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Henry War
19 novembre 2022

Le seul sain profit de l'exercice physique

Il n’existe qu’une façon saine et intelligente de considérer et de pratiquer l’exercice physique – toutes les autres sont des déraisons et des maladies mentales –, c’est d’en faire un objectif de puissance, rien d’autre, surtout rien au-delà qui deviendrait comme chez beaucoup de l’ordre de la monomanie, de la religion ou du prétexte au divertissement.

Un corps mou, nonchalant, sans vigueur, comme est le mien au sortir de l’hiver, produit une grande frustration pour la volonté : toute tentative d’en faire un usage performant se solde par de la peine ou de la maladresse, aussi bien s’agissant d’efforts naturels comme la sexualité. Or, l’exercice physique permet d’atteindre à une capacité, de redevenir un humain : non qu’il faille s’entraîner à courir des kilomètres comme cela se fait partout – c’est absurde car inutile pour les fonctions ordinaires –, mais ce développement doit s’arrêter lorsque, pour les usages courants qu’on souhaite, le corps a atteint une faculté optimale. Cette douleur caractérisée qui signale le développement des muscles devient même un indice plaisant de la croissance de son potentiel : il n’est donc nullement besoin de marathons harassants et qui abîment, il n’y a aucun profit, sinon celui du drogué déréglé, à forcer son corps à des sacrifices bizarres et masochistes ; il est seulement nécessaire de faire disparaître les rouilles imputables à l’immobilité et de mener le corps à rendre possibles des actions simples avec une certaine efficacité. L’esprit sain n’a, logiquement, nulle satisfaction à se figurer une course de vingt kilomètres réalisée en un temps record, mais il lui importe de porter son fils dans ses bras assez longtemps à la promenade sans se briser le dos, et d’être en mesure de vite tondre la pelouse sans se sentir exténué.

Quant au bienfait esthétique de l’exercice physique, c’est tout à fait autre chose : le plus souvent, un régime alimentaire sérieux vient à bout de tous les surpoids disgracieux signes de mauvaise santé, et l’on ne saurait nier qu’il suffit de cesser de s’alimenter pour maigrir. Quant à la proéminence des muscles, c’est une convention qui, pour moi, évoque l’imbécillité de gens qui consacrent trop de leur temps à de dérisoires salles de sport plutôt qu’à d’édifiantes lectures.

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