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Henry War
28 mai 2021

Pourquoi le vaccin contre le Covid deviendra obligatoire

Ce n’est ni en raison de sa nécessité, ni en souvenir d’un traumatisme réel, ni à dessein de santé publique, ni même au juste par altruisme que le vaccin contre le coronavirus deviendra obligatoire, car il n’y a vraiment aucun motif de penser qu’un virus si peu mortel, pour ne pas dire si anodin, puisse induire des mesures d’une pareille disproportion. Il est vrai que, grâce au vaccin, la tuberculose ou le tétanos aujourd’hui tuent peu en France, mais il s’agit de maladies pour lesquelles on n’a jamais disposé de traitements très efficaces, et leur taux de létalité fut de tous temps si élevé qu’on n’avait pas d’autre moyen de lutter contre eux ; or, le Covid de toute évidence n’a aucun rapport de dangerosité avec la diphtérie ou la poliomyélite.

Alors pourquoi déclaré-je, comme je le prédis ici, que son vaccin deviendra obligatoire, puisqu’une telle décision ne reposerait sur aucun fondement rationnel ? Pourquoi au même titre l’idée d’immunité collective s’est-elle installée s’agissant d’un mal qui nous a essentiellement affligés parce que notre système hospitalier n’a pas su tenir des réserves de personnel et de lits ? Pourquoi l’idée de vacciner des enfants a-t-elle fait si bon chemin en les esprits, alors qu’ils ne développent jamais de formes graves de la maladie, à moins d’une mauvaise santé ? Et pourquoi l’idée d’imposer des masques en extérieur gagna-t-elle si efficacement les mœurs alors qu’ils y sont si manifestement inutiles, et pourquoi encore l’idée de limiter les déplacements s’est-elle généralisée aux personnes saines avec tant de tranquille obéissance ? Tout ceci n’a pas le sens, comme on eût dit autrefois, et pourtant l’on voit des Conseils qui prescrivent des solutions d’une pareille incongruité ; eux-mêmes peinent à s’expliquer, et l’on discerne dans leur argumentaire plutôt une volonté de persuader que de convaincre ; ils souhaitent, mais ils n’expliquent rien ; leur raison semble s’être changée en obstination et en répétition, comme s’ils avaient des motifs cachés d’inciter au vaccin – et c’est cette incapacité rationnelle à se justifier qui est à l’origine de l’impression délétère d’un complot, de réalités indicibles, inavouables et intéressées.

Or c’est uniquement psychologique, voilà tout. Un Français – et probablement de façon plus large un contemporain – est celui qui veut que ses actions soient confirmées par des foules et qui, en contrepartie, se sent soulagé quand il rejoint la foule, parce que c’est tout son critère de vérité, à savoir l’homogénéité de ses opinions au sein de sa société réconfortante. C’est ainsi chez nous que plus le nombre de vaccinés augmente, plus la tension sociale s’accroît sur ceux qui résistent encore à ce bain d’uniformisation forcée, et plus ces derniers sont tentés de se faire vacciner sous l’effet d’une imitation qui ne veut pas s’avouer et qui doit présenter, à la pensée, l’apparence d’une décision spontanée. Or, qu’advient-il ensuite ? Il devient trop inconfortable, pour ceux qui se sentent protégés et validés par des multitudes, de tolérer que subsiste entre eux et autrui quelque différence susceptible de les questionner voire de les humilier : il leur est bien plus commode que la différence disparaisse de façon qu’on n’ait plus à en discuter et que leur propre attitude paraisse le standard de la communauté dans son ensemble, de la société même. Chacun aspire à ce qu’un usage unique établisse un paradigme de pensée, exactement comme l’abolition de la peine de mort a induit progressivement l’adhésion au nouvel état de fait légal. De nos jours, chacun ressent que son geste doit être imité de la façon la plus vaste possible pour induire la paix de l’estime-de-soi, on préfère encore s’enferrer dans l’erreur que reconnaître une faute et admettre une culpabilité produisant l’inconfort, c’est même un principe mental essentiel au contemporain qu’il ressent le besoin que son environnement l’approuve et qu’il n’éprouve jamais le moindre regret pour ce dont il est véritablement responsable. C’est ainsi que même le plus rétif au sein de sa société, sitôt converti et vacciné de guerre lasse, admettra bientôt que chacun doit agir comme lui parce que toute contradiction lui procure l’importunité à laquelle il ne sait répondre par la raison – « il n’y connaît rien », allègue-t-il, surtout parce qu’il n’a pas du tout envie de s’efforcer à y comprendre quelque chose. Or, il suffit de constater dans notre pays qui vote les lois, des boomers, des vieillards, sinon des suiveurs de partis, des gens qui se sont crus les premiers sauvés par la seringue et qui ne sauront permettre, pour leur sentiment de bien-être et de repos, qu’on puisse ne pas les suivre sans se trouver eux-mêmes mal à l’aise et critiqués : ils chercheront donc tous les prétextes intérieurs et explicites pour qu’on ne puisse abîmer leur précieuse paix morale, leur heureuse innocence, leur ferme disposition à conserver leur droit de se croire exemplaires, c’est intrinsèque et profond en le contemporain, il veut que ses décisions « personnelles » soient ratifiées pour rendre extérieure et patente sa justification qu’il ne sait autrement expliquer, et aussi bien l’académie de Médecine a-t-elle déjà rendu ses avis en ce sens, des avis absurdes, des avis anti-scientifiques, des avis irrationnels ! oui, mais cette académie, par qui est-elle occupée ? Par des boomers, des vieillards, des gens presque tous déjà vaccinés qui souhaitent, réclament, et à la fin ordonnent d’avoir été précurseurs même s’ils n’ont aucune certitude étayée : on découvre alors qu’ils ne sont guère plus sensés que le profane, ils créent la vérité par le nombre, leur nombre de partisans est un facteur de confirmation, plus aujourd’hui on est d’accord avec eux plus ils se sentent justes et se prétendent légitimes ! Ils s’enlèveront un tracas, tous, quand ils auront définitivement légiféré sur l’impossibilité légale qu’on agisse différemment d’eux : ce sera bien leur « preuve » qu’ils avaient raison puisqu’ils n’auront plus aucun contradicteur pour les réfuter (et l’on voit quel critère ils estiment le plus pour asseoir leurs « démonstrations » : le nombre qu’ils appellent « consensus »), puisque des usages ainsi répandus de force auront instauré la règle de leur opinion ! Chacun croit savoir que c’est toujours le « progrès » passé en mœurs qui établit la justice d’une pensée, au même titre que la multiplication des robots aujourd’hui est censée prouver qu’on fut bien fautif et ridicule de s’ingénier autrefois contre les machines ; il suffit donc qu’un cercle de plus en plus centrifuge fasse ainsi que vous, et cela prouvera combien vous aviez raison ! D’une certaine façon, toute loi promulguée n’est plus que la confirmation à tout prix d’un sentiment du bien inscrit en soi par certaines pratiques : quand ce sentiment et ces pratiques deviennent majoritaires, alors il n’est plus possible d’y échapper, l’opposant est une nuisance in petto et en tant que tel il rejoint d’office le camp du mal, il faut le conjurer et le résoudre, même par la contrainte s’il le faut.

