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Henry War
14 janvier 2021

Contre le droit d'auteur !

Actuellement, dans notre pays, le droit d’auteur est une servitude et un esclavage. La seule raison pour laquelle l’auteur y souscrit de lui-même, c’est qu’il n’a pas d’autre choix : le succès littéraire dépend chez nous uniquement des maisons d’édition, car ceux qui achètent des livres sont incapables, apparemment, de le faire directement auprès des auteurs qu’ils prétendent apprécier : c’est manifestement un effort trop violent pour eux que de ne pas faire leurs courses à la Fnac et sur tous les sites officiels. Acquérir par exemple sur un blog d’auteur, ce serait vraiment sélectionner ce qu’on achète ; or, un consommateur d’art est un acheteur compulsif comme les autres, c’est bien pour cela qu’on appelle ça « culture », pour ne pas distinguer ce produit de tous ceux disponibles sur le marché. Ainsi, la culture ne constitue pas du tout une exception dans les usages du contemporain, son appellation sert au contraire à ranger l’art dans des rayons et d’induire sans scrupule des comportements de consommateurs, de sorte que l’art est devenu ce qu’on met dans le caddie, parmi tout ce qui est disponible, accessible, facile, à portée de main.

J’en ai déjà beaucoup dit sur les droits d’auteur, mais je n’ai pas fait entendre tout à fait ce qu’ils ont d’illégitimes quand ils sont exclusifs, quand l’auteur n’est rétribué que là-dessus comme c’est le cas chez nous. En vérité, ils sont tout le contraire d’un droit pour l’auteur, ils sont une contrainte et une aliénation ; ils sont comme une expropriation, une confiscation, une spoliation, une extorsion. L’auteur « cède ses droits » : qu’est-ce à dire ? Cela signifie qu’il n’en a plus, qu’il renonce au droit de prétendre à une justice supérieure. Il s’est senti obligé de recourir au droit d’auteur parce que, chez nous, il n’en existe pas d’autre pour vivre de son art, et, par nécessité, victime d’un système licite de monopole et d’entente sur les prix, il se défausse du peu qui lui restait d’artiste, de son indépendance, de son intégrité et de sa condition d’homme libre : après cela, c’est à peine s’il demeure un justiciable. Quand on dit « droits d’auteur », c’est à peu près une antiphrase pour référer à un cadre législatif qui, d’une étonnante manière, autorise la renonciation de droits humains. Souscrire à de tels droits revient, pour l’essentiel, à procéder au sacrifice du Droit, au sacrifice d’autres droits qu’on pensait inviolables et sacrés. Par une révoltante ironie lexicale, on a appelé « droits » la licence faite de vous empêcher de prétendre à vos droits essentiels de travailleur et d’artiste. Ces droits – tous les spécialistes le reconnaissent – constituent une exception à ce qui est normalement et légalement admis dans le Code du Travail. Par contrat, ils vous départissent de tous autres droits, du droit notamment de réclamer ce qui vous revient selon toutes les lois naturelles du droit général. D’ailleurs, ces droits sont peut-être illégaux : on ne le sait pas encore faute d’un avocat pour y avoir regardé de près, c’est à voir s’ils sont destinés à rester tels inhumains et illégitimes ou s’ils deviendront illégaux grâce à l’intervention d’individus comme moi. Mais il importera peu, après cela, que le monde de la culture, et notamment de l’édition, en sorte bouleversé et ravagé : ravagé, il ne peut l’être beaucoup davantage qu’aujourd’hui, avec toute son inconcevable vilenie.

(On ne doit plus s’étonner, à force de tant de répétitions historiques et quotidiennes, de pareils recours, si fréquents et opportunistes, à l’euphémisme et au détournement du langage. En Europe où l’on « protège » actuellement la population, on réduit grâce à ce mot à peu près toutes ses libertés fondamentales ; ailleurs et encore aujourd’hui, on « rééduque » une partie du peuple, et ça semble vraiment positif, une chose comme l’éducation ; il y a quelques décennies, on prétendait avoir trouvé la « solution finale » à un certain « problème ». On peut même fort bien, au moyen d’un tel procédé, appeler « droit » ou « loi » un texte qui vous défausse en effet d’un droit ou d’une loi, au même titre qu’il y eut une sorte de code civil qu’on appelait le « Code noir » et qui, consistant en une sorte de législation des Noirs, établissait en fait leur servitude. Semblablement, le droit d’auteur n’est pas pour lui un bienfait, mais précisément le contraire d’un droit : c’est sa prison, renforcée par une loi.)

