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Henry War
20 avril 2022

Pourquoi je ne regarderai pas le débat du second tour

Le débat du second tour n’apprendra rien à personne, et je déteste particulièrement qu’il consiste une fois de plus en une autojustification et en une grégarité populaires sous l’influence de la majorité. Autrement dit, les gens savent déjà pour qui ils vont voter, pas besoin de leur donner ce prétexte, ils font seulement semblant de croire qu’ils ont de bonnes raisons de le faire, et ils vont encore quérir ces raisons-là à la télévision. J’ose affirmer contre la France entière que tout ce qu’on a dit du débat d’il y a cinq ans est faux : regardez-y, et vous verrez que Mme Le Pen n’était pas spécialement agressive, et qu’elle traitait par l’ironie les élucubrations d’un technocrate, bien qu’elle cherchât ses notes quelquefois, ce qui n’est pas un crime, ce qui n’est même pas un problème ; et voilà tout à coup que les Français, qui se régalent quotidiennement des brocards lapidaires de leurs politiciens sur Twitter, qui abusent de l’ironie dans tout débat au point quelquefois de ne plus savoir eux-mêmes ce qu’ils pensent, et qui ne désavouent jamais leurs députés pour leur incapacité à prononcer un discours sans le mal lire, tiennent rigueur de tout cela à Mme Le Pen qu’ils n’ont cependant jamais vue différente !? Mme Le Pen, certes, n’eut à peu près rien à se reprocher dans l’exercice, mais qu’est-il advenu ? Il est arrivé que les médias ont prétendu qu’elle avait manqué sa prestation – c’est exactement ce qu’ils disent de toutes ses prestations, même actuellement – et que, comme le plus grand nombre des Français n’avait pas l’intention de voter pour elle, ces derniers sont allés se figurer après coup que c’était notamment à cause du débat « raté », alors que tous les autres n’ont pas trouvé manifestement qu’elle avait « perdu » ou bien ne l’ont admis qu’après le résultat de l’élection parce qu’il fallait bien enfin se consoler en allant chercher des excuses à leur défaite et, surtout, des consensus, des compromis, en vérité des compromissions. C’est ainsi qu’on travestit la réalité et l’histoire, en France : depuis cinq ans, on en reste au mythe de la fameuse « prestation catastrophique », et personne n’interroge la légende au risque de subir les foudres des partisans de la « mémoire collective », au même titre que tout ce dont on peut douter de l’histoire de la seconde guerre mondiale, qui, parce qu’il est considéré patrimoine, est aussi absolument tabou. Mais allez donc voir vous-même : Mme Le Pen n’était certes pas tendre, mais elle ne l’a jamais été, et je vous propose de juger en contrepartie les « tendresses » de son rival qui, avec son calme froid, eut l’audace d’avancer les absurdités et les mauvaises fois les plus intolérables. Les images les plus « accablantes » que le JT de M6 présentait hier soir de ce débat pour insister sur l’incompétence de la présidente du RN (belle impartialité, une fois de plus !) montraient un paltoquet propret lui faisant remarquer qu’elle devait retrouver tel chiffre dans ses papiers, ou bien révélaient la mine stupéfaite de la candidate qui, ouvrant de grands bras, indiquaient qu’elle ne revenait pas des bêtises éhontées qu’elle entendait : oh ! la flagrante incompétence, assurément ! et la belle démonstration de son échec !

Par-dessus cela, par-dessus le fait qu’à travers ce débat j’anticipe le mépris croissant que le peuple français m’inspirera irrésistiblement contre ma patience et mon bon goût, il y a aussi qu’on ne découvrira rien et que, de nouveau, nul ne sera objectivement en mesurer d’évaluer la pertinence des propos, que tous se rattacheront à l’avis de la majorité : il fait déjà au moins trois ans qu’on entend M. Véran « argumenter » par des allusions d’école primaire et des menaces zozotantes sans que personne, pas un commentateur, ne lui ait remarqué. Le Contemporain n'est pas juge dans un débat : il n’est, décidément, que le juge approbateur de ses passions et de ses vœux qu’il espère toujours confirmés, sans toutefois les justifier ni les comprendre.

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Commentaires
A
Viaszfejjel nem lehet a napon járni. (En magyar). <br /> <br /> Avec une tête en cire on ne peut pas marcher au soleil. Proverbe hongrois. <br /> <br /> Je sais bien que War n'aime pas les proverbes. Néanmoins tel je mange les enfants, les gens de bien s'écartent à mon passage avant que se détende soudainement l'affriolante et festive loi de Lynch à mon égard. Alors je m'autorise la bousculade. Et plus encore : <br /> <br /> <br /> <br /> « L’âme du poète n’a pas supporté / Les blessures mesquines »<br /> <br /> Mikhaïl Lermontov (au sujet de Pouchkine), encore un génocidaire - pensait le poisson rouge, acanthaster en auréole et les étoile sous la caudale, à branchies renversées, c'est vague.
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