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Henry War
19 décembre 2021

Incrédulité de l'alternative

Un téléspectateur de la société d’hier, accoutumé à ses usages, habitué à voir à l’écran le reflet de la réalité, est désorienté aujourd’hui, ou plutôt il n’est pas en mesure de s’apercevoir du changement de paradigme de l’information télévisée, et il conserve l’esprit obtusément fixé sur la pensée que le JT est une représentation fidèle de la vie, parce qu’il en a toujours été ainsi, parce que jusqu’à présent on pouvait en général se fier aux journalistes pour exprimer hardiment des reportages contradictoires. Même au début du Coronavirus, on montrait un gouvernement qui se trompait, comme avec les masques, mais puisqu’il n’existe plus un média d’ampleur pour rappeler qu’il y a trois semaines M. Véran promettait qu’il n’y aurait pas de pass vaccinal, le Contemporain croit que ça n’a pas existé, se fie à cette version. Demain, quand je lui rappellerai, il ne me croira pas, au même titre qu’il y a peu, quand j’ai rapporté que l’OMS s’était déclarée défavorable il y a un mois à la troisième dose et il y a moins d’une semaine à la vaccination des enfants, des sceptiques en ont douté, parce que, n’en ayant jamais entendu dire un seul mot, ils supposent là-dessus que je les dupe et, forts de cette certitude, ils n’iront même pas vérifier. (Je ris : un collègue à l’esprit très scientifique, en lisant une étude internationale, fut surpris avant-hier des données évoquant le « booster », il ne sait alors pas ce que c’est, il est loin d’imaginer que, dans la littérature mondiale, on ne désigne pas du tout la troisième dose un vaccin mais un complément immunitaire.) Il en va de même des innombrables études scientifiques contre le vaccin de Pfizer : ces études, pourtant parfois éloquentes et susceptibles de réaliser un soupçon fécond, ne sont pas diffusées, tandis que les chiffres officiels les plus douteux, dont le fameux 90% de non-vaccinés en réanimation, sont reproduits continuellement sans preuve ni analyse sur n’importe quelle chaîne. Le téléspectateur n’a plus seulement le moyen de s’étonner de ces paradoxes parce qu’on lui dissimule jusqu’aux paradoxes-mêmes, et aussitôt qu’il découvre que des scientifiques chevronnés formulent des doutes, dont le Pr Montagnier prix Nobel, dont le Dr Henrion-Caude une rare spécialiste française de l’ARNm, dont le Pr Malone inventeur de la technologie ARNm, dont le Dr Raoult infectiologue double médaillé de la Légion d’honneur et de si haut renom qu’on lui donna une place au comité scientifique, il ne lui semble pas possible qu’il soit passé à côté de tant de sommités et d’informations capitales, par conséquent il les nie. Bientôt, quand vous leur expliquez que, sans préjugé, vous ne vous contentez que de lire et de vérifier les informations qui vous parviennent depuis d’autres réseaux, l’un vous répond qu’il fait exactement pareil, bien qu’il n’ait jamais entendu parler d’une seule des études que vous lui fournissez, et quand vous l’interrogez sur sa méthode, il vous répond que lui aussi, en effet, compare méthodiquement les données qu’il reçoit sur M6, TF1, LCI et BFMTV à l’exception des émissions réputées « complotistes » comme celle de Pascal Praud, et qu’il s’estime content que ces données convergent, ce qu’il appelle, lui, « avoir vérifié » – en somme, c’est quelqu’un qui passe son temps à trouver que les études issues des mêmes sources et reproduites au mot près coïncident et que c’est rassurant. C’est précisément la façon dont on choisit les intervenants de ces émissions : on voyait M. Blachier partout quand il relayait l’opinion du gouvernement, mais depuis qu’il en formule des réserves, il n’est plus si présent sur les plateaux de télévision, on ne l’invite plus si facilement ; de sorte qu’on est toujours à peu près réduit, sur ces canaux dominants, à suivre en gros la controverse entre un pro-vaccin inconditionnel et un pro-vaccin qui doute si le booster doit être utilisé dès le quatrième mois après ou si l’on peut attendre le cinquième. M. Macron a raison, stratégiquement, de jouer sur l’idée spécieuse selon laquelle un vrai scientifique n’est pas l’intervenant des réseaux sociaux : en effet, comme les principaux médias ne véhiculent pas le plus petit bémol contre la propagande officielle, on est obligé de chercher des analyses même internationales sur Facebook et ailleurs, et sitôt qu’on en trouve, rédigée par des experts de plus grande renommée que les membres de notre comité scientifique, mieux vaut renvoyer la population à l’idée que, si ces études étaient pertinentes, elles seraient diffusées sur TF1, par conséquent il faut qu’elles émanent d’amateurs qui ne sont pas fiables. Pire : le nombre de vos références alternatives vous décrédibilise, à présent : alors qu’en science la quantité des études avait toujours été l’indice d’une certaine fiabilité, la multitude de données que vous avez accumulées contre le vaccin, signalant combien vous avez passé de temps sur les réseaux d’information secondaires, signifient combien vous êtes foncièrement complotiste. Et c’est ainsi que, trop renseigné, insistant, opiniâtre, fanatique en un mot, vous avez encore plus tort – la belle démonstration !

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