Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Henry War
11 avril 2022

Une conséquence électorale du Contemporain peu fin

Une conséquence de la façon dont le Contemporain catégorique et manichéen est amené à voter sans considération objective des résultats d’un mandat ni sans examen des propositions alternatives aux oppositions les plus outrées, c’est que, à bien y réfléchir, il n’est plus nécessaire pour les candidats de « faire campagne », le suffrage étant établi d’avance dans l’esprit inerte de l’électeur. Cet électeur, on ne le voit certes plus jamais, à notre époque, retourné dans ses avis, ni même, à considérer objectivement les situations où l’on discute avec lui, convaincu par quelque argument que ce soit : ou il aspire à adhérer et se fabrique alors toutes les excuses et consolations pour perpétuer un président quels que soient sa capacité et son bilan, ou il se dirige vers l’un des deux partis les plus ostensiblement réputés « d’opposition » et il y est tout autant immobile. Ce que M. Zemmour a fait avec ses 7% consiste environ en la totalité de la marge de manœuvre dont est capable un candidat qui n’appartient ni au gouvernement ni à l’opposition historique. Mais, si l’on y regarde bien, ni M. Macron ni Mme Le Pen n’ont déployé d’énormes ressources pour se faire valoir : les Français, pesants, ne sont pas convertibles ; en fait, ils étaient déjà largement sûrs de leur vote, et les candidats avisés de cette réalité psychopathologique n’ont pas estimé utile de dépenser en frais et en efforts de quoi prendre surtout le risque d’une maladresse qui eût pu déplaire. Autrement dit, ils avaient déjà acquis l’image suffisamment grossière dont ils avaient besoin, et il leur était risqué d’en sortir si leur objectif était d’agréer à des Français eux-mêmes grossiers et qu’une nuance inattendue désarçonne et peut renverser.

Et tout logiquement, il n’est donc absolument d’aucune influence d’organiser un débat de second tour, ou bien il adviendra seulement ce qu’il s’est passé il y a cinq ans, à savoir qu’on prétendra qu’un des candidats y a perdu sur la foi de preuves subjectives étayées de codes fort conventionnels, mais uniquement à dessein d’expliquer pourquoi de toute façon on avait prévu de voter pour l’autre. Voilà pourquoi, aussi bien si j’étais M. Macron que Mme Le Pen, dans la mesure où les sondages annoncent un score serré qu’on risque d’abîmer dans les deux camps si l’on intervient, je me refuserais à une telle comédie où l’on feint encore, comme si c’était vrai, que le Contemporain est susceptible d’altérations de point de vue mais où l’on ne fait en vérité que s’épuiser à des éloquences agaçantes. On sait trop qu’il n’en ressort aucune vérité et que le vainqueur est toujours le poseur le plus superficiel, c’est-à-dire le plus à même de se mettre à la faible portée intellectuelle du Français qui ne lit pas et ne se souvient point de que c’est que la raison dont on lui parle quand on évoque Voltaire, sinon la mine plus ou moins agréable de son ancien professeur de français de quatrième.

Publicité
Publicité
Commentaires
A
J'hume comme des effluves de doute venus de Stagyre quant aux pertinences de l'ochlocratie.
Répondre
D
Merci pour ce texte.<br /> <br /> Ce n'est encore une fois de plus, pas une surprise de voir qui la Masse populaire a décidé d'élire.<br /> <br /> Entre un candidat honnête, aimant son pays, pensant à l'avenir, déclarant des faits connus de tous, et un banquier corrompu, le peuple a fait son choix. Naïfs sont ceux qui accusent les personnes âgées : ce n'est pas de leur faute si le peuple ne s'est pas mobilisé pour faire passer la vérité au premier plan. Toute la nation est complice - alors toute la nation paiera. Dans un monde injuste et cruel, les justes ne sont pas épargnés. <br /> <br /> On se retrouve maintenant face à un duel de grande envergure, qui se répète depuis des décennies : qui sera le moins malhonnête ? Certains, sûrement aveugles, habitués à se conformer, miseront sur Macron, d'autres, plus lucides, miseront sur Le Pen.<br /> <br /> Or, la question ne devrait pas se poser. Car dans un pays comme le notre, le destin de la patrie ne mérite pas d'être mis entre les mains, soit d'une femme financée par la dictature, soit d'un homme dont les intérêts sont l'argent et le pouvoir.<br /> <br /> <br /> <br /> La France n'est plus la France depuis qu'elle est régit par une masse d'imbéciles. Aucun pays ne sera grand et innovant tant qu'il sera régit par la foule. On nous l'a prouvé hier soir.
Répondre
Newsletter
Publicité
Derniers commentaires
Publicité