Condition du respect dans un couple

Dans un couple, chacun conserve son respect de l’autre tant que ce dernier applique ses conseils : s’il ne les applique pas, le respect le quitte par degrés. Chaque fois que l’un fait état (à plus forte raison se plaint) d’une situation-problème sans tenir compte des recommandations de l’autre pour la résoudre, celui-ci entame ou poursuit nécessairement quelque condescendance antipathique ou quelque empathie pitoyable qui excluent aussi bien le respect. Alors, même les réconciliations d’artifice – comme des excuses ou un acte sexuel – ne font qu’entériner le litige par strates et l’installer en profondeur sans résoudre l’image du conjoint, parce qu’on s’aperçoit qu’on peut insincèrement produire des preuves d’amour. Un silence de sous-entendus accueille toute mention ultérieure du problème, silence qui signifie : « J’ai fait mes raisons que tu n’as pas entendues ; tu n’as déjà pas eu la sagesse de m’écouter. Je ne puis t’approuver. Tu soulèves, quoi que je dise, mon mépris ou ma pitié. » On ne saurait vraiment respecter quelqu’un qui pour de grandes ou de petites choses a manifestement tort et se montre incorrigible.

Dans un couple, il ne faut jamais exposer un désaccord sans le résoudre sur-le-champ par une proposition également satisfaisante aux deux partis. La concession si elle est sincère – mais c’est rare, la concession étant en général l’expression d’une moitié de défaite et d’erreur à laquelle chacun consent de son côté – est un moyen de ne pas altérer le respect. Mieux : comme je ne doute pas que pour n’importe quelle difficulté une solution soit optimale, il me paraît que deux individus comme moi, je veux dire extrêmement raisonnables, pourraient s’entendre et ne pas se déconsidérer, parce qu’aucun ne concevrait qu’un argument mitigé, qu’un compromis, puisse constituer une solution présentée comme définitive et sûre, si bien que les deux ou bien seraient d’accord sur un remède certain, ou bien seraient d’accord sur ce que le remède qu’ils proposent n’est pas certain – en quoi le meilleur moyen de ne pas se mépriser est de se tenir à la hauteur de la plus impartiale et irrécusable vérité. Autre moyen simple : à l’audition d’un problème du conjoint, ne pas donner de conseil du tout : ainsi, on est sûr qu’il n’y dérogera pas. On peut également décider de ne jamais soulever un problème en sa présence, en appréhendant qu’il n’y trouvera qu’une solution absurde qu’on ne suivra pas et dont la désobéissance nous en fera mépriser.

Personnellement, comme je n’escompte jamais que mon épouse sera de mon avis ou que je serai du sien, on devine de quel conseil je tire mon attitude… C’est aussi que je ne crois pas en l’existence d’un problème que je ne puisse résoudre tout seul.

Comments

[:-D]

Qu'en est-il du respect au sein d'un couple blogueur/commentateur ?