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Henry War
14 novembre 2022

Les usages de l'hôpital

S’agissant de l’hôpital, on n’a pas voulu poser la question des mentalités séparées des usagers, ce qui aurait peut-être été utile à expliquer autrement certains constats qu’on fit pendant le Covid et ensuite. Or, on distingue dans la population deux considérations de la médecine :

La première représente la très grande majorité des Français : c’est celui qui croit en la médecine. Mais cette croyance ici doit s’entendre comme une religion et une façon de miracle : c’est celui qui, n’ayant aucune idée de la maladie, ni notion de pathologie, se rend au médecin comme au prêtre, estimant que, lorsqu’il rencontre un péché, incapable de mesurer la gravité du mal, insoucieux de seulement tenter de l’évaluer, et exacerbant le risque, il doit instamment courir au confessionnal – qui, dans mon analogie, représente les urgences de l’hôpital. C’est lui qui, quand il se tord la cheville ou que son enfant a toussé, encombre des services médicaux autrefois réservés aux cas inquiétants ou critiques.

La seconde consiste en une infime minorité : c’est celui qui ne croit pas en la médecine, expression où il ne faut pas entendre qu’il doute des effets de la médecine – il n’est pas fou –, mais il connaît ses principes de façon scientifique et rationnelle, et il n’a pas besoin d’accorder quelque « croyance » ou « foi » dans ses procédés ; il s’y intéresse et se renseigne. Il a une idée assez claire de la distinction entre la foulure bénigne et l’entorse importante qui nécessite un plâtre, et sait qu’une gastroentérite ne réclame d’aller ni aux urgences ni chez son généraliste. Il ne se rend à l’hôpital que dans des circonstances rares et d’une certaine gravité – ce pourquoi elles sont conçues –, c’est pourquoi il use rarement de son système de santé.

Il faut à présent faire correspondre ces patients aux usagers de la vaccination contre le Covid. Tous sont à jour de leurs vaccins obligatoires, tous s’accordent sur les bienfaits de la vaccination en général, mais les uns s’y soumettent par croyance et les autres parce qu’ils savent ce dont il s’agit. Or, on doit pouvoir vérifier que les non-vaccinés du Covid se rencontrent dans la seconde catégorie, simplement parce qu’ils jugent n’avoir pas reçu suffisamment de preuves de l’innocuité et de l’efficacité de ce produit.

Or, voilà où je veux en venir ; pendant l’épidémie, on a fait deux constats :

Le premier, c’est que l’immense majorité des patients bénins aux urgences concernait des vaccinés, même un peu au-delà du taux de vaccination. Et c’est logique, car ce sont eux qui, d’ordinaire, occupent les services de santé pour des broutilles : pourquoi auraient-ils cessé de s’y rendre ? Ils ont poursuivi leurs habitudes de crainte selon leur système naïf de croyance : au moindre mal, se rendre chez le prêtre-de-la-santé. En vérité, les soignants s’accordent en général pour reconnaître que presque toutes les entrées des vaccinés furent inutiles, voire abusives : un passage au généraliste aurait largement suffi, et encore.

Le second constat, c’est qu’une majorité des patients graves entrés aux urgences et donc en réanimation concernait des non-vaccinés. Et c’est également logique, car ce sont eux qui, d’ordinaire, occupent les services de santé pour des raisons sérieuses, et qui s’empêchent de déranger leur médecin pour des broutilles. Aux premiers signes d’atteinte, ils n’ont pas consenti à se soigner, comme ils font toujours : ils savent – et c’est une vérité médicale – que la plupart des maladies disparaissent d’elles-mêmes sans traitement. Si l’on ajoute à cette mentalité les empêchements qu’on leur fit de se rendre dans des cabinets de consultation, on comprend qu’ils ne se sont rendus aux urgences qu’inextremis. En vérité, les soignants se sont beaucoup plaints aussi de ceux-ci, parce qu’ils les ont trouvés singulièrement mal en point à leur admission, de sorte qu’un soignant déplore à la fois les non-malades et les vrais malades.

Cette réflexion invite à penser que la vaccination n’a eu en fait qu’un rapport marginal, du moins un rapport non-évalué, avec l’occupation des réanimations : c’est bien davantage la conception et l’usage individuels de la médecine qui a fait une différence. Si mon constat est exact, on constaterait dans les mêmes proportions que les visites médicales facultatives, comme les dépistages, sont moins sollicitées par des non-vaccinés du Covid. Ce sont donc logiquement ces non-vaccinés qu’on trouvera aux urgences avec des pathologies de plus longue date et déjà aggravées, cependant qu’en totalité ce sont peut-être ceux qu’une somme inutile d’examens rend le moins coûteux à nos services de santé. On peut encore m’objecter – argument sérieux – que, le Covid ne recevant aucun traitement dans ses formes légères, ma distinction ne saurait s’appliquer à ce virus : ainsi, l’état du patient n’aurait pas dépendu de sa promptitude à se rendre à l’hôpital, mais plutôt de pathologies chroniques, ou comorbidités, qu’il cumulait jusqu’alors avec ou sans connaissance et qu’une décompensation a rendues sévères. C’est possible, mais il faut alors encore mettre en relation l’atteinte du Covid avec la négligence de ces patients pour leurs autres pathologies, leur insouciance de soins en général, ce qui revient probablement à les situer dans la seconde catégorie dont j’ai parlé, sans que l’effet de la vaccination n’y soit encore fondamental.

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