Pour vous faire entendre ces droits d’auteur, prenons un exemple. Imaginons que vous soyez salarié. Vous livrez pendant un an un travail ; tout ce temps, vous vous efforcez à la tâche, sans rémunération. Alors, un employeur, sans vous avoir payé jusque-là, vous dit : « Nous verrons ce que ça vaut, nous tâcherons de le vendre. Nous vous promettons 8% de tout ce que ça rapportera. » Êtes-vous content ? Vous estimez-vous satisfait ? Ce curieux régime vous fait-il l’impression d’une transaction saine ? Hé ?

Il est pourtant vrai que l’auteur n’était pas un employé avant de proposer son ouvrage, mais comment ne pas admettre qu’il le devient aussitôt que quelqu’un accepte le fruit de son travail ? Comment, surtout, ne pas admettre que, dès lors qu’il soumet ce travail à un employeur, c’est bien tout le temps de son travail préliminaire qui doit lui être rémunéré ? Enfin. Voyons. Imaginez que vous êtes informaticien. Imaginez qu’il soit d’usage que les employeurs d’un informaticien ne payent ses services qu’une fois que le site web conçu pour eux – ou tout produit issu de l’informaticien et qui induit un certain temps d’élaboration – est opérationnel. Imaginez encore que ces employeurs ne payent l’informaticien qu’en fonction des recettes qu’ils auront réalisées grâce à ce service. Et s’ils ne réalisent pas de recette ? Et s’ils ne font, en définitive, de ce service qu’un usage très faible ? Et si ce service, par malheur, ne rapporte rien ? Dira-t-on que c’est un grand honneur pour l’informaticien, déjà, que son service soit mis en service ? Est-ce que cet honneur le dédommagera du temps qu’il a passé à réaliser ce service ?

Cela vaut d’ailleurs pour n’importe quelle activité : se figurer toutes situations où l’on paye non en fonction du travail, mais en proportion faible, dérisoire même, du gain de ce travail. Mettons : vous êtes enseignant, je ne sais quelle « tradition » exige de ne pas vous employer ni vous payer quand vous enseignez, c’est-à-dire tant que vous fabriquez un enseignement. Rien. Zéro. Seulement, vous ne proposez vos services qu’au moment des examens, quand vous avez déjà longuement instruit les élèves – la même « tradition » prévaut, qui le stipule légalement. Quand un employeur se présente alors à vous, il dit : « Il semble que vous avez travaillé : nous considérons à présent votre travail. Vous serez payé 8% de tel indice de réussite à l’examen. C’est à prendre ou à laisser, car personne ne vous proposera mieux, et il y a telle concurrence de candidats que ça ne vaut même pas la peine d’essayer de négocier. » Et, dans cet exemple, vous avez encore un avantage par rapport à l’auteur, c’est que ce taux de réussite dépend sans doute effectivement en grande partie de votre travail d’enseignant.

En effet, ce qu’on n’a pas compris en France et dans maints pays, alors que c’est pourtant évident et simple, c’est que le travail de l’écrivain ne consiste qu’en l’écriture, en l’écriture et rien d’autre, c’est-à-dire qu’il se situe dans la période qui précède la fabrication de l’objet livre. Une fois que l’objet est produit, ce n’est plus du tout son travail, il n’a plus rien à y voir ! La vente d’un livre ne dépend absolument pas du travail de l’écrivain ! On connaît bien des livres nuls, la plupart même, qui font recette, et réciproquement de très bons qui ne se vendent pas. Le succès ou l’insuccès d’un livre est pour l’essentiel relatif à un travail de promotion auquel l’écrivain est étranger. Ceci est clair, pourtant, chez nous, c’est uniquement en fonction de cela qu’on le paye : l’auteur touchera 8% des ventes, point : il perçoit donc ce qui ne dépend pas de lui ! Autant vous payer, vous, selon la propreté de votre bureau : certes, c’est de la responsabilité de l’entreprise de nettoyage puisque vous n’avez même pas le droit de toucher vous-même aux produits d’entretien, mais exactement au même titre, c’est l’éditeur qui a charge de promouvoir le livre, et l’auteur n’y a rien à dire, ni sur la couverture, ni même souvent sur le titre, et encore moins sur le processus de vente : il n’y peut rien, mais c’est strictement en fonction de cela qu’on le rémunère !

