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Henry War
19 janvier 2023

Les Non-vaccinés furent comme des Juifs

Du temps a passé depuis « l’urgence » du Covid-19, depuis ses plus violentes peurs et ses brûlantes rancunes. Indéniablement, bien des gens ont souffert : cette souffrance provisoire, où l’affolement a pu mal conseiller des décisions individuelles et collectives, s’est atténuée – la foule ne s’intéresse même pas aux effets secondaires du vaccin ni ne lit les études à ce sujet, de sorte que cette affaire, avec ses corruptions probables, est largement éteinte, sauf pour une petite poignée d’investigateurs insistants qu’on se contente d’ignorer. On peut instruire à présent cette période, cette « histoire », avec un peu de sagesse, du moins de sens rassis, calme et froideur.

Certes. Et pourtant, j’ose l’écrire :

Aucun recul n’offre de quoi différencier les discriminations qu’on fit contre les Non-vaccinés de celles qu’on imposa aux Juifs aux premiers temps de la Shoah.

Je suis désolé de le signifier : c’est une vérité honteuse, mais une vérité raisonnable, une vérité à peine tiède, une vérité sérieuse et objective.

Faut-il rappeler qu’on interdit alors, par décrets, l’accès à nombre de lieux publics aux personnes non-vaccinées ? Ces gens étaient-ils malades ? Non, ils ne l’étaient point : s’il s’était agi encore d’empêcher des contagieux, cela aurait eu un sens ! Et même les personnes vaccinées étaient contagieuses, mais gardaient le droit, elles, d’en contaminer d’autres sans excuse. Le problème de légitimité, le problème intellectuel, le problème foncièrement moral, c’est qu’on avait à prouver qu’on n’était pas malade – inédit dans l’histoire des Républiques : prouver non la culpabilité mais l’innocence. On avait à prouver qu’on n’était pas « individualiste ». On avait à prouver qu’on appartenait à une certaine « race » : celle des gens qui avaient choisi un certain nationalisme.

C’est exactement cela, et je mets quiconque au défi de me contredire là-dessus.

Or, ne se souvient-on pas que ce qu’on reprocha aux Juifs, c’était de n’être pas miscibles dans la population des pays d’Europe ? De vivre pour leur profit, « parasite », au détriment des peuples, « égoïstement » ? De manquer à leur devoir de solidarité nationale par leurs rites et par leur commerce ? Lire Mein Kampf, c’est retrouver toutes les critiques qu’on adressa aux Non-vaccinés.

On me dit : les Juifs n’avaient pas le choix, eux, et c’est toute la différence qui invalide votre comparaison révoltante et scabreuse. Il suffisait aux Non-vaccinés d’obéir aux consignes, mais les Juifs, nés comme ils sont, ne pouvaient s’empêcher d’exister juifs.

Quoi ? Est-ce donc que si dans ces années maudites on avait permis au Juif de changer de religion, d’aller dans les églises comme le Français dans des centres de vaccination, on eût trouvé cela juste ? Est-ce qu’on veut dire que si l’on n’avait discriminé le Juif qu’à condition qu’il ne se fût pas converti, les lois antisémites auraient été légitimes ?!

D’ailleurs, il arriva à la fin qu’on découvrit que ce n’était pas le statut vaccinal qui était en cause. Lorsque M. Macron exprima dans la presse son agacement pour les Non-vaccinés, il finit par rendre explicite quelque chose de plus insidieux.

C’est qu’une lutte avait commencé depuis un moment non contre une pratique : contre une mentalité. Il s’agissait non de considérer par défaut l’individu libre d’un choix individuel même contestable, mais de l’admettre d’office nuisible, d’en tirer une aigreur, de s’en prémunir avec des lois, lois que je qualifierais de scélérates parce qu’elles étaient de circonstance et s’en prenaient à des opposants politiques.

Je suis consterné de le dire, mais je me suis juré d’exposer toujours la vérité « quoi qu’il en coûte » : on n’a pas empêché une contagion, on a empêché un droit, on a empêché un état d’esprit supposé, on a empêché une pensée. On a exercé des pressions sur des gens en bonne santé au nom de la santé collective : c’est exactement ce qu’on fit aux Juifs en faisant admettre qu’ils constituaient la mauvaise santé génétique et morale des peuples. On leur fit – aux Non-Vaccinés et aux Juifs – porter la responsabilité d’un mal où ils n’avaient aucun rapport. On changea une liberté fondamentale – ne pas obliger au facultatif, ne pas obliger à une religion – en délit.

Les parlements acceptèrent une seconde fois cette infâmie historique, après environ six millions d’assassinés.

Les populations aussi l’acceptèrent très bien, soixante-dix ans après les pogroms.

