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Henry War
6 janvier 2022

Ce qu'on reproche aux non-vaccinés

Il n’existe pas de mécanisme avéré par lequel les non-vaccinés contribueraient à la propagation du Covid-19. Ne pas se faire vacciner ne saurait être considéré, en l’état actuel des connaissances, comme un acte nuisible à la santé publique. L’OMS a confirmé ce fait. Les non-vaccinés, selon toutes les études, ne transmettent guère davantage la contagion ; ils n’entraînent aucun danger pour les autres ; ils n’occupent proportionnellement pas beaucoup plus de lits même en réanimation, en dépit des allégations, et l’on tend même à vérifier qu’en tenant compte de leur ratio, les admissions à l’hôpital sont plus nombreuses, actuellement, chez les vaccinés.

Ce n’est pas de la faute des non-vaccinés si l’hôpital est chroniquement en saturation. Un non-vacciné n’est pas quelqu’un qui choisit de tomber malade : il a payé de ses cotisations pour que la société couvre le risque et prévoie logiquement, au surplus, des réserves de santé, et ce qu’il paiera davantage s’il devient malade, c’est qu’il endurera toujours le désagrément de son mal. Au rythme des reproches absurdes qu’on leur fait, il faudra bien envisager que non seulement les alcooliques et les fumeurs soient démis de leurs droits à cause des cancers qu’ils provoquent, mais aussi les skieurs, parce qu’on ne voit pas en cohérence pourquoi la société paierait tant de ruptures de ligaments croisés que le risque du ski entraîne nécessairement et que les autres citoyens risquent en bien moins grand nombre. Si c’est pour limiter le nombre des hospitalisations, on peut envisager, puisque l’obésité et le surpoids sont assurément des causes d’admission pour toutes sortes de pathologies, que l’Indice de Masse Corporelle entre en compte pour réduire et distinguer les droits des gens et les inciter à adopter les élémentaires « gestes-barrières » alimentaires. Moi, je mesure 1m83 et pèse entre 72 et 73kg : que ceux qui condamnent si légèrement ceux qui « prennent des risques » y réfléchissent sérieusement… et se mesurent et se pèsent !

Si la non-vaccination était avérée dangereuse et si la vaccination était bien nette de toute contestation légale, il suffirait de rendre le vaccin obligatoire. Il n’existe pas, en une démocratie bien saine, d’action licite qui s’accompagne d’empêchements – il n’y a qu’aux États-Unis de la ségrégation raciale qu’on intimidait les Noirs qui, conformément à la loi, voulaient s’inscrire sur les listes électorales. En une vraie démocratie, ce qui n’est pas interdit ne peut pas être gêné et poursuivi. C’est tout.

Il n’est certainement pas dans les attributions d’un gouvernement démocratique d’aller « emmerder » des citoyens qui agissent légalement. Certes, il n’était pas dans ses attributions non plus de les discriminer, et c’est pourtant ce qu’il a fait, mais quant à les harceler c’est encore pousser davantage la limite d’un État : une démocratie constructive devrait avoir, je pense, bien d’autres efforts à entreprendre que de solliciter ses assemblées à dessein d’aller opprimer des innocents.

Si le gouvernement n’est pas content des non-vaccinés, il n’a qu’à faire son travail et proposer la vaccination obligatoire. Pourquoi s’énerve-t-il donc tant ? Est-ce qu’il n’a pas eu largement le temps de déposer une loi en ce sens depuis deux ans ? Allons ! Si le non-vacciné commet une action indigne d’un « citoyen » c’est-à-dire qui est incivique, et si on le considère comme une sorte de délinquant, alors il lui faut un délit authentifié pour pouvoir se défendre sur un fondement clair. Or, pour l’heure, quel délit le non-vacciné a-t-il commis ? Aucun. Il est bouc émissaire, mais on n’a encore rien de tangible à lui reprocher.

On ne cherche sournoisement qu’à « emmerder » les non-vaccinés – bien qu’à présent ce ne soit même plus dissimulé. On leur dit : « Vous avez le droit, oui, mais ce droit n’est quand même pas légitime. Votre droit est un abus moral, vous ne devriez pas avoir la liberté de ce droit, par conséquent nous allons restreindre vos possibilités d’agir sans vous empêcher la légalité d’agir comme vous faites. » En gros, on ne prohibe pas l’alcool, mais on gêne l’achat du verre à pastis. Quelle est donc cette drôle de démocratie qui ne tâche pas à faire correspondre le légal et le légitime ?