Je n’entends pas facilement qu’une législation humaine du travail tolère qu’un homme ne soit payé qu’à la « part variable » et de surcroît, quand c’est le cas, à la hauteur misérable de 8% sur des produits d’une si faible valeur. Il ne l’accepte chez nous que contraint et forcé, parce qu’on ne lui propose rien de décent, et parce que tous les éditeurs s’entendent là-dessus pour que l’auteur soit à leur merci : il doit supporter ces conditions d’injustice s’il veut seulement travailler. Là se situe l’esclavage pur et simple : on affame délibérément une profession, puis on dit aux auteurs qui veulent vivre : « C’est ce que nous vous imposons ou rien. Souscris ou bien meurs. » Cela m’évoque ces salariés qui louaient leur maison chez l’employeur, qui payaient leur nourriture chez l’employeur, qui avaient besoin de l’employeur pour toutes sortes de substances obtenues presque sans alternative dans son magasin. À la fin du mois, il ne leur restait que des sous, rien de ce qui ressemblait à un salaire. Je crois que, depuis, on a jugé ce régime scandaleux et illicite ; on l’a heureusement réformé pour empêcher les abus.

On voit cependant qu’il reste du travail.

On pourrait croire néanmoins que ce traitement repose sur le régime du dépôt-vente : un homme propose un produit, on le lui prend, mais on ne payera l’homme qu’à condition que son produit soit d’abord vendu. Certes, le contrat prévoit que le produit soit exposé à tel endroit, même dans l’ombre, là, quelque part, un certain temps. Oui. Le contrat explicite aussi le nombre d’exemplaires qu’on accepte et expose. D’accord. C’est convenu. Soit. Mais je demande : dans les conditions ordinaires du dépôt-vente, est-ce qu’un homme accepte, est-ce qu’il est tenu de ne percevoir que le pourcentage de 8% ? Est-ce qu’un déposant, n’importe lequel, accepterait cette condition ? Mais pourquoi l’accepterait-il ? Il ne l’accepterait évidemment – soyons francs – qu’à condition que l’industrie des dépôts se soit mise d’accord pour l’y obliger. Et alors, est-ce qu’on ne jugerait pas un tel contrat scandaleux, quand même il serait légal, et d’autant plus scandaleux qu’il serait imposé par tous ?

Mettez-vous bien cela dans la tête : l’auteur n’accepte un tel régime que parce qu’il est réduit à cette douloureuse extrémité. C’est cela ou il doit mourir. Qu’on n’imagine jamais autre chose, qu’on ne se figure pas qu’il y consent de son plein gré. La preuve la plus criante de son désaccord, c’est que le contrat qu’il signe lui commande, sous peine de nullité et de dommages, à en taire les termes ainsi que tout litige avec son maître d’esclavage : sous une telle forme, si brutale et explicite, je crois qu’on ne trouve cette clause nulle part ailleurs. C’est profondément répugnant : ce Nègre doit se résoudre à son état d’esclave, il doit se résoudre en silence, mais, au surplus, s’il se plaint, c’est lui qui devra rendre des comptes, et payer encore !

Mais je dis, moi, qu’un tel contrat doit être illégal, qu’on ne peut légalement faire d’un homme un esclave, même avec son consentement. Je dis qu’un écrivain qui a travaillé, si l’on considère ses services et qu’on escompte en tirer profit, doit être nécessairement payé pour le travail qu’il a déjà produit, et pas principalement sur le produit des ventes qui n’a rien à voir avec le travail d’un écrivain, son travail à lui. Je dis que puisque la législation actuelle ne permet pas que la part variable d’un salaire réduise la rémunération en-dessous du revenu minimum légal, l’édition doit s’atteler, de gré ou de force légale, à se conformer au droit commun : c’est pour cela que l’auteur doit être considéré comme son employé ; à défaut, il doit être considéré comme un prestataire de service, et cette prestation doit lui être dûment facturée, pour le temps et la tâche fournis, et non en proportion de ce que cette prestation rapporte. Sait-on aujourd’hui que tout ce que perçoit un auteur à la signature du contrat consiste en une avance sur les futures ventes ? ce qui revient à dire qu’il ne sera pas payé au-delà tant que le livre ne sera pas vendu en la quantité pour laquelle il a déjà été payé ! Mais ça suffit ! Mais l’auteur n’est pas celui qui vend ! Mais l’auteur n’a rien à voir avec la vente ! Mais c’est de l’escroquerie ! Mais on se fiche du droit des gens ! Un avocat a-t-il jamais plaidé contre ce système de vol ? Je les connais assez, ces hommes de loi, et personnellement j’en doute : les avocats se moquent de la légitimité et du progrès, ils ne s’attèlent qu’à des questions de conformité, et l’on ne doit jamais présumer qu’un recours ait déjà été porté par eux devant une juridiction compétente. Un cas de divorce, c’est beaucoup plus simple, ça demande beaucoup moins d’effort. Surtout, ça paye mieux.

