08 février 2023
Leçon d'amour
L’amour chez nous est principalement une mise à disposition de soi, donc une forme de passivité. Du moins, l’initiative qu’on prend en amour n’est faite que pour complaire ; ainsi au mieux est-ce une forme d’obéissance par anticipation, au pire une dépendance consentie et une servitude recherchée : il y a toujours quantité d’intolérable veulerie, de disparition même, dans ce sentiment surestimé. C’est assurément un épanchement plutôt qu’une augmentation ; j’y vois intrinsèquement un problème d’hygiène : l’amour se vomit... [Lire la suite]
05 février 2023
Pensées sur une autre modernité polygame
Je ne vois décidément pas ce que l’amour a foncièrement à voir avec la fidélité, je veux dire en dehors du dogme moral dont il faut s’imprégner, si indéfectible à présent chez la plupart, si induit en conditionnement qu’il semble « évident » sans qu’on puisse expliquer pourquoi. Parce que l’amour est affaire de sélection, il devrait s’imposer exclusif ? Depuis quand ce qu’on élit interdit-il le doublon ? Si deux variétés ne présentent jamais tout à fait les mêmes attributs et aptitudes – cela vaut pour... [Lire la suite]
03 février 2023
Faire l'amour, c'est s'appliquer
(On me reprochera décidément mon soin omniprésent de la performance… N’importe, car je n’entends pas comme on peut, aussi insouciamment qu’à présent, se laisser vivre…)
Je ne m’étonne plus que le Contemporain soit devenu si incapable de relations sexuelles, au point de savoir qu’il préfère jouir paresseusement des écrans que se fatiguer quinze minutes d’un coït balourd et humiliant. Je tiens comme vérité indéniable que pour connaître un rapport sexuel satisfaisant, il faut s’appliquer, faculté dont est... [Lire la suite]
01 février 2023
L'image de celui qu'on lit
Comme il est étrange et déstabilisant, le plus souvent, de découvrir physiquement, sans exclure la voix, ceux qu’on n’a fait jusqu’alors que lire ! Combien leurs attitudes correspondent peu à l’impression du lecteur perspicace, à ce qu’il se représentait en les sachant, lui si avisé, « pour de vrai », c’est-à-dire à la mesure exacte de leurs écrits où ils indiquent le meilleur d’eux-mêmes ! Ce n’est, à vrai dire, ni entièrement décevant ni tout à fait révélateur, c’est ni plus ni moins placer un corps, avec tout ce qu’il... [Lire la suite]
30 janvier 2023
Le rapport au temps des jeunes enfants
Il y a, je trouve, quelque chose de poignant dans le rapport au temps des jeunes enfants – avant, disons, leur quatrième ou cinquième année – : c’est qu’ils en usent sans la moindre conscience d’avoir à le mettre à profit. Ce n’est pas au juste qu’ils ne font rien de leur temps – les enfants de cet âge sont rarement inactifs et pas plus que leurs parents ils ne savent tout à fait « rien faire » –, c’est qu’ils s’en servent sans rendement ni performance, sans souci réfléchi d’y puiser un apprentissage, d’une façon qui... [Lire la suite]
23 janvier 2023
Bains publics
Bien des endroits sont des lieux inavoués de parure où l’on n’agit guère pour soi mais à dessein d’observer ou d’être observé : je me demande pourquoi on ne les révèle pas, pourquoi il semble que la culture et les mœurs n’en disent rien, n’en font pas une brillante littérature : est-ce trop évident, ou cela vient-il de ce que le Contemporain se comporte également en tout lieu sans souci des regards ou, au contraire, comme s’il vivait en permanence sous l’œil d’une caméra, de sorte que l’endroit ne fait nulle... [Lire la suite]
22 janvier 2023
Avantage de l'onanisme masculin
L’onanisme, en tous cas chez l’homme, a cet avantage, je trouve, que la jouissance, qui signale une perte de contrôle parfois à la limite de la douleur, n’a alors personne pour témoin : quand on a bien virilement manipulé une femme avec quelque performance, on aurait tendance à ne pas vouloir qu’elle constate la faiblesse physiologique née de l’éjaculation ; la perspective serait presque capable, après avoir produit le plaisir de ma compagne, de me retenir l’orgasme. Toute femme, je crois, exprime d’ailleurs alors une façon... [Lire la suite]
21 janvier 2023
Les deux propriétés perdues de l'adultère
La douleur de l’adultère provient toujours, je crois, de la perte d’une propriété, mais le terme ici doit être compris, selon le sexe, en deux acceptions très différentes : l’homme ne tolère pas d’avoir perdu la possession d’une femme ; la femme ne supporte pas d’avoir perdu l’attribut que l’homme a retrouvé chez une autre. L’homme et la femme veulent tous deux l’exclusivité de leur partenaire, mais l’homme la réclame en propriétaire incontesté et puissant, la femme l’exige pour ne pas sentir son... [Lire la suite]
20 janvier 2023
Pensée brève sur les attributs aguicheurs
La façon dont les femmes les plus délicieusement aguicheuses et perverses doivent, pour plaire, être peu mais habillées, et jeunes, et fines ! – j’écris ceci avant que mes filles aient l’âge d’être femmes et que je me dégoûte, par moralité paternelle, de cette vision éloquente et juste. Dans la seule nudité explicite il y a de la banalité et peu de pénétrante séduction, mais dans la franche suggestion de corps à peine vêtus des appels irrésistibles, dans la précocité un inattendu obscène qui fascine, et dans la minceur... [Lire la suite]
19 janvier 2023
Paradoxe des grévistes contre la réforme des retraites
Je préviens : on ne va pas apprécier aujourd’hui ce que je m’apprête à écrire, et je vais contrarier bien des susceptibilités. N’importe : ai-je déjà écrit un mot pour me faire des amitiés ?
Voilà :
N’est-il pas tout de même étrange que des millions de gens ayant voté pour M. Macron dont le programme comme candidat portait nettement la marque de cette réforme des retraites, se plaignent et fassent grève à présent, tandis qu’ils n’ont pas seulement gémi lorsqu’on leur a imposé de rester... [Lire la suite]