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Henry War
11 août 2021

Cette locution : "dictature sanitaire"

On n’a pas compris, ou l’on a feint de ne pas comprendre, l’expression de « dictature sanitaire » : on a prétendu, pour ridiculiser ses locuteurs, qu’elle signifiait qu’on confondait le régime démocratique où nous vivons avec le temps effroyable des meurtres permis de l’histoire, en quelque grossier amalgame ou hyperbole. Mais non, elle veut simplement signifier un recul des droits individuels, ce qui n’est pas si fréquent dans un siècle de progrès. Elle doit s’entendre de deux façons, auxquelles il faut être extrêmement vigilant :

D’abord, elle se comprend comme dictature « de la santé », au sens propre du mot « sanitaire » : je crois indéniable l’idée que, depuis des mois, l’intégralité de l’action politique est subordonnée au domaine de la santé. Au même titre qu’en un régime totalitaire la « totalité » des pouvoirs est dévolue à une seule entité, ni économie, ni éthique, ni droits par exemple ne sont plus à présent fort considérés avant d’ordonner une décision d’État, en quoi, en imposant sa prévalence et son hégémonie, la santé elle-même, devenue raison unique de tout, est devenue dictatoriale.

En second lieu, on a grand tort de considérer l’élection d’un Président de la République le motif essentiel d’une démocratie moderne : ce sont ceux qui le pensent qui caricaturent. Ne sait-on pas qu’entre 1775 et 1865 les États-Unis furent une démocratie que Tocqueville examina dans un livre célèbre justement intitulé De la démocratie en Amérique(1835), bien que, durant ce temps, le pays pratiqua l’esclavage ? Jusqu’en 1965, ce même pays autorisa dans les États du Sud une ségrégation raciale dont le slogan fut : « Séparés mais égaux », ce qui ne l’empêcha pas encore de prétendre au titre de démocratie. On a l’air de se figurer naïvement qu’un pays despotique s’annonce tel, que cela se voit d’évidence, et que, par exemple, Hitler ou Mussolini se sont eux-mêmes qualifiés de dictateurs devant les foules, comme s’ils n’avaient pas affirmé jusqu’au bout être au pouvoir par la volonté du peuple. Et croit-on que ce peuple disposait alors de plus que d’indices pour qualifier la forme de son gouvernement de dictatoriale ? Croit-on que dans ce peuple les citoyens ont tous facilement admis que leur régime avait « mal tourné » ? Il est vrai qu’alors, selon toute apparence, le IIIe Reich lui-même n’était pas l’Empire romain, que ses institutions avaient évolué d’une façon qui ne pouvait se comparer au juste avec aucun despotisme précédent, notamment avec nulle monarchie héréditaire. Simplement, l’expression : « dictature sanitaire » admet que le temps des discriminations est supposé révolu, et qu’il y a quelque chose de tyrannique à les rétablir, même si le pays n’est en effet pas gouverné par un tyran parvenu grâce à un coup d’État et contraignant à une dynastie.

Quant à ceux qui me contestent le mot de « discrimination », je leur demande simplement et en toute bonne foi : n’est-il pas vrai que dans notre pays des lieux publics sont interdits à une catégorie de gens qui ne sont pas même malades et qui n’ont rien fait d’illégal ? Je veux bien n’y pas adjoindre les connotations de la ségrégation, mais il faut reconnaître la réalité du mot : c’est bien d’une discrimination qu’il s’agit, ce dont les Défenseurs des droits sont d’accord. Et je laisse à l’appréciation de mon lecteur si l’on ne dirait pas pareillement, de nos jours, pour la situation actuelle, que s’applique encore la doctrine : « Séparés mais égaux. »

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