Et pourquoi selon vous n’y a-t-il plus de littérature, c’est-à-dire de vrai livre, dans notre pays ? pourquoi tout écrit est-il si mauvais, à l’exception parfois du premier d’un auteur ? Parce que toute la création se situe dorénavant dans la main, dans la griffe, dans le poing rapace et fermé, des grandes firmes, des entreprises internationales, des GAFAM du livre, GAllimard, FlAMmarion et consorts : on y distribue chichement des subsides pour maintenir la servitude, comme des graines qu’on donne avec pitié à l’oiseau en hiver, mais sitôt que le poing se referme sur les miettes, l’oiseau crève la faim, il fera tout ce qu’on lui demande pour pouvoir manger… sauf qu’en vérité l’auteur crevait déjà presque de cette main – toute la nuance se trouve dans ce « presque » –, c’est pour cela qu’il se contente de livrer à son maître les œuvres précises qu’on lui ordonne, les œuvres piteuses et puériles qu’on lit aujourd’hui ! À 8%, l’auteur doit travailler vite, il doit travailler mal, produire beaucoup ou faire maintes autres choses que d’écrire pour gagner sa vie, c’est logique… Non ? Mais alors, dites-moi donc de quel livre, depuis cinquante ans, est-on fier, en France ? De quel livre pourrait-on seulement être fier ? Quel ouvrage, depuis ce temps au moins, mérite chez nous le titre de patrimoine ou d’histoire ? Rien ! Aucun ! Nul ! Même les primés ! L’auteur, le bon auteur, n’a le droit que de se taire et de crever comme on lui permet, au rythme qu’on veut. 8%, c’est une honte ! une honte pour nous ! pour nous tous ! C’est bien ainsi qu’on se fait du divertissement bon marché dans notre pays ! Vous aimez les auteurs ? vous aimez la littérature ? alors, un conseil cohérent et juste : n’achetez pas un livre édité. N’achetez rien qui soit une variété d’escroquerie pour ces auteurs que vous prétendez aimer. Moi, je crois que si j’aimais l’esclave, je ne financerais pas l’esclavagise en espérant qu’il le paye en retour : je ferais don à l’esclave, directement. Ou bien, mieux : je ferais en sorte que l’esclave devienne illégal, je ferais en sorte d’abolir l’esclavage.

Mais bien sûr, comme dirait Montesquieu : « Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. » Eh oui ! écrivit plus tard Voltaire de concert, car « c’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. » C’est bien vrai que, sans l’esclave-auteur-du-droit-d’auteur, le livre serait plus cher ; mais alors, il aurait une valeur au lieu d’un prix. C’est à voir si l’on veut que nos livres soient de la littérature ou si l’on préfère que, bon marché, ils aient la saveur du sang et de l’indignité comme c’est le cas de nos jours, pourvu que chacun puisse en acheter en la quantité qu’il veut, en dépit de sa qualité déplorable et de son goût de misère. Vous pouvez bien, si vous voulez, continuer de vous régaler de ce sucre de la honte, de ce sucre de la décadence, de ce sucre de la vilenie, de ce sucre de l’abus : mais votre bouche dégoûte alors de cette horreur qui vous remplit tout entier l’esprit jusqu’au cœur. Toutes les pages que vous lisez actuellement puent atrocement l’extorsion et la pauvreté, et vous vous en remplissez, et vous ne pouvez plus vous en défendre, vous ne pouvez plus au prétexte ancien que vous l’ignorez : vous savez, à présent. Il paraît que les Français sont sensibles à l’argument du commerce équitable : eh bien ! cessez donc de financer l’exploitation d’hommes dans votre propre pays ! Chaque fois que vous acquérez un livre, vous contribuez à ce système de cupidité qui ne pourrait vivre sans vous : car il faut bien admettre que l’esclavagiste vit de ce qu’il a suffisamment d’acheteurs pour l’enrichir ! Aurais-je dû plutôt vous le cacher, de façon que vous ne disiez pas, que vous ne pensiez pas, candides que vous êtes, que vous ne vous écriiez pas, par égard pour tous vos préjugés : « Ô Pangloss ! tu n’avais pas deviné cette abomination ; c’en est fait, il faudra qu’à la fin je renonce à ton optimisme. » Quoi ? Non ? Pas encore ? Vous n’êtes toujours pas convaincus ? Vous trouvez donc vous aussi qu’il est, s’agissant des auteurs, « impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens » ? Ces gens-là, ces auteurs, il serait « presque impossible de les plaindre » ? Eh bien ! pourquoi ne pas réclamer vous-mêmes d’être rémunérés en tout et pour tout à hauteur de 8% de ce que vous rapportez à votre entreprise – mais strictement de ce que vous, vous seul ! rapportez à cette entreprise. C’est un « noble travail », à ce qu’on proclame ; vous verrez, c’est une « saine occupation », à ce qu’il paraît, vous en serez « flattés », vous aussi ; cette « dignité » vous fera vivre également une « gloire », à ce qu’on dit ; un profit, en somme : soyez heureux ! Il ne suffit plus, après cela, qu’à instituer une législation qui permette uniformément ce procédé, de façon que nulle entreprise n’y trouve de scrupules en se comparant aux autres. Vous nous fabriquerez là, vraiment, une belle idée de mérite et d’honnêteté ! « Eh quoi ? un auteur est un artiste, et il est content déjà de toucher quelque chose ! » ? Soit. Si vous voulez. Belle idée, décidément ! Pourquoi ne pas faire alors de toute la société une société d’artistes ? Et de vous aussi, par la même occasion. Après tout, le travail d’un artiste, c’est un travail intellectuel et manuel comme le vôtre : devenez donc artistes. De force, oui, pourquoi pas ? tout comme eux. Pourquoi ne pas obliger toute la société à cette « fierté-là », à « cet honneur » ? Vous verrez, vous en serez « bien contents », vous aussi, et vous comprendrez enfin ce que c’est que de vivre là-dessus, sur ce contentement-là !

