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Henry War
4 mai 2024

Pour qu'une femme sache la féminité

            Il n’est pas évident comme on peut croire que ce qui plaît aux hommes chez la femme lui soit automatiquement su : elle a probablement besoin d’un apprentissage. En particulier, les attributs sensuels, liés aux préférences de ses façons et de ses formes, risquent longtemps, sans un enseignement, de lui être inconnus : comment devinerait-elle, sans le regard viril, les courbes attrayantes, les modes subversives et tentantes, les poses et langueurs, les mutineries excitantes, les airs de fausse candeur et les astuces pour soulever au mâle de reconnaissantes fureurs ? D’où tient-on que ces connaissances seraient innées ? Est-ce qu’un homme sait d’instinct caresser une femme ? Il peut, lui, se départir, d’affectations et d’attisements, parce que souvent il plaît davantage pour sa dure et pratique franchise que pour l’effort de sa mise – un homme qui séduit est toujours largement un être sans apprêt (en tous cas, ces séductions y importent moins que celles d’une femme) –, mais elle ne pourrait, elle, se contenter d’être sans fard, et, ensemble, plaire. Même, j’ose dire qu’elle ne se plairait peut-être pas à elle-même, et qu’une femme qui sait attirer trouve tant d’intérêt à ses manières que cet atout lui devient un naturel : une femme aisément peut jouir, et physiquement jouir, de se savoir excitante, s’excitant elle-même. Encore faut-il lui communiquer les effets qui feront d’elle un être irrésistible, puisque, composés et indécents, ils ne paraissent pas en la conversation ordinaire ; il faut, en substance qu’un homme lui ait dit : « Bon sang ! comme tu es bandante ainsi ! » pour donner à la femme un exemple de ce qui le trouble et qu’autrement elle n’aurait pas moyen de deviner – s’extravaser en pulsions d’homme n’est sans doute pas aisé puisqu’il ne peut lui-même se les expliquer. On a tort de présumer qu’une femme a accès à la féminité sans l’apprendre, tandis que l’homme, sans se donner la peine d’être très en-dehors de lui-même, trouve souvent quelque avantage qui le rend malgré lui sensuel pour une femme ; quelqu’un doit donc enseigner à une femme comment se comporter pour créer la sensualité et éveiller la passion, ou elle demeure petite fille, inattentive à ce que la société cèle par pudeur et conventions, prenant le risque de ne découvrir qu’à son âge mûr les plaisirs de la suscitation des désirs énormes. C’est ainsi que des réserves sociales éloignent non de la tentation du mal et de la perversité mais simplement de la plus grande variété des bonheurs d’aimer : il ne faut pas faire tabou ce qui n’existe que pour le plaisir dont on réduit les épanouissements quand ces savoirs sont tus.

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