La mémoire n’a pas tenu. Les cours d’éducation civique n’ont manifestement pas suffi. On ne sait toujours pas ce que c’est qu’un principe d’éthique, dans notre pays.

Mais les Français – députés et citoyens – diront : les circonstances n’ont rien à voir !

C’est qu’il faut donc aux Français que seuls des Juifs soient de nouveau menacés, et si possible par des dirigeants à moustaches et en noir et blanc, et que ce soit la conséquence d’un programme politique écrit dans un livre qui s’appellerait par exemple Mon combat, tandis que la question de l’interdiction des lieux publics à une partie de la population ne serait point un problème absolu, une ligne infranchissable, un inquiétant et rédhibitoire memento ?

Aujourd’hui, on en est à se demander : faut-il pardonner, amnistier, les Non-vaccinés, notamment les soignants ?

Les pardonner de quoi ? Quelle faute ont-ils commise ? Qu’ont-ils fait ? Ils ont appliqué leur droit à refuser une injection qui n’a pas bien fait la preuve de son efficacité. Ce n’est pas parce qu’un gouvernement a rendu, à un moment de précipitation, ce vaccin obligatoire, qu’il a eu raison de le faire. Le port obligatoire de l’étoile jaune et le bannissement des Juifs furent aussi des décisions légales prises sous la pression.

Se demande-t-on aujourd’hui si l’on doit pardonner, amnistier, les Juifs d’alors ? Est-ce qu’on ose une telle impudence ?

Et ces gens aujourd’hui sont encore interdits d’exercer ?! Dans notre pays, on continue d’empêcher l’accès des Non-vaccinés – comme des Juifs ! – à « certaines professions » ! On a pourtant à présent avéré – AVÉRÉ – que ni les Juifs ni les Non-vaccinés ne constituent un mal ou une menace pour quiconque ! Prohibition sans légitimité, sans excuse, sans argument : on ne sait pas pourquoi on continue de décréter cette nuisance, on ne veut pas même l’expliquer ! On continue de leur nuire par principe, parce qu’on estime qu’ils manquent de « patriotisme » et ne sont pas « solidaires » sauf « entre eux » !

Disons-le enfin tout uniment : on nuit aux Non-vaccinés au prétexte qu’ils auraient une mentalité de Juifs !

Discrimination plus vile encore parce que plus lâche, qui refuse la relative bravoure du licenciement c’est-à-dire au moins le courage des actes discriminatoires, en somme une toute paisible discrimination de fonctionnaires et de bureaucratie : les soignant non-vaccinés, pour n’avoir rien fait d’illégitime, reçoivent seulement chaque mois une feuille de paye qui indique : zéro. Ce n’est pas, n’est-ce pas ? comme si on avait pris des mesures contre eux ?!

Je suis au regret de le dire parce que c’est humiliant, parce que c’est la preuve d’une insuffisance plus criante que tout ce que j’ai déjà dénoncé chez le Contemporain, parce que ce revient à une insulte d’une justesse désolante lancée contre une grande majorité des populations, mais c’est vrai : les prémices de la Shoah ne font pas grande différence avec la violence sanitaire qu’on imposa récemment, et il ne s’en fallut que de l’atténuation de l’épidémie de Covid-19 pour que l’État se retînt d’aller plus loin dans ses élans de coercition : c’est bien uniquement la décroissance de la maladie qui a sauvé la démocratie d’une déconfiture encore plus terrible. On a aussi trouvé, cette fois, des savants pour déclarer ce que d’évidentes corruptions les incitaient à rapporter – propagandes caractérisées –, au même titre qu’on avait fabriqué des musées soi-disant « scientifiques » pour « démontrer » que les Juifs étaient inférieurs et constituaient une véritable « question » pour les nations qu’ils « infestaient ».

Je le répète : on n’a manifestement toujours pas en France de garde-fou, moral, légal, contre des dérives discriminatoires et totalitaires. Le Conseil constitutionnel est gagné par le pouvoir, et les députés, souvent stupides et sans compétence, n’ont pas leur mot à dire en état d’urgence.

On voit bien que la distance à l’événement n’atténue pas la réalité, n’allège pas le mal éthique et juridique où l’on a plongé des millions d’habitants.

Mais je sais bien que les Vaccinés, eux, s’en moquent, que ce n’est pas leur problème, qu’ils sont en sécurité parce qu’ils obéissent et se savent sains, et qu’ils se trouveront toujours la conscience sauve en se créant des prétextes qui les rendent meilleurs. Ce sont les mêmes, le même genre d’hommes en tous cas, que la Libération n’avait pas cru bon de juger dès 45.

Après tout puisqu’eux-mêmes étaient « en règle », les Juifs, ce n’était simplement pas leur problème non plus.

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