mars 2022

On ne rencontre plus d’individu qui se laisse vraiment convaincre, dont le jugement soit suffisamment élevé pour être sincèrement converti à des raisons logiques, qui puisse analyser des arguments à dessein foncier d’atteindre à quelque vérité plus grande : c’est même justement à cette absence d’accès qu’on reconnaît que nous ne vivons pas une époque d’individus. La cause de cela, j’en ai longtemps disserté ailleurs : un Contemporain est d’emblée persuadé et ne tolère pas qu’on le contredise,... [Lire la suite]

Le vote en faveur de M. Macron entérine la pusillanimité et l’immaturité du Contemporain, ou, en un mot, son absence d’envergure politique. Même les partisans du président conviennent en général qu’il n’a pas accompli grand-chose, prétextant, comme c’est de coutume, qu’il a été empêché par la « Conjoncture », ce grand Destin des faits inflexibles que les velléitaires réinvestissent chaque fois que le caractère et la conviction de nos décideurs, autrefois chargés d’imprimer un rythme à la fatalité, furent si faibles... [Lire la suite]

La poésie était autrefois le laboratoire ardu des spécialistes supérieurs du langage, il s’y exprimait un summum littéraire, on y rencontrait des praticiens d’expertise qui rivalisaient de morceaux de bravoure comme des pièces longtemps ciselées et présentées à l’unique concours annuel, elle figurait la quintessence de la contrainte formelle et de la profondeur ; c’était avant qu’elle devienne le lieu de l’épanchement mièvre de qui n’a à bredouiller que son néant banal qu’il enfle et rimaille du préjugé et du proverbe, il ne s’y... [Lire la suite]

M. Zelensky, il faut enfin le reconnaître dans un pays aussi instable que l’Ukraine et tant dominé par des groupes nationalistes difficilement sous contrôle, se sauve lui-même plutôt que son pays : il a compris dans un premier temps qu’en paraissant le bureaucrate assez léger qu’il était au moment de son élection, il passerait pour un pantin théorique qu’un peuple et ses milices complaisamment et craintivement entretenues chasseraient et remplaceraient, alors il a quitté son costume trop propre et enfilé la barbe, et ainsi il se... [Lire la suite]

Pour alléger leur conscience immédiate faute d’esprit de distance c’est-à-dire de lecture, c’est-à-dire de philosophie ou sagesse, c’est-à-dire faute d’esprit tout court, nos gouvernants contemporains sont prêts à tous les « quoi qu’il vous coûte » : leur précieuse estime-de-soi, qui ne saurait s’accepter en assumant des actions mauvaises, tient particulièrement à endosser le rôle de chevaliers, comme en faveur de « la vie humaine » ou de la « solidarité entre les peuples ». Certes, ce... [Lire la suite]

Il n’y a surtout pas lieu de penser que, si le gouvernement français a choisi contre le Covid le vaccin américain de chez Pfizer au point presque d’abandonner inexplicablement tous les autres, c’est parce que c’est le cabinet de conseil américain McKinsey qui a déterminé la stratégie vaccinale en France. En effet, cela reviendrait à croire que ce n’est pas le gouvernement français qui prend chez nous, seul et avec compétence, toutes les décisions en faveur des intérêts français, et que McKinsey n’est pas une société... [Lire la suite]

Sur le sujet des bienfaits intellectuels du temps libre, je n’ai pas manqué de m’interroger sur la stupéfiante naïveté de certains propos tenus dans la littérature entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, propos liés notamment au développement récent des machines : aussi bien Sherwood Andersen, Karel Capek que Bertrand Russel admettent-ils que la diminution du travail conduira forcément à des perspectives d’évolution pour l’individu telles qu’il sera enfin loisible de s’édifier durablement avec volonté et... [Lire la suite]

Comme je l’ai montré par ailleurs, on ne trouve nul Contemporain capable d’admettre un tort qui lui revienne vraiment – il feint d’assumer des culpabilités extérieures, mais il sait in petto que ce ne sont pas les siennes, et c’est pourquoi il n’en tire aucune honte ni sentiment intrinsèquement désagréable, je veux dire désagréable plus qu’en théorie vague, désagréable c’est-à-dire propre à produire une empreinte qui ne soit pas « paradoxalement » désirée ; mais je ne crois pas avoir précisément expliqué pourquoi. ... [Lire la suite]

Si presque tout ce qu’on fait dans l’existence procède, comme y aboutissent mes pensées, de réflexes ou d’habitudes de conformité ; si tout ce qu’on prononce revêt, pour se faire comprendre en pratique, la saveur du banal et le système mental de l’enchaînement forcé ; s’il n’existe plus un état, une attitude ni une réflexion qui ne découle prudemment de l’imitation ou opportunistement de la mode ; et si, au contraire, le récit est le lieu où chaque propos et geste est un acte pesé, minutieux et profond ; si tout... [Lire la suite]

D’une exceptionnelle énergie pragmatique, voilà ce qu’il faut dire de… – J’oubliais : je n’ai presque aucun égard pour les précautions banales qu’on voudrait que j’exprimasse en exergue, à la manière de l’obligatoire avertissement de 1979 que je n’ai pas lu, le danger supposé d’un ouvrage valant moins, à ce que je crois, que le péril de l’influence qu’on préfèrerait exercer sur les opinions avant lecture ; je me moque pareillement que Hitler fut un diable ou un saint, je ne juge point une œuvre littéraire aux actes... [Lire la suite]