 

***

 

On ne s’est pas aperçu du terrible, dans la déclaration de M. Macron qui admet vouloir emmerder les non-vaccinés et en faire moralement des irresponsables et des non-citoyens. Les observateurs se sont appesantis sur des incohérences lexicales et sur des points de légalité, ils se sont fondés sur des postures et sur des niveaux de langage, ils se sont fondés sur des symboles et des partis.

Ils ne se sont pas fondés sur le fond. Tout cela qu’ils ont remarqué, ce n’était pas le plus important. Ce n’était pas l’essentiel et le profond.

Personne, je crois, n’a cherché à comprendre psychologiquement ce que cela signifiait.

Un président estime que les non-vaccinés sont des parasites détestables. Soit ! C’est sa conviction. Oui, mais cette conviction n’est étayée d’aucune preuve ; rien ne vient la confirmer. Or, comme il est certain, il répand cette conviction comme il la sent, comme il se la représente, comme il la vit viscéralement. Il ne ment pas : les non-vaccinés « l’emmerdent » bel et bien, et c’est bien là son sentiment profond.

Or, qu’on voie déjà comme ce qu’il y a de plus profond en lui est… épidermique et superficiel ! Enrager pour si peu : des gens qui usent de leur libre droit de ne pas se vacciner !

M. Macron est assurément un homme qui vit mal qu’on lui oppose, et qui, au moins sur de certains sujets, ne reconnaît pas le droit de ne pas être d’accord avec lui : il considère alors cela comme une variété d’offense personnelle, si on lui résiste.

On le trouve ici un homme susceptible. Pourquoi là-dessus en particulier ? Je ne le sais pas au juste, mais ce n’est certainement pas parce que la question de la santé lui est plus sensible ou plus grave : deux cents milliards de dettes impossibles à rembourser valent bien ça en termes de conséquences, sans parler des carences hospitalières qu’il ne compense pas. Mais je ne puis m’empêcher, moi, d’y voir la contrariété d’une personne qui a fait à d’autres des promesses qui lui sont entravées, et qui en tire la vexation de ne pas tenir parole auprès de ses maîtres admirés. On verra peut-être un jour si j’ai tort ou raison ; nul ne sait expliquer autrement, jusqu’à présent, pourquoi M. Macron, qui ne s’emportait que « parce que c’est notre projet !!! », en vient tout à coup à mordre avec une telle disproportionnée virulence : il faut rappeler, une fois de plus, que les non-vaccinés, vraiment, ne sont de rien dans l’épidémie qui, de surcroît est manifestement en voie de disparition.

En tous cas, voilà : il est énervé alors il vitupère et devient très familier… et ce n’est pas du tout par intention comique comme il en avait l’habitude : il ne s’agit pas de quelque « pognon de dingue », par exemple. Non, il est énervé, comme sous le coup d’une intense frustration, et il voudrait que chacun comme lui s’agaçât, il veut partager, communiquer sa colère. Certes, il n’a pas de preuve de ce qu’il déclare, il n’a pas d’argument pour appuyer cette agitation rougie, alors il use du ressort des passionnés : il s’entraîne, s’encourage par ses mots et par son ton. Il supplée à la raison par des échauffements qui l’incitent à les renouveler et à les amplifier. Il ne se censure plus, c’est fini. Comme il a « très envie », il emmerdera « jusqu’au bout ». Or, tout ceci intelligemment ne veut rien dire. Ce sont des élancements qui font enrager, mais ça n’a pas de fond logique, si l’on y examine. On devine évidemment qu’il aspire à interdire ceux qu’il considère ses opposants, parce que c’est une opposition qui lui est insupportable.