Et certes, la politique de notre temps n’est pas plus compliquée que cela : prendre en modèle la mentalité moyenne d’un vieillard contemporain à laquelle un élu ne déroge point, et se figurer que sa conduite deviendra des ordres, c’est-à-dire des lois, ce qui ne manque jamais. Bien loin de notre temps et de nos assemblées le mot attribué à Voltaire selon lequel, même en désaccord, il faut lutter pour que se perpétue l’opposant et pour permettre l’altérité, car ni nos sénateurs ni nos députés ne sont capables de lire, et il n’existe parmi eux plus un individu qui, placé à quelques hauteur et recul philosophique, prenne le parti d’une idée de grandeur, d’une idée littéraire, d’une idée distanciée et dépassionnée, démise des intérêts propres, comme celle de la liberté universelle. Seulement, ils s’imaginent comme les Français que tout ce qu’ils font même sans réfléchir doit s’accompagner d’une bonne conscience, et ils interdisent donc toute pratique qui contredit les us et les coutumes d’une majorité qui leur ressemble, de sorte que la noble pensée œcuménique de liberté des consciences s’est mutée en liberté d’imposer à tous sa bonne conscience. C’est ainsi qu’on fait le Code chez nous, même de moins en moins finement. Mesurez le médiocre ambiant, entendez comme la contradiction le blesse, et avisez aux moyens pour qu’il n’entende plus la discordance qui l’agace d’impuissance et pour qu’il évacue toute espèce de culpabilité, pour qu’il n’endure plus un soupçon. Cela s’appelle, à notre époque, faire de la politique ou plutôt : prévoir la prochaine loi. C’est ainsi, et pas autrement, surtout pas en songeant avec une belle ardeur à ce qui constitue un progrès collectif ou une réforme utile à améliorer notre espèce ou nos institutions, qu’on peut aujourd’hui deviner quel fruit adviendra de nos assemblées : comme le passeport sanitaire que le gouvernement désavouait tout d’abord et probablement avec sincérité avant de se plier à la pression morale et interne d’une sorte de « foule en eux-mêmes », le vaccin anti-Covid sera obligatoire, non parce qu’il servira à quelque chose, mais pour l’unique raison que les vaccinés de plus en plus nombreux n’admettront pas qu’on puisse les contester et attenter à leur « bien », à leur sensation de sécurité surtout morale, en agissant différemment d’eux, même à part et sans les contester publiquement c’est-à-dire rien qu’en existant. Et voici en somme ce qu’est devenue notre vision, notre version, simplifiée par stupidité, de la démocratie : annuler le débat en entérinant l’unanimité.

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Commentaires
A
Si l'on demande à un moderne : "Oû étais-tu à l'heure du crime ?", la réponse est : "J'étais sur le lieu du crime." Et cela signifie : dans le périmètre de ce monstrueux global qui inclut ses complices par l'action et ses complices par le savoir. La modernité, c'est le renoncement à la possibilité d'avoir un alibi."<br /> <br /> Peter Sloterdjik <br /> <br /> Prendre position et témoigner.
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J
Je pense qu'il y a assez de soi-disant «spécialistes» qui envahissent les médias, ce n'est pas la peine d'en rajouter sur les blogs, ce n'est que participer à l'accumulation des avis, même si, bien évidemment, on se croit, vous vous croyez pertinents. Parlez d'autre chose, aussi vainement peut-être mais au moins sortez du sujet covid archi-rebattu... (soupir)
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