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Henry War
25 mars 2023

M. Macron renforcé

Qu’est-ce qui obligerait M. Macron à tenir compte de la légitimité démocratique même de centaines de milliers de citoyens manifestant dans la rue, après le mépris si total et persistant du mouvement des Gilets jaunes ? Il semble qu’on ne veut pas se souvenir de cet échec, qu’on préfère l’oublier comme tout ce qu’on a fait avec perte, et qu’on le blâme surtout aujourd’hui, lui trouvant des dysfonctionnements, pour n’avoir pas abouti, non sans honte. Mais bien sûr, tout fonctionnera cette fois-ci ! ça n’a plus rien à voir, évidemment ! Ah bon ?

Quelles pressions notamment économiques lui feraient consentir, pour la France, aux revendications des bloqueurs, lui qui n’a besoin que d’un prétexte pour justifier l’échec de ses tentatives sur les finances du pays ? Est-ce qu’on trouve que depuis plus trois ans le pouvoir se soucie beaucoup des pertes qu’il fait subir à son économie ? N’est-ce pas lui qui a claquemuré sans nécessité toute sa population pendant des semaines ? Et il serait sensible, tout à coup, à un recul des profits commerciaux ? Vraiment ? On m’expliquerait cela ?

Et surtout : quel projet de loi aurait plus de chances d’aboutir à l’adoption d’une motion de censure que celui sur les retraites qui n’a pas renversé son gouvernement ? Je dirais : aucun. Le pire est passé. Le président n’a plus d’opposition à craindre. À présent, les députés devront psychologiquement se conforter dans la pensée que leur position fût juste : c’est une question de cohérence et d’estime-de-soi. Comment voudriez-vous que sur le prix de l’électricité ou que sur les concessions autoroutières les parlementaires tout à coup se réveillent de leur torpeur et se scandalisent mieux ?

Allons ! il faut en convenir loyalement, M. Macron est le grand gagnant de cet épisode politique : il dispose désormais de la garantie qu’en continuant de la façon qu’il a commencée, nul ne viendra interrompre l’exercice de son pouvoir. Même, il le sait tant que dès maintenant il le proclame partout : il renouvellera les 49.3, il ne changera pas ses ministres, il maintiendra les restrictions aux manifestations. Voudrait-on soudain qu’il prît conscience de son ignominie ? Non : tout comme chacun, il se confirme plutôt dans ses résolutions, y ajoutant des arguments de circonstance, ses actes s’empilant par strates comme autant de justifications aux décisions à venir.

Les médias, il est vrai, disent un peu le contraire : c’est peut-être que leurs chroniqueurs sont vieux, et, poursuivant sur l’inertie de méthodes révolues, ils croient que la manifestation, dans la conjoncture contemporaine, sert encore à quelque chose, s’en tenant à mai 68 dont ils se targuent comme une victoire de la volonté populaire alors qu’il ne s’agissait ni plus ni moins que du triomphe des scrupules d’un président qui avait combattu les dictatures et qui gardait des remords d’appliquer des méthodes qu’il avait pourchassées. Mais ces remords ont disparu, et le président n’a pas cette mémoire vigilante et contristée. Les chroniqueurs appointés espèrent en vain qu’un gouvernement contemporain écoute son peuple et que les réquisitions ne mettront pas toujours un terme aux effets des grèves les plus conséquents. Oui, c’est peut-être à cause de l’âge de ces chroniqueurs, mais c’est peut-être aussi parce que, pour adoucir la colère des gens, les médias savent qu’il faut donner l’impression que le pouvoir est en difficulté : c’est ce qu’ils font depuis des années que le pouvoir va pourtant si bien, et pourquoi on voit multiplier toutes sortes de mauvaises nouvelles sur un gouvernement qui objectivement n’a jamais été aussi fort. Parler des difficultés des ministres donne l’illusion que la tyrannie souffre, alors cela atténue la révolte. Ils ont tant de mal, n’est-ce pas ? à maintenir une cohésion ! Le pouvoir est en crise ! Comme ces gens pâtissent de la désorganisation ! Tant d’inquiétude, dans leur camp !

Pendant ce temps, des nouvelles d’eux moins partiales nous parviennent : ils sont très contents, ils mangent bien, ils se tapent sur l’épaule et plaisantent avec beaucoup de détente. Ce n’est certes pas ce que montrent en premier les chaînes d’information ; non, ils « souffrent » et ont « bien conscience que le pays est à feu et à sang ». On nourrit les esclaves-citoyens avec la pensée que le pouvoir est préoccupé et tendu : cependant le peuple suppose qu’on est proche de tenir compte de ses volontés, et des élus et fonctionnaires, dans des salons jolis et sur des tables garnies, se pavanent de ce que ce fut une belle victoire, la plus haute et conséquente, quoique seulement un peu « de justesse ».

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