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Henry War
23 octobre 2020

Comment dissoudre un virus et l'Etat

Un gouvernement prend sa responsabilité naturelle quand il protège ses administrés : c’est qu’il n’a pas, au juste, d’autre raison d’exister, les gens ne se réunissant en État que dans le but de pourvoir par quelque instance supérieure à leur protection. Comment cela fonctionne-t-il, d’ordinaire ? Cette délégation est la contrepartie d’un financement : le citoyen paye, et par sa cotisation il obtient le droit d’être déchargé d’une partie de la responsabilité de sa protection (et de tous autres services dits publics) : on appelle cela l’impôt. En principe, donc, vous payez l’impôt, et puis vous êtes tranquille ; vous n’avez plus à vous soucier de ce qu’il peut advenir en relation avec tel domaine pour lequel l’État assure votre protection : vous obtenez, par l’argent, la garantie que l’État se charge de parer à d’éventuels risques en ce domaine.

Mais notre gouvernement, à nous, a trouvé un moyen tout nouveau d’investir son rôle : vous payez, mais il ne pare à rien ; vous payez, mais comme il ne peut pas vous protéger parce qu’il n’a pas pourvu à votre sauvegarde, il vous ordonne de ne pas avoir recours à ses services. C’est vraiment original : notre État actuel exige que nous le payons pour qu’il soit responsable de notre système de santé, mais comme il n’a pas été capable de prévoir ou de gérer le risque, il nous défend d’user de notre système de santé, en un mot il nous interdit d’être malades ; et pour garantir que cette interdiction soit appliquée, il crée tout un processus d’empêchements et d’amendes. C’est assez prodigieux : on peut imaginer ainsi un système d’Éducation nationale où vous pouvez inscrire vos enfants à l’école mais seulement s’il reste de la place, de Justice où vous n’auriez le droit de porter plainte que dans les périodes où les tribunaux ne sont pas engorgés, de Défense où l’on mettrait les soldats à votre disposition mais à condition, puisqu’on manque d’hommes, qu’en ce moment vous vous laissiez envahir. Et le pire là-dedans, c’est que cela, manifestement, ne choque personne : vous avez payé pour un service qui n’est pas rendu, pour une prestation qui n’est pas assurée, à savoir une prévoyance de santé, et la seule réponse que votre gouvernement vous apporte, c’est que vous seriez bien obligeants, de gré ou de force, d’accepter de ne pas solliciter vos hôpitaux. Mais pourquoi payons-nous encore ? et pourquoi personne ne perçoit la contradiction là-dedans ? Si nous payons, ce n’est pas pour qu’on nous ferme les portes des institutions publiques que nous finançons ! Comment se fait-il qu’on tolère une gabegie que nos impôts sont supposés avoir prévenue, et qu’après cela on considère encore avec résignation que c’est à nous de faire un effort, alors que, précisément, cet effort, nous l’avons déjà fait financièrement ! On ne cesse de nous répondre que le virus était imprévisible et que c’est pour ça qu’il faut se résoudre et tout accepter : l’État, dit-on, ne pouvait pas prévoir ! À la bonne heure ! un État qui ne prévoit pas ne choque personne : mais à quoi sert-il donc ? Qu’on voie pourtant si, à défaut de prévoir, il n’avait pas été prévenu : est-il difficile de supposer et de comprendre, depuis des années qu’on le répète, que les hôpitaux doivent être en capacité d’admettre une « réserve » de patients et ne pas fonctionner sans cesse comme cela, en temps normal, à flux tendu ? Bientôt, peut-être, une armée étrangère franchira vos frontières, et l’État vous dira : « On ne pouvait pas prévoir » ! Alors vous prendrez vos propres couteaux pour vous défendre, ou vous irez bravement à la rencontre de l’ennemi (si l’État ne vous l’interdit pas), ou bien vous vous confinerez chez vous en attendant que l’envahisseur soit parti faute d’avoir trouvé des gens à combattre, et c’est sans doute avec une semblable résignation que vous vous direz encore, tout oublieux des règles fondamentales d’une République : « Qu’il fait bon, tout de même, vivre dans un État » !

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