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Henry War
13 juillet 2021

Un glissement très funeste

Cet article est certainement le plus sinistre que j’ai pu écrire sur le sujet du Covid – j’en avais prévu un autre, mais c’est inutile, à présent, cet autre paraîtrait dérisoire et drôle à côté de celui-ci. Il est fort possible que, d’hier à aujourd’hui, un événement majeur se soit produit dans notre pays auquel nul n’a conscience à part moi et une poignée d’intellectuels qui se servent des réseaux sociaux pour d’autres causes que la mise en valeur de leurs chats ou de leur fête d’anniversaire. On ignore assez, en France, ce qu’on croit relever de la science des purs juristes, et qui établit en fait la garantie du droit : on n’imagine donc pas l’enfreinte et le traumatisme que la déclaration d’hier soir vient de faire à l’esprit même des lois.

Je ne dramatise rien, on sait que je me moque de tout, que j’ai toujours pris l’habitude d’un grand recul. Je devine que bien des gens prétendront avoir prévenu du risque que représentait l’ensemble des mesures prises progressivement contre un virus très peu mortel, mais je ne m’accorde pas à dire que leurs alertes leur donnaient raison : on peut déclarer un avenir sans l’avoir prédit de manière rationnelle ; il ne s’agit pas, parmi la somme de personnes à s’être déclarées sur la question, de vérifier qui avait annoncé plus ou moins par hasard ce qui se réalise, mais sur quels fondements reposait leur prédiction, et il faut admettre que jusqu’à présent elles étaient souvent confuses et paranoïaques. Du reste, j’avais également explicité, dans un article intitulé « Pourquoi le vaccin deviendra obligatoire », les raisons de la situation actuelle : mais ça ne parlait encore que comme théorie appliquée à l’état d’esprit contemporain ; dorénavant, c’est la circonstance actuelle qui va tendre à imposer sa théorie du rapport entre les contemporains.

Je m’inquiète de la mine de notre président, hier, qui prend une très funeste tournure et qui ne se fait plus de cas de conscience de proclamer des abus inouïs, qui passe manifestement au-dessus de ses propres scrupules avec une austérité psychologique dont il ne pourra plus, en cohérence, se sortir, et qui le fait avec une radicalité exaspérée et une démesure proprement sidérante.

La démocratie imbécile l’a emporté, et cette démocratie veut le totalitarisme. C’est un totalitarisme de confort ; un totalitarisme non de brutes, mais d’irresponsables et de lâches. Un totalitarisme de divertis. C’est peut-être d’ailleurs le seul totalitarisme qui ait existé.

Le Français approuve donc qu’on oblige ses concitoyens à des traitements médicaux que ces derniers refusent pour lutter contre une maladie assez bénigne qui, dès lors qu’il est vacciné, n’est officiellement plus en mesure de lui nuire. Le Français exige des vacances, et il croit que c’est à ce prix qu’il les obtiendra sans contraintes. Le Français considère qu’on peut priver ses compatriotes de vie sociale et de nourriture pour lui permettre de partir à la mer.

Le Français se trouvera des excuses, comme toujours. Il prétendra qu’il y a des morts, et qu’il n’aime pas le trépas, que c’est naturel et humain de rejeter le décès. C’est toujours pour le bien de ses voisins, en somme, qu’il les opprime.

Je ne crois pas exagérée l’assertion selon laquelle le passage que nous vivons constitue un glissement, une dérive historique, une sorte de régression grave si l’on préfère. C’est que M. Macron prend en toute conscience une décision illégitime et absurde, et c’est encore sur la base d’un décret qu’il le fera. Pour le moment, il affiche une gêne légère : cette gêne passera lorsqu’il verra qu’il n’a guère de résistance contre lui. Car il n’a pas contre lui la presse, qu’on a vue corrompue depuis des mois. Il n’a pas contre lui un Conseil scientifique dont il a écarté méthodiquement les membres contradictoires. Il n’a pas contre lui les lois coutumières et civiles, les lois nationales de la France, car il a imposé un régime d’exception qu’on ne croyait accessible qu’en cas de guerre et appelé « État d’urgence ». Il n’a pas contre lui les médecins et le personnel de santé, qui n’ont pas de compétence ou qui s’appuient sur des intérêts privés. Il n’a pas contre lui la raison du peuple, qui ne veut pas comprendre que le virus ne tue guère et que les mesures gouvernementales sont d’une disproportion terrifiante et atterrante. Il n’a pas contre lui les réseaux sociaux qui censurent la parole d’une façon qui ne s’était jamais réalisée à ce niveau dans notre pays. Il n’a pas contre lui les intellectuels, parce que tous les intellectuels, même docteurs, ont été décrédibilisés ou parce que les Français simplement ne les reconnaissent pas. Il n’est même pas du tout sûr qu’il ait contre lui un candidat à la prochaine Présidentielle ou que ce candidat puisse, dans des conditions vraiment équitables, se présenter lui et son programme sans risquer un procès préliminaire pour on ne sait quel viol ou attentat présumé.

