décembre 2020

L’Insee a décompté 613 243 décès en France en 2019 : c’est un nombre incontestable, je crois, parce qu’il émane des déclarations qui sont faites directement par les mairies. L’Insee admet que cette année, on devrait franchir le nombre de 650 000 morts. Si je compte même un peu largement, j’obtiens donc une surmortalité de 40 000 personnes par rapport à l’an passé, soit environ 6% de plus. Certes, c’est beaucoup si l’on veut, mais quelque chose m’intrigue : comment le Covid peut-il avoir occasionné les... [Lire la suite]

Il ne faut jamais demander à quelqu’un de tenir parole : c’est l’enfermer, c’est risquer de lui donner des regrets, c’est le placer bien souvent dans une situation où, quand il considérera les circonstances présentes, il trouvera qu’elles n’équivalent plus à celle où il prit l’engagement, et alors il se dédira sans beaucoup de scrupules, ce qui l’habituera – qu’il suive d’ailleurs ses promesses aveuglément ou qu’il les renie longtemps en silence – à travestir des vérités ne serait-ce qu’en duplicité. Ce qu’il faut bien... [Lire la suite]

Pérennisons-nous des vacuités par mauvais scrupule comme des traditions ? J’ai parfois parlé du Voyage que j’ai éreinté sous sa forme contemporaine d’inanité, j’ai écrit notamment que le goût qu’on y prenait enfant se changeait adulte en habitude qu’on culpabilisait à ne pas offrir et transmettre de nouveau, au point qu’à présent on ignore presque ce que serait le temps d’une occupation libre qui ne fût pas imprégné de l’attente d’un départ ou du souvenir d’un lieu fraîchement visité. Maintes excuses nous maintiennent dans cet... [Lire la suite]

La Voix des Sacrifiés, c’est la bataille jusqu’alors interdite – interdite parce que jugée inutile et indécente – que la génération née autour des années 80 n’a jamais pu livrer contre les Boomers, les profiteurs des Trente Glorieuses, leurs parents. En effet, leur morale opportuniste ne dicte-t-elle pas que les fils ne doivent rien remontrer à leurs aïeux ? Ainsi ont-ils confisqué jusqu’à nos déclarations de préjudice : par justice, je relance donc les hostilités. Et je prétends, moi, que rétablir la vérité sur... [Lire la suite]

Alors, il me restait cette guerre à livrer, nécessaire et peut-être la plus « immorale » de toutes, guerre qui m’apparut, je ne sais pourquoi, impérieuse et urgente, peut-être en raison de son injustice, de l’injustice de sa négation même, de la négation abusive du litige : La guerre du fils contre ses parents. Jusque-là, l’impunité révoltante tenait de ce qu’on n’avait jamais admis qu’il y eût un motif pour se battre, un casus belli. C’était toute la consistance affreuse du scandale. On refusait d’instruire nos... [Lire la suite]

Ce qui entrave le plus la grandeur individuelle – en quoi consiste toute la grandeur et la seule grandeur –, c’est l’inertie des usages et des mentalités : rien n’est plus contraire à toute élévation que la crainte personnelle de se différencier. Or, il faut admettre qu’un préliminaire à n’importe quelle opinion et ce qui conditionne son expression, ancré jusque dans notre mode universel de pensée, consiste à vérifier quel est l’avis majoritaire dans notre environnement et la façon dont nous risquons, par nos réflexions, nos... [Lire la suite]

C’est principalement – on s’en doute peut-être – à dessein d’approfondir ma connaissance de Nietzsche que je me dirigeai vers cette biographie assez connue de Lou Andreas-Salomé qu’il aima notoirement et dont la relation fit une partie de la célébrité, voire de la légende, légende usurpée si l’on considère, comme je le crois, qu’il n’aima en elle que l’illusion d’une certaine femme dont il avait alors, à ce point d’existence, ou bien besoin ou envie. Après avoir écrit ceci, j’ignore encore pourquoi je tiens à préciser que je ne... [Lire la suite]

Si, comme je le pense, un professionnel est quelqu’un qui sait prévoir et qui, par souci d’honnêteté, ne s’abstient pas de le signifier chaque fois qu’une occasion se présente pour lui d’apporter la preuve de sa compétence ; si son haut souci d’excellence l’incite régulièrement à réaliser la critique de son métier englobant celle de ses confrères (en quoi j’estime, surtout à notre époque, qu’un véritable professionnel est quelqu’un qui s’attèle premièrement à l’écriture d’un mémoire sur les pratiques personnelles et générales de... [Lire la suite]

On me jugera certainement trop libéral – c’est un vice qu’on ne pardonne pas facilement, de nos jours –, mais c’est avec une sorte de stupeur révoltée que j’ai découvert, il y a plusieurs mois, qu’un État pouvait interdire à quelqu’un, et sine die, de travailler, c’est-à-dire de toucher un revenu, sur simple décret général, sans qu’il en retourne aucunement de la responsabilité de cette personne ou de ce qu’il vend, et, de surcroît, sans compensation de ses pertes. Je sais bien que ceci est depuis devenu évident et que j’ai l’air... [Lire la suite]

Les gens simples, les badauds gobeurs de tout, ceux qui n’ont pas lu de littérature depuis des décennies (incluant les lecteurs de Vargas et de Musso), les amateurs de télévision publique, se félicitent : « Grâce au respect des gestes-barrières et à l’obligation du port du masque sanitaire, on voit cette année pour la première fois la grippe saisonnière à presque zéro. » D’un autre côté, au même moment, comme les cas de Covid augmentent à l’approche des fêtes, les mêmes gens disent : « C’est sans doute que les... [Lire la suite]