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Henry War
22 décembre 2023

Cause principale des divorces

Si la femme qui divorce est une Contemporaine caractéristique ayant vécu avec son mari environ une dizaine d’années, et si, comme je le pense selon les lois psychopathologiques, elle ne sacrifie en général l’époux que dans l’assurance de conserver ensuite une situation favorable, alors, ainsi que cela se vérifie en majorité, il s’agit d’une femme qui dispose d’un amant et avec lequel elle a prévu ses départ et concubinage. Il n’est guère admissible en effet qu’une personne actuelle renonce à un confort, à moins que sa situation ne lui provoque un inconfort trop grand, auquel cas elle croira gagner au change à abandonner son état normal, et c’est pourquoi souvent la divorcée a anticipé avec l’amant une échappatoire-de-profit. Elle conçoit une opportunité en la relation nouvelle qu’elle organise en couple réinitialisé, et elle peut à son avantage dissimuler avec coquetterie ce qu’elle ne peut plus ni n’a d’intérêt à masquer à son mari, les incommodités et les grossièretés, la façon domestique de le traiter en subalterne, ses odeurs et ses ronflements, ses tenues trop pratiques, ses ridicules et ses impolitesses, tout ce par quoi au quotidien un mari est commode parce qu’il ne réclame nul soin ni apprêt, subissant tout sans exiger de corrections. Elle se comportera avec l’autre en minauderies flatteuses, s’habillera avec sensualité, réalisera des rendez-vous plaisants, fellatera lascivement et offrira son corps avec lubricité, et, après le sexe, présentera en conversation son existence avec le maximum de distinction et de pudeur qui ne lui coûteront guère sur un temps si court, et, notamment, manifestera et atténuera les façons que l’époux sait lui déceler pour vantardises et affectations, autant de défauts inaccessibles à l’amant qui n’apparaissent que dans l’entretien répété et n’importunent que par promiscuité.

La femme (qui a prétendu que l’homme non ?) réinvente les atouts de sa personne parce qu’elle se sait trop connue d’un homme, et c’est justement par où cet homme l’insupporte, en ce que ses regards la rappellent incessamment aux efforts qu’il faudrait concrétiser et auxquels elle ne consent plus, en quoi c’est un homme qui l’humilie constamment et qu’elle préfèrerait ne plus côtoyer. Elle devine toujours un peu ce qu’elle devrait faire, les distinctions qui lui manquent, les faiblesses et la négligence qui à la caractérisent, autant de failles qu’elle peut se contenter de résister de commettre durant les heures qu’elle voit l’amant ; ce dernier d’ailleurs est de prévention meilleure, il la considère parce qu’il ne la connaît pas, il la trouve ce qu’elle n’est pas, il la surestime peut-être parce qu’il aspire lui-même à être surestimé, elle se sent libre de montrer d’elle ce qui l’arrange, ce qui ne lui réclame pas d’attention assidue parce qu’elle ne voit l’amant que par intervalles selon des durées assez courtes. Non, elle ne veut pas, refuse de se réinventer, le travail à quelque terme lui est décidément exclu, mais elle peut illusionner temporairement un autre homme – autant dire un homme moindre, d’un discernement médiocre – en véritable maîtresse que sa nouvelle célébration valorise, de sorte que, sans avoir changé, elle acquiert le mirage d’un renfort de ses vertus, se croit rajeunie de ce regard dupé qu’un autre pose sur ce qu’elle affecte avec plus d’efficacité qu’en son foyer où, faute de nécessité et parce qu’elle est déjà percée, elle a abandonné toute mascarade (hormis le peu de discrétion qu’il faut pour entretenir un amant), tandis qu’elle n’a fait que s’adapter à un « public » de faible qualité et qui est plus porté à l’admirer, à une audience complaisance et candide, à un amant qui l’aime parce qu’il ne sait d’elle que ce que par degrés plus parcimonieux elle est disposée montrer.

C’est, je crois, le processus habituel, quoique jamais publié, du divorce contemporain : l’un est resté à quelque niveau initial ; l’autre qui s’est abaissé par comparaison, trouve que l’un ne le vante pas assez, c’est pourquoi, au lieu de se réformer, l’autre va chercher, en un jugement moins habitué, à se reforger un mystère et une allure. Il ne s’agit point de s’améliorer, mais de recommencer une séduction au rudiment et d’essayer si possible de la maintenir en la relative offuscation des défauts les plus prégnants, ceux que le mariage avait progressivement dévoilés et qu’on s’était peu à peu lassé de cacher parce que la « tenue » coûtait trop cher à garder au quotidien, tout ce simulacre dans l’espoir que le nouveau couple ne dégénèrera pas comme le précédent dans grande connaissance de l’autre qui se négligera. Or, pourquoi voudrait-on qu’il n’advînt pas encore ce qui s’est produit avec le premier ? Bonne question, à laquelle je réponds : parce qu’avec la volonté têtue de ne pas s’être trompé une seconde fois, ainsi qu’avec dix années de plus marquées dans l’esprit et au corps, il n’y a guère lieu de supposer que cet autre, homme ou femme, retrouvera aussi aisément un amant avec lequel il ne craindra pas une nouvelle fois d’admettre que sa conscience est entachée d’un vice ni de renoncer aux avantages de son couple. Autrement dit : après le sentiment de sa seconde chance et certaines déficiences incorrigibles devenues trop visibles, il n’y a plus d’opportunité d’un rattrapage, et il faut se résoudre, ou vivre seul en moins bonnes conditions. Alors, le moment de flatter sa propre personne et de croire à son renouvellement étant passé, à défaut d’occasions propices, la tentation de remettre en jeu la situation établie doit aisément se maîtriser : j’imagine qu’à cet âge on trouve d’autres projets pour avantageusement se tourner vers l’avenir, un club de yoga ou quelque dépense superflue…

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