Tiens ! justement, un peu plus tôt, M. Véran, en pleine séance de l’Assemblée nationale, songeait tout haut à poursuivre Mme Wonner pour diffamation, et c’est à peine s’il s’est rendu compte qu’il l’avait dit : ce sont décidément des hommes qui ne se retiennent plus. Lui aussi a le réflexe de faire condamner ceux qui le désapprouvent, oui, mais il ouvre les yeux, s’aperçoit alors qu’il vit encore à regret dans un monde de Droits, malgré l’état d’urgence et les Conseils de défense (je rappelle qu’il ne choque personne qu’on continue d’appliquer un dispositif prévu initialement pour pallier les situations critiques de guerre mondiale) ; il l’a tant pensé qu’il le dit en hémicycle, à peu près comme ça : « Vraiment, s’il n’y avait pas des lois pour vous défendre, si nous vivions dans une société plus correspondante à mes vœux, je vous ferais foutre au cachot, Madame » (c’était après, je crois, qu’il l’ait traitée de sale droguée). Au cours de ces débats, le ministre de la santé n’a jamais écouté un argument scientifique qu’on lui a opposé : sa résolution, à ce point, n’était plus rationnelle. Il aurait pu hésiter quelquefois ou du moins exprimer qu’il se renseignerait sur les études que des députés lui soumettaient et qu’il ignorait probablement : mais non, il s’est contenté de les nier systématiquement alors que, dans leur lot presque innombrable, il ne se peut qu’aucune n’ait été digne de considération.

Au surplus, M. Véran, s’il est un peu stratège comme je le présume (c’est qu’il a souvent menti délibérément, par conséquent ce n’est au moins pas un homme de pleine spontanéité), a volontairement adopté le procédé consistant à discréditer ses ennemis en les taxant, quand ils sont imparables ou qu’il ne peut rétorquer, de fous ou de méchants. Il n’est pas impossible, je veux dire, que dans l’idée de persuader des foules, il se répète l’antienne suivante, à chaque difficulté qu’il rencontre : « Ne pas essayer d’argumenter. Se placer dans le camp du bien. Nous sommes, nous, les responsables : ne pas sortir de cette ligne. Ne pas recevoir les constructions logiques. Nos opposants sont immoraux, un point c’est tout. » C’est en tout cas ce qu’il donne souvent l’impression de se dire, et j’estime que c’est possiblement calculé, que ça lui épargne d’écouter tout en se croyant remporter les débats quand un argument le dépasse ou le submerge.

M. Castex, hasard ! s’élance aussi en diatribe forcenée, lui le flegmatique fonctionnaire de pays, contre les députés qui ont refusé de prolonger la séance d’examen de la loi sur le pass vaccinal, livrant des comparaisons absurdes et exacerbées. Or, si lui aussi pouvait faire casser la gueule de ses adversaires politiques, on devine un peu où l’on en serait – oui, mais il y a le Droit, satané Droit, et voilà le hic. Il faut donc trépigner, ce qu’on ne veut même plus se résoudre à faire en silence : on s’octroie la largesse de s’épancher. On dit donc ouvertement : « Messieurs les députés, tels que vous êtes et agissez, on devrait foutrement vous faire interdire. »

M. Attal confirme, et maints autres élus avec lui ; en substance, ça donne : « Vraiment, j’incite tous les Français à reconnaître avec moi que les non-vaccinés nous font chier, puisqu’on a le droit de dire ce qu’on pense, pas vrai ? »

Mais pourquoi ? Sur quel fondement les non-vaccinés leur sont-ils désobligeants ? Ces désinhibés, ces défoulés de l’accusation triviale ne le disent point, ne l’expliquent jamais, ils ne sauraient le démontrer ; ils savent surtout qu’on ne suit pas leurs préconisations, sentent qu’on leur désobéit, qu’on nuit à leurs volontés en ne s’y pliant pas. Mais on sent bien deux choses :

La première, c’est qu’ils n’aspirent pas seulement à jeter l’opprobre sur les non-vaccinés mais à susciter des émules. C’est à peine s’ils se retiennent de dire : « Français, ne vous retenez pas de haïr explicitement nos opposants. Vous avez bien le droit, puisque nous y sommes portés nous-mêmes, nous vos dirigeants et représentants, nous gens notoirement responsables, comme vous le voyez. Ils vous haïssent sans le dire, à ce qu’on croit savoir, haïssez-les donc hautement et sans complexe. »

La seconde, c’est qu’ils aspirent à paraître ressembler aux Français et à susciter bientôt leurs suffrages : on a en effet bien l’impression qu’ils estiment que leurs compatriotes pensent comme eux, et que, par conséquent, ils suggèrent comme ils sont, eux, bien des Français comme les autres, des élus pour qui, notamment, il faudra voter, en bons représentants d’une conformité de haine et de misère intellectuelle et morale. Ils sont, en somme, des gens bien moyens comme les Français et qui proposent de les libérer de leurs passions rentrées et contenues.

