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Henry War
7 novembre 2023

Effet de mes livres de réserve

Comme je prends en note à l’avance, sur une liste, les titres des ouvrages que je lirai plusieurs mois ensuite, ces livres de réserve m’obligent à ne pas déchoir : c’est qu’au moment où je commence à lire, je réalise la décision d’un effort programmé il y a longtemps, ainsi je ne m’abandonne pas, grâce à ces perpétuités, en divertissements prochains bassement renouvelés où le plaisir passif annoncerait une pente vers la déchéance intellectuelle. Même, en lisant cette liste où ne figurent que des œuvres de quelque difficulté, il ne me vient nullement l’envie d’y inscrire un nom idiot ou d’y commettre une infraction de cohérence, envie que, si l’oubli de ma dignité m’y incitait, je perdrais aussitôt face au sentiment de ridicule et de honte à juxtaposer une grandeur supposée avec une petitesse sue. Et en la reparcourant, il m’arrive de supprimer une vieille référence que je juge désormais décorative ou médiocre, que j’ai dépassée, et ainsi remué-je en quelque sorte les strates de ma volonté et de mon effort, et mesuré-je si je parviens à rester égal ou si je tends à me dégrader.

Pour l’instant, la persistance de mon travail ne va pas trop mal, à ce que j’évalue.

Une bonne façon d’entretenir sa constance et de ne pas décliner est donc de comparer régulièrement son exigence actuelle et passée, et de vérifier son élévation à ce que, notamment, on n’aurait pas été naguère capable de s’imposer, ou au contraire à ce à quoi on avait davantage le courage de s’astreindre. Tout homme devrait ne jamais cesser d’être son propre memento, sa mauvaise conscience, sa pierre-de-touche. Le plus impartial jugement qu’on porte sur soi-même est celui qu’on opère à partir de ses traces, comme témoignages ou de ses persévérances ou de ses abandons.

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