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Henry War
17 janvier 2021

Celui qui vous informe en tenant à rester anonyme

Le procédé n’est pas clair qui consiste à vous informer de quelque chose en vous faisant promettre de n’aller point révéler le nom de l’informateur ; ce biais est louche, tortueux, comme tout ce qui tait son identité et instille son poison en tapinois ; il entre seulement dans la méthode d’un esprit spécieux et lâche, dissimulé et probablement vicieux. Jamais quelqu’un d’honnête ne parlerait spontanément ainsi ; quelqu’un qui voudrait franchement vous venir en aide dirait plutôt carrément : « N’importe que je sois compromis, il faut que justice soit faite et que vérité éclate ! » ; un ami de bon aloi ne se cache pas pour vous servir, il n’entretient pas des secrets au cœur même des révélations, il ne peut souffrir la contradiction de demeurer dans l’ombre d’un service où son honneur est engagé.

C’est l’apanage des gens sans principe et sans dignité de jouer ainsi les rapporteurs de mystère, parce que celui qui se plaît proprement à lever une obscurité logiquement ne doit pas simultanément en établir une autre : ou l’ambiguïté abîme et il faut la dissoudre, ou elle sert et il faut l’entretenir – question de cohérence ! Qu’une personne vous communique quelque chose, si elle ajoute : « Ne dis pas que c’est moi qui te l’ai dit », ignorez ses propos et gardez-vous à l’avenir de la considérer fiable : cette personne n’est pas votre alliée si vous aimez à être entouré de relations sages et fermes, et il y a fort à parier qu’elle ne soit l’alliée de quiconque qu’au gré fort variable de ce que, selon telle situation, elle a alors à gagner.

On a toujours dans son entourage davantage besoin d’identités que de n’importe quoi d’autres, et c’est bien là une identité qui refuse à être déclinée : songez à ce qu’espère une telle personne en vous engageant à lui rendre un secret en retour ; songez aussi que celui qui vous fait promettre un silence aussi manifestement inutile n’est qu’un glissement parmi vos proches, et qu’il n’aura aucun scrupule à vous critiquer aussitôt qu’il croira que vous l’avez trahi, et qu’il glissera dans une direction contraire comme il en est vraisemblablement accoutumé. Songez même que cet être, en multipliant autour de lui des serments à la fois si faciles à rompre et dont la rupture est indémontrable, prépare en fait à toute heure les circonstances d’une guerre qu’elle prétendra ouverte par la faute de votre trahison.

Un conseil, quand cette situation de fausse confidence se réalise (car enfin n’est-ce pas toujours une confidence où votre interlocuteur n’a rien à perdre ?), pour lui servir d’antipode, de correctif et d’exemple : aussitôt entendu, allez trouver son cercle, et révélez publiquement que cette personne vous a dit une chose d’importance dont vous tairez le contenu et ne tiendrez pas compte, mais où elle refuse d’être personnellement citée. Les autres se reconnaîtront sans doute à telle manière : c’est qu’ils ont certainement reçu des informations à votre sujet où vous étiez le dindon, de sorte qu’en ne mentionnant que cela, vous les mettrez en légitimité de se demander s’il n’y a pas quelque petite chose qu’elle a dit de leur côté et qui les rend volailles aussi, mais à présent, et certes pour le mieux, des volailles soupçonneuses !

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