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Henry War
31 décembre 2019

Nouvelle publication : "Pourquoi vous lisez de si mauvais livres"

J’imprime de nouveau à mon compte. Fort de mon talent confirmé à dénicher, à force d’acharnement, de belles illustrations appropriées, c’est John Frederick Peto qui fournit cette fois ma couverture, peintre américain comme son nom ne l’indique pas du tout, et dont je ne connais rien sinon que son Tresor rebut de 1904 sert admirablement mon projet : rendre visuellement compte de livres déclassés, d’une pile de bouquins sans valeur, d’un tas de papiers délaissés qui jaunit négligemment et sans aucun avantage.

Cet essai résume pourquoi à peu près nul éditeur aujourd’hui ne publie du Henry War, pourquoi nul auteur n’en écrit, et pourquoi nul lecteur n’en lit ; et notez bien que ce n’est pas une façon de vanter Henry War, ça non ! Seulement, ça n’existe pas ailleurs que sur Internet, un pareil animal, et si cette singularité ne signifie rien quant à sa qualité intrinsèque et profonde (enfin, j’admets quand même que je me dévalorise un peu dans l’espoir qu’on me « remettra » de bon gré !), elle constitue une observation objective de ce qui fait défaut dans la littérature actuelle, je veux parler d’un « point de vue », d’une « identité perceptible », de quelque chose comme « le début sensible d’une personnalité »… j’en sais quelque chose, lisant en ce moment même du Fred Vargas qui est à peu près le contraire d’une opinion, d’un travail et d’un style !

Comme j’aurais aimé qu’on m’enseignât, aussi clairement que ce livre, comme on ne doit pas espérer de notre époque pour poursuivre des ambitions littéraires et artistiques ! Je jure que si on m’en avait disserté aussi éloquemment, je n’aurais pas tant commis d’erreurs – cet ouvrage est une façon anachronique et comme rétroactive de prévenir et corriger mes candeurs passées.

Et c’est aussi par sa lecture qu’on mesurera si un lecteur curieux peut encore laisser grandir en lui du scandale et de la révolte de bon aloi, ou bien s’il se moque décidément de tout au point d’admettre qu’un écrivain qu’il feint pourtant d’apprécier peut crever dans la servitude ou la misère dès lors qu’on se procure une de ses œuvres pour moins de dix euros. J’essaie en cela de réveiller en lui quelque faculté qui est peut-être déjà éteinte et dont il devrait cependant se préoccuper : c’est qu’il pense benoîtement, parce qu’on lui a mainte fois répété, que notre société « capitaliste », « de masse » ou « de consommation » a beaucoup perverti quelque principe humain fondamental, mais il n’a pas songé sans doute que lui-même, à force d’être stylé à des conclusions si superficiels, perd de son individualité au point de ne pas comprendre ce que son mode de vie lui a ôté de plus précieux : son sens de l’effort et sa soif d’élever sans cesse l’homme vers un perfectionnement.

Ce livre, ainsi, n’est pas seulement le constat d’une dérive mercantile et d’une régression anonyme, mais la description d’une corruption des mœurs incarnée en des personnes et non en un système vague et opportunément déresponsabilisant. Après ce livre, la plupart oublieront son contenu pour ne pas s’accuser de contribuer comme ils le font au mal qu’ils préfèrent dénoncer, pour ne pas s’apercevoir de leur « faille » essentielle ; les autres, rares, entendront et commenceront à agir pour ne plus collaborer aux turpitudes qu’ils ont peut-être déjà senties sans les comprendre par l’examen et l’analyse… ils liront et achèteront autrement – et c’est uniquement grâce à eux qu’il y aura peut-être enfin de nouveau de la littérature dans dix ou vingt ans.

…Et pour répondre à des objections plutôt bêtes que naïves parce que mal intentionnées (ou fondées d’ennui qui est le ferment le plus répandu de la médisance), ce n’est pas à dessein de m’enrichir que je publie et vends encore le fruit de mon travail : le lecteur pragmatique sera peut-être curieux d’apprendre qu’à l’heure où j’écris ce texte et après avoir financé l’achat d’une soixantaine d’exemplaires de ce petit opus, soit le 4 décembre 2019, j’accuse, sur l’ensemble de mon activité, un déficit de 87,23 euros – soit pas même un petit bénéfice (mais il est vrai que mes Norsmith sont encore jeunes et peu vendus). Nombre de mes imbéciles de connaissances, qui semblent capables de manger du foin même quand ils se sentent réfléchir (c’est-à-dire médire), devraient en prendre bonne note – mais ce serait admettre à l’excès, il est vrai, qu’ils sont compétents à assimiler quelque chose de nouveau qu’ils ne veulent surtout pas savoir, ce dont ni le métier où je travaille ni n’importe quelle autre profession, je crois, n’est fort disposé, par les temps qui courent et dans le si piètre monde de vacuité où nous vivons.

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Commentaires
A
Quatre livres publiés à ce jour, voilà une belle collection ! Félicitations !<br /> <br /> <br /> <br /> ...Pas encore enrichi de tes ventes? Moi qui pensais que tu faisais bonne chère - indécent ! -en tâtant de la main tes poches remplies de nos économies !
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V
Ah!<br /> <br /> Je me demandais bien à quel moment tu allais présenter ce livre!
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