Le meilleur de M. le Maire

« Les sanctions infligées à la Russie sont d’une efficacité redoutable. Nous livrons une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe. »

Ces propos de M. Le Maire, prononcés sur Franceinfo puis synthétisés tels sur Tweeter, n’ont pas fait assez réagir. La décomplexion avec laquelle ils ont été émis, ainsi que leur intonation martiale et tranchée, ne laisse place à aucun doute quant à la certitude de leur locuteur, et signale assez combien un gouvernement s’est arrogé la posture du chevalier blanc dont la dureté traduit la lutte du bien contre le mal en un manichéisme inepte et pas reconsidéré depuis longtemps.

Un homme d’État, en un temps de délicate diplomatie où l’escalade peut conduire à des cataclysmes, ose utiliser l’expression de « guerre totale » pour exprimer la position française à l’égard de la Russie !

Un homme d’État, malgré la nuance à laquelle l’incite un journaliste, insiste sur l’idée que c’est bien le peuple russe, et pas seulement ses dirigeants, que la France va cibler et faire souffrir !

Vraiment, nous avons trop habitué nos hommes d’État, ces dernières années, à tenir des discours vains et excessifs : ils en ont pris le pli, et à force de déclarer des guerres contre des maladies assez inoffensives, ils ont oublié que ce n’est pas à des Covid-19 qu’ils s’adressent à présent !

Là, c’est un conflit compliqué, Messieurs, vous ne jouez plus les fanfarons ; cessez donc vos enfantillages ! Nos hommes d’État, qui n’expriment que rodomontades et en tout premier lieu M. Véran qui ne sait plus s’expliquer aux députés sans les traiter de fous et les menacer de prison, s’autocongratulent désormais avec tant de complaisance qu’ils sont devenus incapables de regarder des situations avec finesse et rigueur, ils ne tiennent plus leur langue, ils posent sans cesse, ils s’emportent et ne peuvent s’empêcher des airs d’arrogance en se croyant les maîtres du monde ! Ils aspirent à gagner par tumulte des opinions faciles, et ils ont cependant cessé de souhaiter gagner par argument des esprits subtils et droits ! Ils s’estiment fiers d’avoir combattu une épidémie qui s’est arrêtée toute seule, et, forts de cette victoire, pour asseoir ce triomphe dont ils ne doutent point, les voici invincibles qui lancent des provocations sans se rappeler très bien que ce ne sont plus des molécules qui les écoutent ou ces demi-bêtes que sont les citoyens français, mais des puissances étrangères bien plus intelligentes qu’eux !

Il ne faut surtout pas être solidaires de pareils sots quand on est de quelque conséquence, ou l’on croirait que les Français plébiscitent ce genre de périls, qu’ils sont d’accord avec ça ! Quoi ? voulez-vous, vous, la guerre totale, fût-elle économique, contre les habitants de Russie ? À mon avis, c’est absolument un devoir moral de s’opposer à des gens capables d’échapper des conneries pareilles, de les échapper avec conviction comme le fond d’une pensée préparée et construite, de les échapper comme si, en une époque capitale pour la paix des peuples, le plus conscient qu’on puisse proclamer était à peu près un appel à la destruction des nations. Quand la plus haute responsabilité d’un homme, diffusé sur une grande chaîne à une époque critique, consiste à abandonner les bas instincts belliqueux qu’il faudrait justement retenir et se dispenser de formuler si on les pense, et quand cet homme a encore l’impudence de relayer exactement le pire de ce qu’il aurait pu dans l’instant regretter sur Tweeter, je dis que ce que se croit de plus consciencieux et de plus fin un tel homme, ce qu’en somme un tel homme se croit de meilleur, c’est tout juste la connerie, connerie qu’il diffuse comme une sagesse et une pavane, et que ce qu’il faut coûte que coûte, si l’on a un tant soit peu de jugement des êtres, pour le meilleur de son pays, c’est s’abstenir à l’avenir de voter pour de pareils connards et ceux qui les soutiennent ou qui les sollicitent.