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Commentaires
A
Peut-être bien qu'aussi nos occidents n'ont plus de ferveurs à narrer, une fois ou deux mille fois le tour du nombril au pubis (pour les plus curieux quelques tours vers la base arrière dégagent encore , mais de moins en moins, un petit fumet presque déviant), des traumatismes choupinesques, le recours aux marginaux et aventuriers extra-territoriaux pour encanailler les fades appréciations de nos rototos universitaires. Et pourtant il y a des talents, mais à qui s'adresser au-delà des professionnels de la profession, les artisans louches de la prise d'otage lacrymale, ces publics confiant le bon goût à trois organes de presse (je leur presserais bien, moi, leurs organes) se référant à l'incessant besoin d'une transgression affectée ne racontant plus rien d'autres que les ternes frissons d'hypocrites larrons exhibant les tartufferies dont ils sont encore prodigue, ceci entre deux facilités et après une quinzaine d'années sur les bancs des écoles. Bravo !
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A
Je ne comprends rien à mes intérêts financiers, je gère mieux les balances d'un commerce ou bien les revenus d'autrui. Pour dire que ces affaires de négociants sont aussi en train de vivre, ne vous rassurez donc pas, ainsi que d'autres exploitations héritières de la Révolution Industrielle, un certain chant du cygne. Fin de la récréation, les oreilles sifflent et les prolégomènes antécédents vont rejoindre à la casse la déclinaison incessée des ars en art, puis en culture, les divertissements déclinés jusqu'au confinement du forfait conjugué aux écrans. Ni prince, ni bourgeois n'ont plus à démontrer quelque supérieure intelligence, ces pourceaux préfèrent dorénavant l'artificielle, celle qui succédera aux farouches individualismes thuriféraires d'une certaine créativité. Mais les témoins doivent disparaitre, progrès, futur ne s'encombreront pas d'autant d'incommodités. J'eusse signé Cassandre, mais les plumes et les cerveaux voltigèrent et effectuent, ponctuellement encore quelques cascades, le public se rincerait-il l'oeil, attendant la chute de l'acrobate ? Néanmoins, Aurélien Bellanger, par exemple, m'apparait sérieux et travailleur, très documenté. Son écriture est au scalpel, presque froide, mais ainsi elle se dégage des facilités des oeillades au lecteur ou les recours aux viles flatteries des procédés, des tambouilles segmentées à l'emporte-pièce. Son oeuvre n'a pas cinquante ans, mais est pertinente souvent éclairante; mais il est vrai que son romanesque est à apprivoiser, plus discret qu'épique. Mais oui, Walter Scott, Jules Vallès, Paul Verlaine ne seront plus, mais qui donc fera bouillir la marmite ?
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