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Henry War
15 juillet 2021

Un principe sanitaire : ne pas déjeuner avec ses geôliers

J’ai toujours admis la responsabilisation individuelle au cœur d’une profonde réforme du monde contemporain, actuellement si évanescent et diverti. Ce qui blesse foncièrement notre siècle, c’est que le citoyen y est inconséquent : sa parole légale n’a aucune importance, et ses imbécillités les plus outrées lui semblent légitimes, elles ne l’humilient point car il n’en tire jamais une punition, aucun préjudice social ; on les lui pardonne toujours, on lui ment en les prétendant anodines, c’est pour cela qu’il les répète avec autant d’audace bovine. Je veux dire qu’il est d’usage, chez nous, de ne pas admettre qu’il faille mépriser, et c’est la violente bêtise qui en profite ; notre compréhension « universelle » et notre « chrétienne » tolérance, associées à l’esprit bonasse de perpétuel bénéfice-du-doute, entretiennent nos compatriotes dans un état de paresse et d’indélicatesse éhonté. Or, dans toute société, c’est avant tout la honte qui retient l’individu de se laisser intellectuellement végéter. Un peuple de tyrans est en tout premier lieu un ensemble d’êtres indélicats.

 En l’occurrence, ils sont des foules entières à avoir opprimé une minorité, à lui avoir imposé le choix entre le vaccin ou l’exclusion, à avoir réalisé une discrimination concrète dont ils avaient valorisé les arguments dans une multitude de discussions en présence même de cette minorité qui avait cru bon de ne pas leur en tenir rigueur, et c’est sans nul doute la notoriété de leur majorité qui a permis la décomplexion d’un gouvernement qui, pour se contenter de suivre leur avis, se suppose désormais démocratique et légitime.

Voilà. C’est acté. Nous y sommes.

Eh bien ! ces gens se figurent-ils qu’après une telle discrimination, ils peuvent continuer de vivre en présence des Nègres comme avant ? Sera-ce une façon de les mettre en face de leur responsabilité que de leur permettre, après cela, de côtoyer la triste partie du peuple qu’ils ont oppressée ? Prétendront-ils au « sans rancune » comme après un simple carton jaune dans je ne sais quelle partie sportive qu’ils auraient remportée ? « Voilà, nous avons gagné, il faut vous résigner, les décisions sont prises et il n’est plus l’heure d’en discuter : soyez bons joueurs, enfin ! Vous êtes à présent obligés de vivre sous le stress et la contrainte, ou bien vous recevrez des amendes, ou bien vous finirez en prison ; mais buvons encore un verre, et parlons d’autre chose, votre problème ne nous concerne plus. » Et quoi ? Se figurent-ils donc que les droits des autres sont un simple jeu ?

À tous ceux, donc, qui, ces prochains jours, vont subir les affres du dilemme qu’on leur impose sans nécessité, ou à ceux qui les ont déjà subis quelle que fut leur décision forcée, je recommande la position suivante, qui servira pour l’amélioration, pour l’édification même, de tout environnement humain :

Que tous les oppresseurs qui, dans des discours publics ou dans leur conversation privée, ont tenu contre vous des opinions discriminatoires, théoriques ou pratiques, qui ont répandu l’idée que vous deveniez illégal, que vos opinions devaient être interdites, que vos prétentions à décider de votre santé pour vous-même étaient excessives, qu’il fallait qu’un décret ou autre chose vous empêchât de répandre vos avis là-dessus et vous résolût à la censure en paroles et en actions, et qui, sur ce fondement, ont aboli une partie de vos libertés, qui ont blessé votre sensibilité, qui ont contribué à des mœurs et à des lois indignes du meilleur héritage de la nation, qu’il s’agisse de vos collègues, de vos amis ou de vos parents (pour tout dire je soupçonne ma mère d’en faire partie) dont l’expression fut claire et signifia à votre encontre, directement ou indirectement, la suppression d’un droit qui cependant n’ôtait absolument rien aux leurs– que tous ces gens soient exclus de vos cercles, de vos relations et de votre mémoire s’il le faut, de façon qu’enfin ils considèrent un peu que leurs dires sont des actes et que cela engage, que quand les mots induisent des conséquences néfastes pour leurs proches cela en induit aussi pour eux-mêmes, et si, à défaut de pouvoir éviter leur présence, vous êtes contraints d’endurer leur innocuité sur tout autre sujet de diversion, à la manière dont le Nègre avait coutume de recevoir les sourires et les compliments de son Maître qui ressentait régulièrement le besoin de ne pas se croire oppresseur, alors qu’un mépris inconditionnel et fort sensible porte de vous à eux la charge de la douleur amère qu’ils vous ont infligée et qu’ils vous infligent encore, et ceci sans trêve, aussi longtemps que vous pâtirez des résolutions qu’ils ont prises à votre encontre et qu’ils ne sauront s’en repentir.

Ni pardon ni oubli : cessons cette condescendance qui consiste à les admettre d’emblée des irresponsables. Vieux ou jeunes, ils ont dit : nous les dignifierons en leur faisant sentir toute l’abjection de leurs dires ; ce sera notre générosité de ne pas les considérer d’office comme des fous. Ils souffriront peut-être de nous rencontrer ou même de ne pas nous rencontrer, mais en aucun lieu vous ne devrez vous croire obligés de leur complaire. Quand ils auront perdu un ami ou un fils à de tels propos, à de pareils outrages, peut-être se retiendront-ils à l’avenir de les leur proférer.

La parole et l’action, après cela, peu à peu reprendront du sens, et toute une nation, qui se réinvestira par progrès des questions de l’esprit, consentira à son tour à mépriser – et donc à forcer au travail de l’esprit – ceux qui oseront des insanités, après avoir été justement victime d’un mépris. Les contemporains redeviendront au moins des êtres d’une certaine conséquence ; ils redouteront pour eux-mêmes – puisque leurs facultés pour le moment ne vont pas jusqu’à craindre pour les autres – de se mettre à la place d’autrui. Ainsi, il ne faut certes plus fréquenter les banals despotes, ou bien ne les fréquenter qu’à leur détriment : qu’ils ne s’aventurent plus dans un combat même en majorité sans éprouver qu’ils peuvent eux-aussi en être durablement blessés ! Il est temps, de toute manière, de vérifier auprès de quelle compagnie nous voulons vivre. Pour moi, je n’ai vu nulle part qu’à une bar-mitzvah les Juifs avaient l’habitude d’inviter des nazis.

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