C’est cela qu’on n’a pas remarqué.

On taxe de populisme tout ce qui est populaire, et cela m’embête, parce que le mot sert à disqualifier d’office toutes les volontés des citoyens ; on devrait qualifier tel – populiste – ce qui abonde plutôt dans le sens de toutes les vulgarités du peuple.

Notre gouvernement, avec tous ses suppôts d’à présent, révèle combien il est devenu, au sens propre ainsi défini, populiste.

Ce n’est plus une question de vérité, vous comprenez ? c’est une question de principe : l’idée est figée, et c’est non pas : « les non-vaccinés ont tort », assertion embarrassante parce qu’elle ne connaît pas de preuve définitive, mais c’est : « les non-vaccinés nous emmerdent. » Il faut reconnaître qu’alors c’est une emmerde purement mentale puisqu’on ne peut pas même identifier une intention d’emmerder issue des non-vaccinés, mais on propose d’y répondre par une emmerde – et même une somme d’emmerdes – concrète et légale. C’est, par pure vengeance contre ce qui, en eux, doit s’assimiler à un « abus de liberté », une mentalité de l’enferrement coûte que coûte : « Nous sommes nombreux et ça suffit à démontrer que nous avons raison ; n’y songeons pas outre-mesure. Parce que nous sommes 90%, il faut appliquer une politique d’exclusion des 10% restants. » Ce ne sont pourtant pas les actions des 10 qui emmerdent, puisqu’ils ne font en effet à peu près rien, c’est leur existence même. Que 10 persistent contre 90, quand on fait partie de ces 90, c’est ce qu’on ne saurait plus tolérer.

C’est surtout, et voilà le point essentiel et où je veux venir, une mentalité de ce qu’on pourrait appeler le forçage de l’oubli. Je veux dire que les vaccinés, au fond – c’est manifeste quand on parle avec eux – ne disposent d’aucun argument réfléchi contre les non-vaccinés. Je ne signifie pas que les vaccinés sont bêtes, mais je remarque qu’ils fondent leurs opinions anti-non-vax sur certaines présomptions qu’ils ont entendues et jamais vérifiées : par exemple, ils disent que les non-vaccinés contaminent, et quand on leur démontre le non, ils changent d’idée, sont embarrassés, prétendent soudain que les non-vaccinés sont plus malades que les autres, à quoi on leur répond que ça ne se vérifie pas tellement et que, même si c’était vrai, il suffirait qu’eux fussent vaccinés pour ne rien en craindre (sans parler que, évidemment, le petit 10% de non-vaccinés ne peut pas être accusé d’avoir répandu ce qu’on appelle la « vague » actuelle : c’est donc bien une recrudescence de maladie transmise en majorité par des gens vaccinés).

Les vaccinés ne veulent pas entendre parler d’arguments rationnels. Ils ne sont pourtant pas essentiellement irrationnels, non, mais…

Ils n’y ont pas réfléchi. Ou plutôt, ils n’y réfléchissent plus.

Ou plutôt, ils ont intérêt à n’y plus réfléchir. Et pourquoi ?

Voyons. Vous êtes vacciné, par conséquent la chose est faite : vous ne souhaiteriez pas apprendre que votre décision était mauvaise, puisqu’elle est irrémédiable. On ne se renseigne pas sur les dangers d’un vaccin après avoir été vacciné. On préfère se dire que c’est une bonne action accomplie, et puis passer à autre chose.

On s’est vacciné justement pour avoir l’esprit tranquille, et parfois on s’y est résigné après bien des tensions intérieures. On évacue tout ensuite, et puis, espère-t-on, définitivement.

Oui, mais s’il continue d’exister un foyer de non-vaccinés, avec leurs arguments, avec leurs pensées, avec leurs oppositions et leurs doutes exprimés et perceptibles, qu’advient-il ?

Il n’advient pas que vous avez plus raison ou qu’eux ont moins tort, ça non.

Il advient, précisément, que les non-vaccinés vous empêchent d’avoir l’esprit en paix. Que les non-vaccinés vous donnent du souci. Que les non-vaccinés retardent le moment espéré de résoudre la question une fois pour toutes et de la reléguer aux oubliettes de la pensée. Rien de plus banal qu’un vacciné qui vous exprime après deux minutes qu’il ne veut seulement plus aborder le problème.

