tocqueville, le tome II de De la démocratie en Amérique, et j’en suis à la considération selon laquelle ce qui induit la douceur dans les rapports entre citoyens, c’est le sentiment d’égalité qui pousse à admettre l’autre comme son prochain. Eh bien ! ce sentiment s’est effondré, en fort peu de temps, au point qu’un Vacciné considère un Sceptique comme son inférieur, et il ne recule plus du tout à l’opprimer comme un esclave nègre. C’est terrible, terrible ce qu’une paire d’années ont pu faire au peuple, à sa cohésion, à son apparence de confraternité ! Très bientôt, personne ne s’indignera quand un Non-vacciné ne pourra plus prendre rendez-vous chez un médecin, exercer son métier, glisser son bulletin dans l’urne ni quitter le pays ; ce sont des parias, on les admet tels. Ils n’ont pourtant fait que refuser un acte facultatif : ils n’ont commis aucun délit, enfreint aucune règle, seulement ils n’ont pas souscrit à une préconisation officielle qui n’est pas obligatoire, alors on les a discriminés jusqu’au mal-être, comme si l’on cherchait depuis longtemps un nouveau bouc-émissaire pour y porter son insidieuse antipathie. J’accepte bien, par exemple, qu’on refuse d’inscrire son enfant à l’école : eh bien ! la mentalité actuelle voudrait que je considère de tels parents en proscrits ; ils expriment seulement un droit : pourquoi les contraindre, ce qui n’est pas interdit est bien licite ? Si l’on prouve que l’absence de vaccination est l’équivalent d’un meurtre, il n’y a qu’à l’interdire, voilà tout ; oui mais c’est de plus en difficile à démontrer : on ne vit plus sur cette idée que par catéchisme et propagande. Au même titre et pour filer mon exemple, on évite de vérifier scientifiquement les compétences des enfants qui font cours à la maison : on aurait tendance à prouver qu’ils ne sont pas moins intelligents que les autres, et même que… mais chut ! ce n’est pas cette version qu’il faut rendre, et l’on doit plutôt inciter à croire qu’à cause d’eux les classes sont plus chargées et qu’ils nuisent au système éducatif dans son ensemble, faute de solidarité. Les Français sont mesquins, crétins, malades. Et bientôt, un vaccin tous les quatre mois, et la FDA permet déjà trois : n’importe, la réprobation désinhibée ira à qui déroge à l’injonction gouvernementale, parce que soi-même on s’y résout, et qu’on ne voit pas pourquoi les autres y échapperaient. Ah ! qu’on juge comme leurs critères de sélection, comme leurs critères de grandeur, comme leur morale tout entière, sont idiots ! J’ignore comment ça finira, mais l’abjection semble infinissable chez un peuple de crapules et d’abrutis. C’est certainement une sorte de confort qui a apporté tous les progrès des temps modernes, oui, mais de quelle vertu proviendra la renaissance qu’il faudrait à notre ère, cette contemporanéité que le confort même a rendue d’une suprême turpitude ?