29 septembre 2022

Le Contemporain est un Münchhausen

L’un des grands malheurs du Contemporain, c’est de n’avoir pas de malheur si authentique qu’il puisse se donner, avec cela, l’illusion de sa grandeur par l’impression d’une épreuve. Il se sait vivre dans un confort qu’il n’a pas mérité, toute comparaison historique ou géographique lui fait honte de porter une moindre plainte, et il tire de ce constat indéniable une révélation de petitesse et une forme de culpabilité qui l’incitent à se fabriquer des malheurs de substitution, des pseudo-malheurs, des malheurs de pacotille. C’est à... [Lire la suite]
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26 septembre 2022

Péril des peuples du confort

Lorsqu’un peuple sombre par degrés dans l’abrutissement et la facilité nés du confort, le plus grand péril qu’il encourt du fait de cette décadence vient de son propre gouvernement. Il est pourtant vrai en démocratie que les hommes d’État tirent leur responsabilité des électeurs c’est-à-dire d’une portion large des citoyens, et également qu’ils sont eux-mêmes extraits d’une foule et constituent des pièces de troupeau rendues stupides par des années d’insouciance, en sorte qu’on pourrait présumer qu’ils ne feront rien que ce qui émane... [Lire la suite]
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24 septembre 2022

Les Déliquescences, Adoré Floupette, 1885

De l’avis même de Gabriel Vicaire qui fut, sous le pseudonyme d’Adoré Floupette, l’auteur de ce livre, « Les Déliquescence ne sont qu’une fumisterie » qu’il jugeait « amusante » et qu’il craignait qu’on prît, non sans raison, « une tentative excentrique pour forcer l’attention à tout prix ». Il s’agit d’un travail plus ou moins potache ou difficultueux selon qu’on en juge par l’intention ou par l’élaboration, constitué d’une présentation biographique de l’auteur écrite par un encore faux... [Lire la suite]
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21 septembre 2022

Les vraies couleurs de l'enfant

Nous ne savons rien de l’intellection des enfants, de leur appréhension du monde, de la mentalité modale, primordiale, paradigmatique, avec laquelle ils sélectionnent les informations nouvelles de leur environnement, les intériorisent, s’en stimulent, et les intègrent à leur presque-rien-su, à leur omniprésente incertitude, à leur mystère et leur incompréhensible, à leur néant de l’Inconçu où ne saurait graviter déjà des « données » ; nous n’en savons rien, et sommes loin d’avoir la sagacité de le comprendre, et même... [Lire la suite]
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20 septembre 2022

Les nouveaux dandys superficiels

On rencontre sur maints réseaux sociaux des délicatesses aux airs supérieurs de dandys, aux pseudonymes distingués ou savants (avec ou sans particule), aux fragrances plus ou moins crânes de muscadins, et qui font, par l’immédiateté de leurs réflexions, l’excellente impression de figurer des gens à qui parler c’est-à-dire enfin de qui apprendre. Ils citent volontiers des excellences aujourd’hui méconnues, goûtent quolibets grandiloquents et connivences sophistiquées, relaient des informations décalées sur de la... [Lire la suite]
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17 septembre 2022

Pourquoi il n'y a plus débat ni sagesse

Dans notre société, la contradiction s’est fâcheusement changée en contrariété. Tout le monde est devenu très attentif à ses irritations, complice de ses affectionnées humeurs, meilleur ami de son épiderme, et compatit extrêmement à ses propres penchants, ne les retient point, les chérit comme la part spontanée de lui-même, son « véritable soi » qu’il considère « profond » parce que ça « jaillit » et qu’il est incapable de se contenir : il faut bien que ce soit bon puisqu’on ne peut l’empêcher, ce... [Lire la suite]
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14 septembre 2022

Nous sommes personnages de roman

J’ai déjà parlé de la scission de l’humanité, d’une division des mentalités qui continue de se réaliser en deux modes d’existence, de l’incompatibilité foncière et inéluctable qui est née et ne cesse de s’étendre entre une tendance confortée au divertissement et une inclination résolue à l’effort, deux conceptions devenues « styles de vie » antagonistes et inconciliables. Ces deux esprits, disais-je alors, ne peuvent plus communiquer pour se comprendre, car ils ne correspondent plus, ils n’ont quasiment plus... [Lire la suite]
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12 septembre 2022

Bruges-la-Morte, Georges Rodenbach, 1892

M. Berg, postfacier boomer de ce livre, rend un travail typique d’universitarien d’une d’époque fastidieuse et sans génie, être « thématique », d’héritage constructiviste ou formaliste, qui, dès sa première citation, prouve qu’il n’est pas ou n’est plus un philologue. Dans un texte, Rodenbach s’insurgeait de la représentation sculptée d’une danseuse nue sans ornement parce qu’il estimait que l’expression du désir, à laquelle il semblait admettre par principe le but de la danse, impliquait... [Lire la suite]
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11 septembre 2022

De la tendresse pour la monarchie britannique

Je crois que ce qui fait surtout prendre en bonne part la monarchie britannique, c’est que son pouvoir y est occupé par des vieux : les personnes âgées qu’on ne connaît pas suscitent chez nous une espèce de compassion, pour ne pas dire de pitié. Y disparaissent à leur bénéfice toutes les postures hautaines et ampoulées, fautes et inactions, qu’on ne pardonne pas chez de jeunes aristocrates parce qu’elles signalent évidemment un mépris, tandis qu’on attribue à la distance des anciens une amabilité qu’on estime une prérogative de... [Lire la suite]
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09 septembre 2022

Retour aux sentiments

On ne m’a peut-être pas compris – non : certainement ne m’a-t-on pas compris, et m’a-t-on plutôt oublié sitôt lu, et ne m’a-t-on même pas lu, et qu’importe puisqu’il s’agit d’un « on » oratoire, tout de style, par lequel je me justifie, moi à moi-même. Ce que je veux m’expliquer à présent, c’est que je n’ai pas résolu de ne plus jamais ressentir, que je n’ai point décidé et par principe de m’abstenir d’adhérer aux sentiments humains, de m’en défier obstinémentavec ou... [Lire la suite]
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