Ce n’est pas la faute du tort des non-vaccinés, s’ils vous importunent – vous ne sauriez démontrer au juste s’ils ont tort.

C’est la faute de leur existence.

Ils ont peut-être raison – mais c’est ce que vous ne voulez plus démêler – : n’empêche, ils vous irritent par leur parti même, et vous donneraient peut-être des remords, à les entendre.

En un mot, il advient que les non-vaccinés, tort ou pas tort, vous emmerdent.

Le seul tort des non-vaccinés n’est donc pas un tort sanitaire et scientifique, mais c’est un tort psychologique qu’ils font aux vaccinés. Ils font du tort à ceux qui, n’ayant pas fait comme eux, s’abstiendraient volontiers de penser qu’ils ont peut-être mal fait. À toute époque, on rencontre des gens qui ignorent ce qu’ils supposent mais qui veulent surtout qu’on ne les contredise pas. Notre temps, de manière plus spécifique, est celui de personnes qui refusent de se remettre en cause et d’échapper à l’empire du divertissement, parce qu’ils devraient réinvestir avec peine les ressources de leur pensée en fuite.

Les non-vaccinés sont la mauvaise conscience de notre siècle de divertis évaporés.

C’est cela qu’il faut entendre dans : « Les non-vaccinés nous emmerdent » ainsi que dans toutes les récriminations qui les défaussent symboliquement de la citoyenneté. C’est vrai, c’est irrépressible, c’est plus fort que soi et plus facile qu’une quelconque pensée élaborée. C’est la rengaine qui crie en soi :

« Je suis un enfant qui réclame à ne pas être perturbé ou contrarié. Tous les enfants avec qui je suis exigent qu’on ne les dérange pas dans leurs jeux évanescents. La société des citoyens, ce n’est rien d’autre que la société d’une majorité d’enfants comme nous. Alors tremblez que bientôt vous ne soyez éjecté de la solidaire ronde des enfants imbéciles qui ont des droits. Le doute que vous nous inspirez, c’est le mal que vous nous infligez, un mal véritable, indéniable parce que ressenti. Or, en démocratie, tout mal se paye. Et vous allez payer, à la fin. »

Je parle à présent de la part des non-vaccinés pour répondre à ces enfants capricieux-là :

« Vous ne nous emmerdez pas, vous, les vaccinés, pas du tout. Simplement, nous vous aimerions souvent plus accessibles à la raison et au dialogue. Et vraiment, sachez que nous ne sommes pas enferrés dans des convictions ; nul ne lit plus que nous toutes sortes d’articles de sciences. Vous affirmez souvent que nous ne lisons que ce qui nous confirme, et, si je consens d’assez mauvais gré à vous l’accorder, c’est pour vous indiquer que nous, au moins, à votre différence nous lisons encore, ce qui constitue un effort. Par l’acceptation passive et incitative du troupeau que vous formez, nous sommes aujourd’hui interdits en maints endroits et, jusqu’à présent, nous avons accepté avec patience d’être discriminés, parce qu’en une certaine mesure cette discrimination nous range à part des enfants comme vous, nous distingue et nous valorise. Mais il n’est pas donné que nous consentirons à être explicitement harcelés et que, dans votre cour d’école où nos réflexions posées vous ennuient et vous tracassent, une majorité d’enfants entêtés vienne frapper qui n’est coupable d’aucun méfait reconnu. Si certains de nous tendent déjà le dos parce qu’ils prédisent que les coups pleuvront sur eux, nous ne pouvons pas garantir qu’ils en feront tous ainsi pacifiquement. Ce n’est pas un ultimatum, pas une menace : mais que feriez-vous vous-mêmes si, en n’importe quel lieu censément démocratique, vous trouviez une bande de stupides féroces pour s’abattre, avec vulgarité et au prétexte du plus grand nombre, sur votre minorité pacifique, licite et égale ? Parfois, c’est seulement une pitié envers soi-même, après les discriminations et les harcèlements, que de se défendre. L’Histoire, qui est un grand détachement de postérités, juge souvent que les mâchoires érigées valent moins que les dos, patients ou non, qu’elles ont déchiquetées : voyez la façon dont vous voudrez être considérés par vos successeurs si, arrivés à ce point d’oubli et de déchéance, vous êtes devenus incapables de vous regarder en conscience et de vous conduire sagement par vous-mêmes. »

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