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Henry War
10 mars 2022

La plus grande faute de M. Zelensky

Si le président Zelensky continue à râler si hautement contre l’Europe parce qu’elle ne respecte pas les engagements qu’elle avait pris notamment quand elle promit l’envoi d’avions de chasse en Ukraine, il est perdu, et il perd son pays avec lui.

Il n’est rien de si déplaisant, en effet, pour un gouvernement européen, dans un conflit dont il est parvenu par propagande à polariser nettement le peuple, de s’entendre conspué par celui même qu’il a ouvertement prétendu qu’il faut défendre, fût-ce à juste titre parce qu’on se contente à peu près de faire des déclarations décoratives et de prendre des mesures de rétorsions au lieu d’agir. L’Europe ne tient à rien tant qu’à son image, et M. Zelensky, s’il poursuit dans cette voie de la vérité, risque fort d’impatienter ses alliés. Il n’est point permis, selon toutes les lois contemporaines de la diplomatie, quand vos partenaires ont eu l’obligeance de faire de vous la plus innocente victime qui soit au monde, de vous plaindre publiquement auprès du monde de leur inaction et de leurs verbiages : c’est très mal vu et ça peut même vous fermer tous les appuis.

J’ai vu ce soir 9 mars au journal télévisé de M6 un article où, pour la première fois, on semble admettre que M. Zelensky sait habilement tourner la communication à son avantage en usant – peut-être un peu trop – des réseaux sociaux (on a même suggéré qu’il n’était pas tout à fait indispensable qu’il pose ainsi en habit militaire). C’est peut-être un revirement qu’on tâche à instiller dans l’opinion : si cet homme se plaint de nous, c’est assurément qu’il est louche, car nous sommes des anges ; il faut du moins commencer à vérifier si l’on ne peut pas diffuser sur sa personne une information inversement partiale à celle qu’on a l’habitude de fabriquer.

Je le prédis : si M. Zelensky, par dépit même légitime, multiplie les adresses à l’Europe pour souligner ses défauts, il sera lâché, on justifiera sa défaite, on lui rencontrera des torts ou l’on considèrera qu’il n’y a pas tant de mal après tout à ce que la Russie l’emporte. C’est le vice intrinsèque d’une humanité dirigeante qui n’a plus, depuis longtemps, qu’à vanter sa grandeur, et pour qui le triomphe consiste uniquement à parader avec les « bons » lorsque ces derniers la félicitent pour les avoir ainsi exposés à la faveur des foules.

J’ignore si l’Union Européenne a beaucoup déchu depuis qu’elle existe ; je ne sache pas que son sens des responsabilités et de l’honneur, en l’amalgame des nations où chacune se fond pour n’assumer aucune volonté, pour répartir ses fautes et dissimuler son caractère propre, ait beaucoup apporté de dignité et d’élévation à la grandeur des hommes. Tout ce que j’en vois à présent, c’est une somme de coquettes impotentes et superficielles, assez laides en vérité, qui se regardent au miroir à travers les yeux bas de leurs peuples.

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