09 juillet 2020

Le temps des livres est passé, Juan Asensio, 2019

J’espère toujours activement, en matière de lecture, des références neuves et des apports inédits : je ne me satisfais pas de ce qui est à ma portée – cela s’entend de toutes les manières –, notamment parce qu’en général tout ce qui est contemporain manque évidemment d’art. C’est pourquoi, me fiant à ceux dont je devine une finesse intempestive – c’est indéniablement le cas de Juan Asensio –, je vais quêter leurs conseils avec avidité, et l’on sait qu’un conseil n’a de valeur effective que lorsqu’il est reçu avec la ferme volonté... [Lire la suite]
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07 juillet 2020

Passations de pouvoir

Qu’elles sont pénibles, ces passations de pouvoir entre ministres ! Est-ce qu’il ne serait pas possible que ces politiciens ne lisent pas leurs discours ? Est-ce qu’il ne serait pas possible au moins que leurs discours lus ne soient pas tout emplis de formules creuses et de proverbes convenus ? Est-ce qu’il ne serait pas possible a minima que ces proverbes lus n’aient pas l’air d’avoir été écrits par le dernier des idiots en panne d’inspiration ? Même M. Dupond-Moretti, dont les talents d’orateur semblaient sûrs,... [Lire la suite]
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06 juillet 2020

Contresens de la Vie

Vous avez corrompu le sens de la vie ; vous avez fait de l’existence une crainte et une torpeur au lieu d’en faire une célébration et une lutte ; vous ne vivez le bien de la vie que relativement au mal qui en peut advenir, l’ayant placée sous le signe des précautions, des protections, de la conservation, au lieu du signe de la grandeur et de la beauté ; vous promouvez par la pensée et par les actes un régime de prévention contre un règne de jouissance – vous vivez négativement, vous ne faites qu’exister, en somme. Vous... [Lire la suite]
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03 juillet 2020

Une Fédération de Justes

Vos arguments ne toucheront jamais personne – pour ainsi dire : personne – si vous êtes seul : de nos jours, tout le crédit que les gens accordent à des idées ne dépend que de la façon plus ou moins large dont celui qui les propose est suivi. N’espérez pas accéder à l’entendement de quelqu’un par un autre bout que celui-ci, ce temps-là est fini s’il a jamais existé (mais, à vrai dire, je ne pense pas que ce phénomène humain d’emballement par des modes soit très neuf ; il est probablement constitutif de toute notre... [Lire la suite]
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30 juin 2020

Les nouveaux populaires

Au nom de quoi s’arrogent-ils le qualificatif de « populaire », ces Ruffin, ces Onfray, ces acteurs amicaux et tous les autres pseudo-humbles qu’on consulte beaucoup mais à qui nul ordinaire ne parle jamais ? D’aucun feint de rendre des interviews naturelles avec des simples qu’il a d’abord soigneusement sélectionnés ; d’aucun a tenu des conférences dans une université dite « populaire » parce que gratuite où, au même titre que n’importe quel fat d’enseignant-chercheur, il avait toute latitude d’élire ou... [Lire la suite]
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27 juin 2020

Huit femmes, Robert Thomas, 1958

Après avoir lu ma critique, j’en connais qui me dira encore : « Mais pourquoi t’entêtes-tu à lire ce genre de livres ? Tu choisis décidément mal et tu perds ton temps ! » Je répondrai comme souvent que c’est parce qu’on me l’a conseillé. Quelqu’un qui semblait enthousiaste, en tous cas. J’ignorais sa légitimité en matière de littérature. Il faut bien, avant de ne plus écouter quelqu’un sur une question d’art, lui faire l’honneur d’au moins une tentative. Enfin, je crois. Mais peut-être pas, après tout. Je... [Lire la suite]
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24 juin 2020

La pitié est un égoïsme

Ah ! combien il est d’hommes célèbres qui ont eu tort et qu’on a célébrés justement pour cela ! Chez eux, la vérité unanimement admise de leurs assertions n’a dépendu que de la passion avec laquelle ils les ont assénées, cette force seule ou mêlée de formes élégantes et valorisantes a suffi à persuader de larges foules, et on a tenu l’idée juste et universelle à l’unique prétexte qu’elle fut exprimée en un style accessible et flatteur, décisif ! Sans parler de la générosité qu’on a alors prêtée à l’auteur lui-même... [Lire la suite]
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21 juin 2020

Pour eux, tout est passion

Mais comment donc à la fin vous le faire comprendre ? Pour eux, toute représentation est passion, et ils sont incapables d’entreprendre une idée sans y rapporter un sentiment ; or, du seul agrément de ce sentiment dépend la vérité qu’ils y trouvent – je ne puis pourtant pas mieux vous le dire et plus concisément ! Une pensée pure leur est une chambre vide : sans décoration, ils ne savent appréhender une surface, un espace, des dimensions, il leur faut des meubles pour y associer des plaisirs, comme des divans... [Lire la suite]
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18 juin 2020

Boire à quatre pattes les eaux du Léthé

On ne force pas à boire l’âne qui n’a pas soif, paraît-il, et j’accepte aisément de le croire ; au même titre, on n’apprend pas l’exercice de la raison à un homme qui cultive le bonheur comme principal objectif existentiel, qui n’aspire qu’à l’autojustification pour se sentir bon, et qui ne se sent nul intérêt à se désaltérer de la Vérité, source douloureuse et forgeant toujours quelque espèce de malheur. De l’être laborieux curieux de peines inédites ou de l’imbécile qui rumine toujours les mêmes herbages, c’est le dernier qui,... [Lire la suite]
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15 juin 2020

Quatre pièces romaines, William Shakespeare

Titus Andronicus est une de ces atrocités immorales qui illustrent parfaitement ce que Nietzsche entend, s’agissant de la tragédie, par l’expression « plaisir de la destruction » : tout y est rédigé dans l’unique dessein de soulever la sensibilité du spectateur, de provoquer l’horreur la plus insoutenable et le plus grand choc, au moyen d’injustices exacerbées jusqu’au comble de l’ignominie. Toute sa structure, en somme, n’est qu’un prétexte à accumuler et à exposer des scènes monstrueuses, quitte à multiplier les... [Lire la suite]
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