Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Henry War
18 juin 2022

Activités de vacances

Je renouvelle mon mépris pour les activités de vacances par lesquelles, en général, on prétend ne s’être pas abandonné à végéter sur une plage ou devant la télévision. Tout ce qui ne sert pas à la bonne santé du corps et de l’esprit me paraît un abominable gaspillage de temps, et ni le corps correctement entretenu n’a besoin de cinq heures quotidiennes de marche, ni l’esprit efficacement conservé ne nécessite de connaître tel musée de la dentelle ou la maison de Victor Hugo : il ne s’agit encore que de prétextes à se tirer de la masse au prétexte qu’on n’a pas « rien fait ». Mais on oublie que toute action ne vaut qu’en proportion de ses conséquences tangibles : est-il bien vrai qu’une énième promenade aura altéré vos conceptions au point que vos actes en tireront des différences concrètes ? Non, tout cela n’est qu’occupation et divertissement une fois encore, c’est juste un autre nom dont on couvre ses désœuvrements pour les excuser ou les vanter. En vacances, je ne balade qu’une heure par jour, surtout parce que j’y trouve un bienfait, après des heures d’écriture, à penser ensuite avec plus de détachement – mes yeux en sortent soulagés aussi –, mais davantage serait un odieux gâchis. Je n’ai visité qu’une fois un château à profit, ce fut celui de Montrésor, dans l’Indre-et-Loire : j’ai été si édifié par ce monument et par ce qu’il signifiait en termes de mœurs que je l’ai inscrit dans un roman, avec un personnage de mentalité analogue. Juger de l’opportunité d’une sortie signifie vérifier l’influence qu’elle a exercé sur notre esprit et la durabilité non de son souvenir, mais de ses effets sur nos pensées et nos actions : ainsi une distraction qui n’est parvenue qu’à délasser provisoirement ne doit pas compter au rang des actions nécessaires au prétexte qu’on y a entraîné ses jambes ; je connais bien des films qui ont un impact plus permanent et qui ne requièrent nullement de sortir d’un canapé.

Le propos de cet article, évidemment, est une révolution pour tous mes lecteurs qui n’ont jamais songé à faire de leur vie quelque chose comme une œuvre.

Quant à ceux qui argueront que, pour un père, une heure de promenade en commun par jour n’est pas de quoi laisser une longue édification dans le souvenir de ses enfants, je leur dirais que mes fils n’auront pas été accoutumés à toutes sortes de dépenses inutiles auxquelles le père les aura obligés avec ou sans bénéfice pour leur affectueuse mémoire, de sorte qu’après m’avoir tant vu à mon bureau ils ne seront pas réduits, à leur tour et à votre imitation, à s’étonner qu’on puisse travailler des heures durant son temps libre, et, certes, s’ils vous seront moins adaptés et ne s’inquiéteront pas des mêmes vétilles que vous comme de savoir l’itinéraire par où la piste du gîte doit rejoindre le château de Chambord à vélo, ils n’ignoreront pas ce que c’est que de veiller toujours à croître en esprit ; ils seront sages comme le fut leur père occupé s’ils suivent son exemple, considérant que la vie est une histoire dont il ne faut pas perdre en vain une seule minute, et ne seront pas ridiculement excités à la pensée de projets dérisoires fascinant la société entière, comme d’occuper le baquet d’une monoplace pendant trois tours de piste ou de feindre de s’intéresser à l’évolution de la chemise en lin vers le milieu du XVIIIe siècle.

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Pour ma part les activités de vacances sont assez cérébrales mais sans les devoirs. Parole d'arpenteur. Clandestin maquisard, allez légat au goulot ! <br /> <br /> Alors que l'on peut opportunément profiter quiet et béat d'un bien bon déchipouchailloudage intégré avant fragmentationnement total, au fond, à l'aventure. Les pieds dans l'océan ou sur les épaules du spectateur assis devant soi dans la salle du cinéma, ne pouvait-il trouver un siège vacant, lors je suis en vacance, le Saint-Siège sédévacantiste donc ? Finalement tout ça se rumine en orbite de Thoreau, ou plutôt Gagarine au sujet de la Nannarella, la bellissima mamma Roma : « Je salue la fraternité des hommes, le monde des arts, et Anna Magnani.» Alpha à la Terre, me recevez-vous ? Décroché perché, congés longue durée. Enfin soul l'âgé. Tout son Soul. Bisous des confins des pulsars derviches (et à jeun pour de vrai, imaginez donc si seulement...). <br /> <br /> A ce stade d'offense je n'ose imaginer les commentaires de Thierry Henry.
Répondre
Newsletter
Publicité
Derniers commentaires
Publicité