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Henry War
11 février 2022

Covid versus Important

Ce qui assurément m’isole de la majorité de mes Contemporains à l’occasion de cette « crise sanitaire », ce n’est pas quelque menu désaccord sur la question légère de savoir s’il vaut mieux être un peu malade ou bien forcé à la seringue attaché et bâillonné sur une chaise, c’est plutôt le sentiment, irrépressible en moi, que le Covid est une préoccupation vraiment minable et honteuse, indigne d’un homme. Qu’un virus assez inoffensif, qui tue des personnes de plus de 80 ans en moyenne, s’installe dans le monde pour surtout gratter des gorges, voilà qui ne fut jamais suffisant pour provoquer mon implication autant que cela y parvint pour des millions de compatriotes. Ce m’est toujours resté un sujet dérisoire, secondaire et vil, comment dire ?… Il faudrait, pour vous en transmettre mon impression, que vous vous figuriez méditer comme moi constamment et inlassablement par exemple sur tel manifeste artistique, sur telle conception politique et sociale, ou sur telle catégorie morale applicable à l’homme moderne et susceptible d’influencer ses tendances et ses mœurs, pour ressentir une idée, encore qu’assez faible puisque abstraite, de ce que peut signifier, pour un esprit pas même grand mais simplement curieux, une insignifiance comme le Covid-19.

Vraiment, un être un tant soit peu occupé à une pensée, je ne dirais pas philosophique mais conséquente, ne saurait y trouver rien de préoccupant, constatant uniquement que des gens meurent à l’âge où ils sont censés mourir, et il n’entend pas cette agitation qu’il attribue à des citoyens qui s’ennuient et qui trouvent profit à amplifier des anecdotes et à généraliser leurs phobies. C’est plus définitif que vous ne l’imaginez probablement : vous ne sauriez concevoir, je crois, à quel point l’idée de ma propre mort m’est déjà sans intérêt, y compris quand je suis très malade ; j’exclus tout nettement la conception que la santé ou même que la vie soit un souci pour lequel il faille importuner du monde et occuper beaucoup d’intelligences. Je suis toujours à peu près effaré de découvrir des êtres qui ont peur de mourir ou de tomber malade en dépit du très peu qu’ils sont, et je dois, pour essayer de les comprendre, me fondre en une personnalité médiocre et opposée à la mienne. Dans mon état normal, j’ignore comment cela peut obnubiler tant de temps, au même titre exactement que si je vous enjoignais à vous mettre à la place de celui qui s’inquiète que le bronzage est lent à venir et qui suppose que toute la société doit se mettre en action pour lutter contre ce fléau terrible. Je promène en permanence ma pensée sur des considérations lointaines et complexes, je m’efforce à cerner avec pénétration les ressorts infinis de l’art et les motifs de notre monde jusqu’à tâcher d’en augurer l’avenir, et, à cet instant, un quidam me réveille de ma rêverie profonde, présentant l’air ahuri et évanescent de ceux que rien ne concerne plus que leur bulletin astrologique, et il me dit : « Jusqu’au tant février, il est nécessaire de porter le masque à l’intérieur, autrement on risque le Covid et une amende bien méritée ! »

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