 Le Français croit que ce qui le différencie d’un citoyen de l’autoritarisme, c’est qu’il ne veut le mal de personne. Il a tort. Le citoyen de l’autoritarisme se moque de vouloir le mal des autres, il n’a jamais voulu le mal pour les autres. Mais il veut le bien de sa personne, qu’il estime plus ou moins mêlé avec celui de son pays, et il le veut sans se donner la peine de beaucoup réfléchir. Son gouvernement ne fait que l’accompagner et lui signaler différents ennemis pour diriger sa vindicte. Ces ennemis se distinguent tout naturellement par leur tendance officielle à nuire au bien de la personne et du pays. Un peuple ratifie une dictature non en faveur d’un tyran, mais parce qu’il approuve les atteintes aux droits des autres en sa propre faveur.

Franchement, quel mal advenait-il que des gens refusassent de se faire vacciner ? Vous l’êtes, vous : en quoi cela vous aurait-il rendu malades ? Le vaccin protège, à ce qu’ils disent : pourquoi être vaccinés, si vous ne le croyez pas ?

Il y en a qui pensent qu’il faut protéger les individus contre eux-mêmes quand ils sont résolus à prendre des décisions qui leur nuisent. Ceux qui en croient ainsi sont des imbéciles ou des monstres. Tout refus à un ordre peut être présenté comme une nuisance à soi-même, qu’on confondra toujours, en pareil cas, avec l’intérêt général.

Quelque chose d’effroyable, de stupéfiant s’est passé, et n’importe quel psychologue trouvera au visage de M. Macron, lorsqu’il annonça sans vergogne la fin de toute possibilité d’opposition, une détermination sinistre et teintée de mensonge qui, selon moi, n’a jamais eu d’égal chez lui. Pour la première fois, il assume l’arbitraire.

C’est terminé. Les Français n’iront pas dans la rue, ils supposent que ça ne sert à rien, et, quand cela arrive, les policiers reçoivent « de certains ordres ». Je ne veux rien exagérer, j’ai toujours été d’une scrupuleuse exactitude, on le sait. Il ne me reste qu’à voir où tout cela nous conduira, mais la pente la plus rude est passée, depuis hier, celle où la bille ne peut plus verser d’un côté ou de l’autre et glissera désormais inévitablement dans le sens du totalitarisme des masses. Je ne crois pas beaucoup aux représentants du peuple qui, en matière de compétences et de mœurs, valent généralement le peuple lui-même : ce sont des gens qui n’ont à peu près rien lu.

Ils vous ont vaincus, ça n’a pas été difficile, finalement, et les cours d’histoire n’y ont rien fait, c’est toujours les mêmes événements qui se répètent. Zweig, j’y songe, se serait peut-être exilé. J’assure que j’y pense, je ne plaisante pas ; je n’en ai seulement pas les moyens.

Demain, si je persiste à refuser un vaccin sans intérêt et à leur désobéir – uniquement ça : désobéir à un décret aberrant ratifié par un Parlement de vieillards paranoïaques –, d’interdictions en amendes de plus en plus fortes ils finiront par me mettre en prison. Il faut dès à présent qu’on tende le bras de force ou qu’on alimente le camp. Ils ont gagné le Conseil d’État apparemment, et le Conseil constitutionnel n’ose déjà plus rien dire. Bientôt, prenez garde, ils interdiront d’autres droits auxquels vous tenez : tout succombera autour de vous et, à la dernière seconde, il ne restera plus personne pour vous soutenir, tous se contenteront de dire : « Oui, mais ce ne sont que les personnels de santé » – ce genre de choses.

J’ai saisi à l’instant le Défenseur des Droits : on verra ce qui en adviendra. Si demain on tente de me fixer une amende, je contesterai l’infraction en saisissant le Conseil constitutionnel au moyen d’une Question Prioritaire de Constitutionnalité, suivant la forme que j’ai explicitée dans la dernière partie de mon article : « Pistes juridiques contre le passeport sanitaire ».

« Et s’il le faut j’emploierai des moyens légaux » chantait Goldman. Nous y sommes.

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